Une brassée de roses pour Mme Martin

Dans une interview à Ouest-France, Mme Martin fait son bilan de son mandat de maire. Elle a tout bon ! Elle se décerne une brassée de roses pour ses 6 années ; tout irait bien sans les épines cruelles d’une opposition insupportable, de commerçants sans dynamisme, d’une administration tatillonne qui freine les projets…

Pourquoi reparler de cet article ?

Ma première réaction a été celle de Chirac : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ». Mais plusieurs de mes amis m’ont dit que je devais remettre quelques pendules à l’heure. D’autant que bien des gens ont été choqués par la teneur de cette interview.

Un bilan presque parfait ?

Avec le culot qui la caractérise, Mme Martin affirme « par rapport à notre programme de 2014, on a dû tout réaliser ». Elle aurait dû relire les documents qu’elle a diffusés en 2014 (à voir en fin d’article)… et les confronter avec la réalité de maintenant. Ce que, par exemple, Maxime Picard a fait dans une série d’articles sur Questembert Créative et Solidaire. Il en donnait la synthèse sous le titre Leur bilan, un récapitulatif.

Avec une discrétion de violette, elle reconnaît cependant avoir « continué ce que [ses] prédécesseurs avaient commencé. » Une modestie qui contraste avec ce qu’on avait entendu lors de la cérémonie des vœux. Voir l’article Des voeux municipaux à l’Asphodèle.

Le centre-ville

Faire vivre ou revivre un centre-ville, c’est compliqué. Il faut réussir à mettre tous les acteurs autour de la table, et ce n’est pas facile. La municipalité de Mme Martin semblait pourtant avoir des atouts pour y parvenir : un soutien appuyé de certains commerçants et deux membres importants de l’UDEQ sur sa liste. Un adjoint déclarait même au conseil que désormais Questembert était une ville amie des commerçants…

Redynamiser un centre-ville est une tâche difficile, mais alors pourquoi la ville de Questembert ne s’est-elle pas engagée dans les appels à projet lancés par l’Etat et la Région sur l’attractivité des centre-villes ? Dans son article Parlons d’urbanisme, Jeannine Magrex expliquait :

« Mauron, Josselin, et plus près de nous La Vraie-Croix et Noyal-Muzillac ont présenté des dossiers et obtenu des financements importants. Voir ici la liste des derniers projets retenus au 3 juillet 2019. Et citons quelques chiffres :

  • Mauron 700 000 euros
  • Noyal-Muzillac 657 000 euros
  • Lesneven (7250 habitants) 1 100 000 euros

Mais pour bénéficier de ces fonds, encore faut-il présenter des projets ! Pour les préparer (les études sont financées aussi !), la commune aurait pu s’appuyer sur le CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) ou sur l’EPF de Bretagne, ou encore sur l’association BRUDED. (A voir ici, l’expérience menée à Allaire). Mais non, rien n’a été fait dans cette direction… « 

Et si ça ne va pas trop bien, c’est la faute aux commerçants!

Les fonctionnaires !

Avec une naïveté déconcertante, Mme Martin nous dit qu’elle et ses amis ont dû changer de regard sur le personnel communal… Oui, quand ils sont arrivés, ils croyaient que les fonctionnaires territoriaux n’étaient qu’un ramassis de feignasses et de planqués ! Une anecdote : l’un d’eux, qui a muté vers une autre collectivité, m’a raconté récemment l’arrivée d’un adjoint dans son bureau : « ah, c’est donc ici qu’on ne fiche rien »!  Etonnez-vous après que la ville a vu partir des hommes et des femmes compétents et fortement engagés dans l’action collective. Sans parler du DGS viré sans ménagement.

La communauté de communes

A leur arrivée, Mme Martin et ses amis bénéficiaient d’un préjugé favorable : un poids lourd d’une commune voisine leur avait apporté son soutien dans la préparation des élections, et plusieurs élus se sentaient plus proches politiquement (oui, Mme Martin qui est apolitique n’est pas de gauche!) Mais très vite, elle a agacé ses partenaires, et elle a fini par se faire détester. Un fait éclairant : suite à la démission d’André Fégeant, le conseil de communauté a élu un nouvel exécutif ; sur une vice-présidence s’affrontaient M. Heude, premier adjoint de Questembert et Patrice Le Penhuizic, maire de Lauzach, écarté de l’exécutif en 2014 parce que trop à gauche. Le résultat a été sans appel : Patrice Le Penhuizic a obtenu 28 voix, M. Heude seulement 8, dont celle de ses co-listiers questembertois …

L’opposition

Evidemment, tout aurait été parfait s’il n’y avait pas eu une opposition méprisante et donneuse de leçons. Ben oui, l’opposition, ça s’oppose ! Et ça expose des points de vue différents, quelquefois appuyés sur une bonne connaissance des dossiers et une belle expérience des affaires municipales. Une expérience qui manquait cruellement aux élus novices de 2014…

Au soir du 30 mars 2014, j’avais fait une brève déclaration, dont je retiendrai une seule phrase : « J’aime trop ma commune, j’aime trop Questembert pour souhaiter votre échec ». Sans doute était-ce un peu trop subtil pour certains supporters de Mme Martin, puisque cette simple phrase a déchaîné des huées chargées de haine.

Tout au long du mandat, avec mes collègues, nous avons subi les rebuffades de Mme Martin et de ses colistiers. Et beaucoup se souviennent de la soirée où notre collègue Gérard Launay a annoncé sa démission : Mme Martin manifestant son agacement, tentant de l’interrompre, laissant ses supporteurs entretenir le brouhaha dans la salle et, à la fin, pas un mot pour remercier Gérard Launay de son engagement sans faille au service des Questembertois.

Mme Martin nous dit qu’elle quitte sa fonction sans regret… Un sentiment partagé, je crois bien.

Les promesses du Nouvel Elan en 2014