Majorité et opposition au conseil municipal

Le nouveau conseil municipal sera installé lundi 25 : Boris Lemaire et son équipe vont se retrouver à la tête de notre commune. C’est le moment de se rappeler le slogan de leur campagne : Construisons ensemble notre territoire. La volonté de travailler collectivement se traduira aussi dans le fonctionnement du conseil municipal, j’en suis persuadé, et cela se verra aussi dans la relation avec les 4 représentants de la liste de Mme Danilo et les 2 élus de la liste de M Poeydemenge. Car, s’il y a des divergences de vues, en démocratie, nos adversaires ne sont pas nos ennemis.

Donner toute sa place aux élus de l’opposition

Le système électoral accorde une majorité solide à la liste qui a remporté l’élection, ce qui lui permet de mettre en œuvre son projet, son programme, mais cette majorité – même approuvée par 57 % des électeurs – ne peut pas, ne doit pas considérer comme quantité négligeable les autres élus qui représentent 43 % des votants (26 % et 17%). La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité, écrivait Albert Camus en 1951.

Le nouveau conseil va sûrement constituer des groupes de travail, commissions, comités consultatifs, etc. Il importe que ces groupes couvrent la plupart des aspects de la vie municipale et que les minoritaires y soient représentés. Évidemment, si les comités sont ouverts aux citoyens non élus, il faudra qu’ils soient divers et représentatifs le plus largement possible. Et même on peut tout à fait imaginer que des élus de l’opposition soient invités à prendre en charge le pilotage de certains sujets, comme dans le mandat 2008-2014, G. de Kerangat avait conduit la réflexion sur la restauration de l’Hostellerie Le Guennego.

Ce sont là des évidences, mais je peux rappeler que, dans le mandat qui s’achève, nos élus ont été éjectés sans ménagement de l’OMS et de l’Office de la Culture et des Loisirs ! Gérard Launay en parlait le jour de sa démission du conseil (Gérard Launay quitte le conseil municipal à lire ici).

Si commissions et groupes de travail sont nécessaires, il ne faut pas oublier que les séances du conseil municipal – malgré leur aspect rituel – sont des moments clés de la vie démocratique de la commune. Raison de plus pour revenir à des réunions mensuelles, avec des questions plus ouvertes, sans se contenter des délibérations formellement nécessaires. Sinon, ça donne des réunions pour pas grand chose, comme ici. Là encore, la parole des élus minoritaires doit être entendue et respectée ! C’est la responsabilité du maire qui assure la police des débats de permettre l’expression des opposants sans qu’ils soient interrompus par des quolibets. Il est vrai que Mme Martin elle-même n’a pas toujours donné le bon exemple. Lire ici la chronique de Maxime Picard Dur d’être une opposition constructive.

Etre un bon opposant, l’honneur de la vie démocratique

Je n’ai pas de doute que Boris Lemaire saura respecter les élus minoritaires. Mais la fonction d’élu d’opposition comporte aussi des exigences. Et d’abord de se dire que l’échec, s’il advient, du projet municipal sera aussi un échec pour la commune, et, tout adversaire qu’on soit de ce projet, on ne peut pas souhaiter l’échec de sa commune.

Ayant vécu cette expérience d’élu d’opposition (entre 92 et 95 – c’est loin ! – et de 2014 à 2019), je m’étais donné une ligne de conduite et je m’y suis tenu. Oui, être opposant, c’est défendre pied à pied ses positions – par exemple sur les Festives Halles, sur la fermeture du https://www.questembert-creative-solidaire.org/Finances-fin-du-camping-nouvelle,1404.htmlcamping – mais c’est aussi se tenir éloigné du dénigrement systématique et de la démagogie. Je m’en suis expliqué dans cet article de Questembert Créative et Solidaire : Après la défaite, être élu d’opposition.

Un bon moyen de résister à ces facilités est de s’informer et de se former. Je me permets de rapporter une anecdote : au début du mandat de 2008, j’avais proposé à tous les élus de participer à une formation sur la Communauté de communes, formation proposée par l’ARIC, association pluraliste d’élus, et un seul des élus d’opposition avait cru bon d’y participer. A la fin de la journée, il s’approche de moi et me dit : « Mes collègues auraient bien fait de venir, ils auraient appris des choses et cela éviterait de dire des c… ries. »

La formation et l’information permettent de construire un socle de connaissances communes : après, chacun défend son point de vue, ses options, mais sur des réalités partagées.

Le maire et la municipalité sont tenus de communiquer les informations à tous les élus, et d’ailleurs, la plupart des données sont aussi accessibles à tous les citoyens. Un bon citoyen aussi doit être informé ! (Cela évite les affirmations péremptoires et infondées qu’on entend au comptoir des bistrots ou qu’on trouve sur les réseaux sociaux!)

Une lecture pour aller plus loin

L’article du Courrier des maires date un peu (2012), mais il reste toujours utile à consulter pour bien comprendre le rôle de l’élu minoritaire.