Conflits : démissions, retraits de délégation, etc.

Pas un jour sans que la presse locale – mais pas que la nôtre – annonce la démission d’un(e) élu(e) d’un conseil municipal. Souvent avec des raisons banales. Mais souvent aussi, cela révèle au grand jour des tensions qui couvaient depuis des mois. Le maire est mis en minorité, sommé de démissionner par les membres de sa propre liste, ou bien encore, un adjoint se voit retirer sa délégation.

(image DNA https://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2012/05/05/la-democratie-participative-vire-a-la-foire-d-empoigne)

NB : j’emploierai le mot élu au masculin de façon générique, n’étant pas très à l’aise avec ce qu’on appelle l’écriture inclusive.

Quelques exemples tirés de la presse

Pour ce dernier exemple, il est intéressant d’aller lire l’article complet ici. Il nous donne quelques pistes pour comprendre pourquoi il y a tant de tensions dans les conseils municipaux élus en 2020. Sans négliger d’autres explications comme celles-ci.

Déménagement, changement de vie, etc

Passons rapidement sur la situation, la plus commune heureusement, de l’élu qui déménage trop loin, ou dont les conditions de vie changent radicalement au point de l’empêcher de remplir le mandat. Rien à dire à cela, c’est même mieux de démissionner quand on sait qu’on n’y arrivera pas. Un peu plus ennuyeux, si on avait mis sa maison ou son commerce en vente et projeté de s’en aller avant même de se présenter aux élections.

Malheur aux vaincus ?

Les démissions sont fréquentes aussi chez les élus minoritaires des listes battues aux élections. Souvent même, le chef de file, s’estimant désavoué définitivement par les électeurs, se retire de la vie politique locale, à l’instar du retrait du Lionel Jospin après son échec du 21 avril 2002. C’est sans doute regrettable, mais aussi compréhensible. Je crois cependant plus utile, malgré l’amertume de la défaite, d’assurer la continuité pour soutenir la formation d’une nouvelle équipe autour des valeurs auxquelles on croit. Il est vrai que la situation des élus minoritaires est parfois difficile, si l’exécutif refuse le dialogue et l’échange.

Cependant, les élus minoritaires, quoi qu’il arrive, ont intérêt à exposer clairement leur position, à interpeller la majorité, à faire des contre-propositions… A condition bien sûr qu’ils s’appuient sur des bases solides, sur une bonne connaissance des dossiers. Et qu’ils se tiennent loin de la démagogie et du dénigrement systématique.

Tensions internes dans les majorités

S’il n’est pas surprenant que les élus minoritaires soient peu satisfaits de leur situation au point qu’ils préfèrent se retirer, les conflits qui se font jour dans des majorités en place depuis si peu de temps ne manquent pas de surprendre. Quelques pistes de réflexion.

Des zappeurs ?

Un temps (très bref) intéressés par l’action au niveau de la commune, ils se lassent bien vite de ces multiples réunions qui paraissent ne pas avancer, de ces séances de conseil municipal où il faut voter l’indemnité de gardiennage de l’église ou celles des piégeurs de ragondin, les multiples avenants au marché global de restauration de l’école, un chantier où la décision politique – le vrai débat – a été prise depuis longtemps. Et c’est encore pire lorsque la présentation des dossiers se réduit à la lecture des projets de délibération : si on a préparé la réunion, on a déjà tout lu, donc une synthèse rapide suffirait. Ou bien lorsque les questions posées reflètent l’ignorance du dossier ou des règles qui s’imposent : il y a des formations pour les élus… Alors, on zappe, on passe à autre chose. Sans laisser du temps au temps.

Des frondeurs ?

Bien sûr, il y a ceux qui ont cru que leur point de vue allait prévaloir sur tous les autres, qui considèrent que le maire, ou globalement l’exécutif, trahissent les engagements. Ah, les traîtres ! Les alliés d’un jour deviennent des procureurs, ils appellent à la démission, à la révocation de ceux qui sont devenus sourds à la cause du peuple. Et, comme dans les vaudevilles, les portes claquent.

Un projet mal partagé?

Les tensions qui se font jour sont aussi l’indice d’un projet mal partagé et, par conséquent, d’une liste mal construite, constituée de bric et de broc, sur des bases fausses. Prétendument participative, elle se révèle fabriquée pour propulser une candidature fondée sur l’ambition personnelle. On la croyait fondée sur une connaissance des attentes des citoyens, des réalités locales, elle se révèle complètement hors sol, décalée par rapport à la vie des habitants. Quand les yeux se dessillent, la réalité éclate… et la liste se délite.

Heureusement, il reste des équipes solides, soudées par un projet bien construit, où le débat peut être vif et, malgré tout, aboutir à une décision collective fondée sur le bien commun.

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