Brûler les radars revient à la mode dans notre région. Celui de Molac avait été incendié au mois d’août ; remis en service il y a quelques semaines, il a été détruit les jours derniers. Un exploit, qui serait un acte de protestation, sinon de résistance contre le racket de l’Etat. Vraiment ?
Du pur vandalisme
Inutile de se voiler la face, c’est très désagréable de recevoir un avis de contravention pour excès de vitesse. Mais pourquoi la vitesse est-elle réglementée ? Pourquoi est-elle limitée ici ou là ? La première raison est la sécurité des usagers, les automobilistes… et les autres. Curieusement, la question de la vitesse des véhicules revient dans presque toutes les réunions de quartier : « Ça roule trop vite ! Les gens (comprenez les autres) ne respectent pas les limitations de vitesse ; on a peur… ». Les limitations de vitesse, modulées selon les routes, ont permis de réduire fortement le nombre de blessés et de morts dans les accidents : 18000 morts (à 30 jours) en 1972, 3167 en 2023. Le graphique ci-dessous montre bien cette évolution du nombre de victimes, alors même que la circulation augmentait massivement.

Mais il ne suffit pas d’édicter un règle, il faut encore se donner les moyens de la faire respecter. Les radars ont largement remplacé la police de la route, même si la gendarmerie exerce encore des contrôles de temps en temps. Les radars eux sont là en permanence.
Leur utilité est incontestable et les détruire, les endommager n’est rien d’autre que du vandalisme.
Les sanctions pour le vandalisme
Le vandalisme est un délit qui relève des articles 322-1 et article 322-2 du code pénal. Il entraîne donc inscription au casier judiciaire :
I. - La destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende, sauf s'il n'en est résulté qu'un dommage léger.
Et voilà que les mêmes ou presque qui réclament des sanctions exemplaires, les plus lourdes, pour les graffitis, les dégradations aux toilettes publiques, voudraient qu’on soient indulgents pour ceux qui mettent le feu aux radars de circulation. Ils vous jetteraient en prison pour un pot de fleurs renversé et réclament un brevet de résistance à la tyrannie de l’État quand ils détruisent un outil de sécurité publique.
Les radars, une pompe à phynances ? Non
Ils dénient l’efficacité des radars pour réduire les accidents de la route. En dépit de toutes les études sérieuses, ils vous expliquent que le gouvernement est obnubilé par le facteur vitesse et manque son objectif de réduire la mortalité routière pour ne s’intéresser qu’aux radars et à l’argent qu’ils rapportent. Voici par exemple un commentaire qui vient en soutien aux résistants de l’ombre sur un article des infos du pays gallo : « Ces radars ne servent pas a la sécurité routière, mais au racket fiscal. »
Évidemment, pour quelqu’un qui accepterait de s’informer, il est facile de trouver combien rapportent annuellement ces radars et comment cet argent est utilisé. Ouest-France en a parlé dans cet article Les radars automatiques ont 20 ans : mais où les 12,5 milliards d’euros récoltés sont-ils allés ? dont voici quelques lignes : La sécurité routière, organisme public, souligne que l’essentiel des recettes des radars est fléché vers la lutte contre l’insécurité routière. Soit pour financer la Sécurité routière elle-même (316 millions d’euros en 2021). Soit pour investir dans les infrastructures de transports (273 millions) et dans les équipements de santé, impliqués dans la prise en charge des blessés de la route (26 millions). Les collectivités locales, qui ont la responsabilité de l’entretien des routes départementales et communales, perçoivent elles aussi leur part (145 millions). Tandis le montant consacré au désendettement de l’État s’est élevé à 99 millions d’euros, soit 12 %.
Le graphique ci-dessous permet de visualiser les proportions.

Et un radar détruit, combien ça coûte?
Pour remplacer un radar, il faut compter entre 60 000 et 200 000 euros! Qui paie? C’est la société de maintenance ayant remporté le marché public qui gère l’entretien de la machine et donc les éventuelles réparations. Mais c’est payé par la Sécurité routière qui y consacre une une partie des amendes des radars automatiques. Mais il faudrait ajouter le coût de l’intervention des sapeurs-pompiers qui sont appelés pour maîtriser l’incendie, et encore toutes les dépenses presque invisibles (temps d’enquête de la gendarmerie, des services de la justice).
Bien sûr, ces courageux résistants ne pensent pas à tout ça…