« Les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut. » Une formule facile, mais qui, souvent, ne résiste pas à l’analyse. Sans aller jusqu’à faire réciter la table de 1, les chiffres des comptabilités locales sont transparents, contrôlés en interne, mais surtout visés par les services du ministère des Finances, la DGFIP (Direction Générale des Finances Publiques) qui se décline au niveau local par la DDFIP. Le vote du compte administratif (qui retrace l’ensemble des dépenses et recettes d’un année) en est la validation, et les conseils constatent en même temps la stricte concordance entre le compte administratif et le compte de gestion qui est produit par le comptable public. S’il y avait des doutes sérieux, la Chambre régionale de comptes interviendrait, comme elle l’a fait récemment pour Guemené-sur-Scorff.
Le droit à l’appréciation politique
Sans mettre en doute la sincérité des comptes, les élus du conseil peuvent évidemment exprimer leurs désaccords : la gestion de Monsieur le Maire devrait s’orienter dans d’autres directions, comme réduire les dépenses (mais sur quel poste?), accroître les recettes (quels impôts ? quelles subventions à rechercher?). Clairement, les élus sont en droit de contester les orientations retenues et d’en proposer d’autres. Reste que les données de la comptabilité sont une sorte de juge de paix, un socle qui permet d’asseoir un débat proprement politique ?
Des abus de langage aux imputations injurieuses
Si l’on veut parler de dérive budgétaire, il faut si possible s’appuyer sur un argumentaire solide : dépenses inconsidérées, recettes effondrées, baisse dramatique de la capacité d’autofinancement, etc. Sinon, c’est un abus de langage, les mots n’ont plus le sens commun. Mais lorsque vous entendez, comme récemment, que les chiffres sont faux, vous vous dites que l’accusation est gravissime. De deux choses l’une, ou bien, ceux qui produisent ces chiffres, les élus et les services, sont incompétents ou bien, ils mentent, ils manipulent les chiffres.
Pour ma part, je n’ai pas été attaqué de cette façon, et, quand j’ai été élu minoritaire, je n’ai jamais dit, ni pensé que les élus en place pouvaient tomber sous ces critiques ; et pourtant, j’ai contesté fermement les choix qu’ils faisaient.
Abîmer la démocratie
Lancer de telles accusations contribue à saper la confiance des citoyens dans leurs représentants, qui, dans leur immense majorité, sont parfaitement honnêtes. Ils sont aussi conscients de leurs compétences… et de leurs limites : ils défendent leurs convictions mais ils savent s’appuyer sur des collaborateurs efficaces et bien formés. Dans les temps troubles que nous vivons, nous avons tous besoin de repères solides, et non d’imputations fallacieuses qui abîment la démocratie.