« Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Saint-Exupéry ? Non, encore une citation apocryphe, qui, probablement, nous vient des peuples premiers du Canada. Peu importe sans doute ; car ce qui compte, c’est que, désormais, nous ayons pris conscience que nous ne pouvons plus continuer à dépenser plus de ressources que n’offre notre planète.
Le jour du dépassement
Cette année, le 28 juillet, jour du dépassement : l’humanité avait utilisé l’ensemble des ressources que la planète peut régénérer en une année. Le calcul vaut pour l’humanité toute entière. Si l’on applique ce calcul à la France seule, nous avions atteint le jour du dépassement le 5 mai ! Nous faisons bien mieux que les Etats-Unis qui ont atteint la date fatidique le 13 mars. Piètre consolation : si tous les humains vivaient comme nous, il faudrait 2,8 Terres pour renouveler les ressources planétaires.
Ci-dessous, une vidéo Ouest-France pour expliquer
Une prise de conscience, lente, mais réelle
Bien sûr, la relative pénurie de pétrole, de gaz, liée à la guerre en Ukraine et, par suite, l’augmentation des prix de l’énergie ont contribué à cette prise de conscience. N’empêche : la consommation d’électricité, par exemple, a baissé de près de 10 %, la pratique du covoiturage s’étend, le recours au vélo, le choix de la marche remplacent partiellement la voiture. Il semble que nous soyons aussi plus attentifs à la température de nos logements : rester à 19° au lieu de surchauffer.
On accepte mieux le discours sur la nécessaire sobriété énergétique, même si l’idée de réduire la vitesse de 130 à 110 sur les autoroutes provoque encore beaucoup de réactions peu rationnelles.
J’ai constaté par expérience que de baisser ma vitesse de 90 à 80 m’avait permis de réduire de 10 % la consommation de ma voiture, une économie d’environ 200 € par an, variable en fonction du prix du gazole. De multiples études confirment cette approximation, comme celle que présente ici le site spécialisé Caradisiac.
Les comportements changent… un peu
Le changement commence à se faire dans nos têtes, mais les pratiques quotidiennes résistent. C’est tellement facile de sauter dans sa voiture pour aller chercher sa baguette, par exemple. Et puis, il y a tant de contre-exemples ! La gloutonnerie de l’Amérique du Nord, et globalement du monde développé, est un mauvais exemple pour l’humanité. A notre petite échelle, nous nous demandons pourquoi nous ferions des efforts de sobriété quand les plus riches se gavent de voyages en jet privé. La sobriété collective ne sera acceptée que si elle est partagée et si les décisions politiques ne viennent pas accabler les plus pauvres, les plus faibles, les plus vulnérables. On l’a bien vu avec la révolte des gilets jaunes. Mais nous allons, je crois, dans la bonne direction : en octobre, un sondage OpinionWay montrait déjà qu’une majorité de Français envisageaient de façon positive les changements de comportement induits par la sobriété énergétique et les mettaient déjà en œuvre.
Les orages qui nous menacent
Je sais bien qu’il y a de multiples obstacles sur le chemin. A commencer par le contexte international, de plus en plus incertain, de plus en plus dangereux. Nous n’y pouvons pas grand-chose, mais regardons auprès de nous, les embuches qui se jettent en travers des nos projets. Là-dedans, je mettrai les docteurs tant-pis, les catastrophistes, ceux qui nous expliquent que c’est foutu, que rien n’a été fait, que rien ne se fait, que nos dirigeants manquent de courage politique (je vous parlerai un jour du courage politique) ou pire qu’ils ne sont que des marionnettes manipulées par l’État profond, par le grand capital, ou par les Illuminati. Je mettrai aussi dans le même panier ceux qui soufflent sur toutes les braises, ils appellent ça le community organizing, quitte à mélanger sans vergogne le rouge et le brun, et à risquer le chaos. Un autre danger nous vient de nos divisions internes – non pas la confrontation salutaire de points de vue, mais le repli sur des intérêts corporatistes parfois groupusculaires qui rend incapable de comprendre l’autre.
Et pourtant, la flamme de l’espérance
Dans ce monde de bruit et de fureur, je continue à garder la flamme de l’espérance. Même si c’est plus gratifiant de se poser en ange annonciateur de l’Armageddon, je compte sur notre résilience, sur notre capacité collective à construire un avenir plus heureux, ou en tout cas vivable.