Une commission agricole, pour quoi faire ?

Alain Louis

Le sujet a été débattu pendant un bon quart d’heure au conseil du 19 octobre (voir dans la vidéo des Infos du Pays Gallo entre 1:57 et 2:14) : le conseil a décidé de créer une commission agricole dont Alain Louis, adjoint en charge de la ruralité, sera l’animateur et le pilote. Il nous en présente les objectifs et trace les premières pistes de réflexion pour cette instance de démocratie collaborative.

D’où vient cette idée de commission agricole ?

Au cours de la campagne au printemps dernier, nous avons souvent discuté entre nous mais aussi avec les habitants rencontrés des relations entre les agriculteurs et les autres citoyens. D’un côté une partie des agriculteurs exprimaient la crainte que notre groupe perçu comme « écolo » se comporte avec agressivité. D’un autre côté, les « urbains » ont parfois des a priori négatifs sur notre agriculture. Agriculteur moi-même, je connais bien les problématiques de mon métier, mais je suis aussi conscient des attentes sociétales qui s’expriment aujourd’hui. Si j’ai accepté de m’engager dans l’action municipale, c’est avec la volonté de faire le trait d’union entre des univers qui se côtoient sans toujours se comprendre.

Et pour se comprendre, il faut se connaître : d’où notre choix de mettre en place cette commission agricole qui permettra de dissiper les ignorances, les préjugés et posera les bases de relations nouvelles, plus saines.

Des vaches nantaises

Qui sera invité à participer à cette commission ?

D’une part, il y aura des élus. Selon le modèle des autres comités, nous serons 6, quatre de la majorité, et un pour chacun des deux groupes minoritaires. Ensuite, nos premiers interlocuteurs seront les agriculteurs et nous aurons aussi des représentants des autres ruraux non agriculteurs.

Mais nous voulons d’abord aller au contact ! Nous proposerons des réunions par quartier dans les chapelles : elles sont bien réparties sur le territoire et ce sont des lieux « neutres » pour éviter de privilégier un type de production par rapport à un autre.

Et vous attendez quoi de cette commission agricole ?

D’abord une interconnaissance : les gens se côtoient sans se connaître. Ce n’est par hasard si dans notre premier magazine municipal après notre installation, nous avons consacré 6 pages à l’agriculture. L’agriculture, ce sont des hommes et des femmes : en 2017, l’INSEE, dans son dossier complet de Questembert, recensait 63 ménages d’exploitants agricoles, et au total 125 personnes relevant de ce statut. Ce sont aussi des entreprises personnelles ou en association avec des emplois directs et bien sûr des emplois indirects. Le poids économique direct de l’agriculture c’est, à l’échelle de Questembert Communauté, près de 100 M€.

Mais l’activité agricole utilise occupe plus de la moitié de la surface du territoire communautaire (56%), et un peu moins de 50 % pour la commune de Questembert.

Le blé qui lève (phot S.Durdux)

A côté de ceux qui vivent de leur métier lié à l’agriculture, il y a tous les habitants qui ont d’autres professions. Certains ont des liens familiaux ou historiques avec l’agriculture, d’autres sont des urbains qui habitent à la campagne, par choix, par opportunité, ou pour toute autre raison. Ces néoruraux ou rurbains ont d’autres attentes : par exemple être tranquilles le soir ou le week-end, sentir l’air de la campagne plutôt que les odeurs des épandages de fumier. Du coup, je me permets déjà de rappeler que le fumier, le lisier sont des engrais naturels : conformément aux principes de l’économie circulaire, le déchet d’une activité (par exemple la production de lait) est une ressource pour une autre activité.

Et puis nous devons aussi réfléchir collectivement aux espaces de déprise agricole : les landes ont été abandonnées, les fonds de vallée ne sont plus fauchés ; souvent ces terres sont en voie de fermeture, et donc souvent en perte de biodiversité.

Fond de vallée, zone humide en voie de fermeture

Je n’oublie pas non plus d’autres usagers de l’espace rural : chasseurs, pêcheurs, randonneurs ou simples promeneurs. Notre groupe de réflexion devra entendre aussi leur point de vue.

Pourquoi cette commission est-elle restreinte au territoire communal ?

Pas tout à fait, le volet économique ne peut être travaillé qu’au niveau intercommunal, la communauté a d’ailleurs créé un comité de liaison élus/agriculture pour le PLUi. Mais les questions que j’ai évoquées plus haut comme les relations entre agriculteurs et ruraux, espaces de déprise, autres usages gagneraient sans doute à être travaillées au niveau intercommunal. Mais chaque chose en son temps.

D’ailleurs, il y a une instance d’échanges entre les agriculteurs et les élus de Questembert Communauté, le « groupe agricole du territoire » ; une rencontre doit être prochainement organisée avec les nouveaux élus. D’autre part, SEM ‘AGRI, un groupe d’échanges professionnels entre agriculteurs, prépare une plaquette à destination des habitants de la Communauté.

Mais si on reste dans le cadre de la commune, comment vois-tu le résultat final ?

Ce pourrait être une charte de l’usage du territoire. Mais déjà, ma première réussite serait que chacun se parle ! Que tous comprennent que, pour bien vivre ensemble, nous devons être capables de nous mettre à la place de l’autre, pour voir notre paysage communal sous tous ses angles.

DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES

Le PCAET notre affaire à tous

Le PCAET, Plan Climat Air Énergie de Territoire, arrive dans sa phase de « consultation numérique » : tous les habitants de notre communauté sont invités à donner leur avis, à faire leurs propositions jusqu’au 19 novembre. Dans le contexte d’urgence climatique et dégradation de l’environnement que nous connaissons, il est essentiel que les citoyens s’emparent de ces questions. Le PCAET est notre affaire à tous. Boris Lemaire, premier vice-président de Questembert Communauté, en charge du développement durable et de la transition énergétique, nous parle des enjeux de ce PCAET.

Boris Lemaire en avait déjà parlé dans son message diffusé le 27 octobre. Il approfondit ses réponses dans cette interview.

https://www.youtube.com/watch?v=tyqoC1fPv6U&feature=youtu.be
Le message de Boris Lemaire

Les questions d’environnement étaient au cœur du programme que tu as porté pour les élections municipales, ta position au conseil communautaire va te permettre d’agir à l’échelle de tout le territoire.

Oui, clairement, les conseillers communautaires ont pris conscience de l’urgence d’agir. Il peut y avoir des nuances mais il y a un quasi-consensus. Et je pense que la plupart d’entre eux se retrouvent dans les thèmes que nous avons développés.

En quelques mots, peux-tu rappeler ce qu’est le PCAET ?

Le PCAET a été initié par la loi Grenelle 2 et formalisé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Toutes les communautés de plus de 20000 habitants sont tenues d’élaborer leur PCAET qui doit être en conformité avec le SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) (Voir le SRADDET de Bretagne ici)

Ça peut paraître du jargon de technocrate – ça l’est un peu aussi – mais nous devons nous en tant qu’élus de terrain nous approprier ces enjeux et les faire partager avec tous les citoyens.

Mais le PCAET  de Questembert Communauté a déjà été présenté ?

En effet, la communauté a lancé le processus en 2018 dans un projet partagé avec Arc Sud Bretagne, Ploërmel Communauté et OBC. Le cabinet spécialisé E6 a été choisi pour mener l’opération. Avec le groupe de pilotage des élus, le cabinet a produit un diagnostic illustré par la synthèse ci-dessous.

Synthèse du diagnostic
La synthèse du diagnostic

Après une phase de concertation, d’un côté avec les acteurs économiques et sociaux du territoire et de l’autre à travers des séances de théâtre forum ouvertes au public, les élus ont validé un plan d’actions qui porte sur tous les secteurs d’activité.

Mais plus précisément, qu’est-ce qu’il y a dans un PCAET ? C’est un PLAN, alors ?

Oui, et les actions sont organisées autour de 5 axes stratégiques
Axe 1 – Vers des collectivités exemplaires
Axe 2 – Vers un territoire d’économie locale et circulaire
Axe 3 – Vers un territoire à l’urbanisme et aux mobilités durables
Axe 4 – Vers un territoire sobre et efficace en énergie
Axe 5 – Vers un territoire adapté au climat de demain

Axes stratégiques du PCAET
Les 5 axes stratégiques

Mais c’est une liste très abstraite, des exemples plus concrets ?

Oui, ainsi le conseil communautaire du 2 novembre (à huis clos, en raison des contraintes sanitaires) a débattu de la création d’une plate-forme bois-énergie : le bois est une énergie renouvelable, mieux le valoriser est une façon de réduire notre empreinte carbone et notre dépendance énergétique. Nous avons aussi délibéré sur le projet de recyclerie, un moyen de réduire nos déchets (économie circulaire). Les questions de mobilité ont également été abordées : le transport est un des postes importants des dépenses énergétiques.
Donc on est déjà dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin et pour cela nous devons tous nous impliquer. La stratégie globale est visualisée dans l’image ci-dessous : Devenir un territoire à énergie positive en 2050.

Devenir un TEPOS en 2050
TEPOS en 2050

Devenir un TEPOS ? Un sigle de technos déjantés  ?

Non, malgré les apparences, c’est très sérieux : on est un TEPOS, un territoire à énergie positive, quand le territoire produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. En agissant dans deux directions:
– réduire notre consommation par exemple sur le transport et dans l’habitat
– augmenter la production : électricité solaire, photovoltaïque, éolienne.

Mais seulement en 2050 ? C’est l’objectif fixé !

Je crois qu’on peut faire mieux et atteindre cet objectif plus vite. Mais cela de notre mobilisation à tous. Alors je vous invite à participer à la consultation numérique sur la plate-forme participative Dites nous tout

Vous y retrouverez la présentation du projet et une invitation à participer à la réflexion collective avec

  • un questionnaire Que peut-on changer dans notre quotidien pour préserver l’environnement?
  • Et une boîte à idées. La plate-forme est ouverte jusqu’au 19 novembre et il y a déjà plein de bonnes idées en ligne : vous pouvez soutenir des idées proposées, les commenter, et apporter les vôtres.

Agir pour le climat, avec le PCAET, c’est notre affaire à tous.

Pour aller plus loin
Le magazine municipal de Questembert, distribué dans les boîtes aux lettres, consacre une page au PCAET (page 16) et à la consultation en cours jusqu’au 19 novembre.
La lettre info de Questembert Communauté, distribuée dans vos boîtes aux lettres consacre 2 pages au PCAET. Vous trouvez cette lettre info aussi sur le site de la CC. (pages 8 et 9)
et aussi
Le document de lancement du PCAET
La stratégie retenue (synthèse)
Le diagnostic initial (synthèse)
Le plan d’actions (synthèse)
Une présentation plus générale des PCAET
Une autre présentation plus abordable

Changement climatique? Ce qu’on en pense au pays de Trump:

NO global warming
– Bon, cette tempête de glace prouve bien qu’il n’y a pas de réchauffement global
– En fait, maman, le réchauffement brise les modèles climatiques, produisant ainsi des phénomènes météo extrêmes
– Tais-toi, la fille, si je veux apprendre la science, j’ouvrirai la Bible
(Los Angeles Times 2014)