Certains craignaient qu’il n’y ait plus de candidats pour les élections municipales. Ces jours-ci, les annonces se multiplient : déjà 3 listes annoncées Questembert, mais aussi 2 à Berric, 2 à Molac. Mais aussi, bien des communes où il n’y aura qu’une liste… et même, comme à Houat, ces jours-ci, personne ne semble prêt à accepter le poste de maire. Et la plupart du temps, les listes se disent « sans étiquette », « apolitiques ». Autrefois, ces listes s’appelaient « défense des intérêts communaux ».
Ça ne trompait pas grand monde
Ces appellations « neutres » ne trompaient pas grand monde, ni les services de l’Etat qui classaient les listes sur l’arc-en-ciel des tendances politiques, ni les caciques des conseils départementaux qui repéraient sans se tromper les clientèles à arroser de subventions et les autres… qui n’en avaient pas autant.
Le ministre Castaner a voulu, à travers une circulaire très contestée, supprimer le classement établi par les préfectures dans les communes jusqu’à 9000 habitants. Le ministre s’est fait taper sur les doigts par les juristes du Conseil d’Etat et le seuil a été ramené à 3500 habitants.
N’empêche, tout cela est bien curieux : ils sont presque tous sans étiquette, apolitiques… mais ils veulent quand même que les préfets établissent le classement sur le nuancier droite-gauche.
Le discrédit sur les partis politiques
Il est vrai que ces temps-ci, les anciennes étiquettes LR, PS, MODEM, PC, n’ont pas la meilleure presse : quant à l’étiquette LREM, c’est un bon moyen pour réveiller les gilets jaunes, exciter les militants de la France Insoumise, pour ne citer que les plus visibles.
Alors le nouveau truc, qui remplace la « défense des intérêts communaux », c’est « mon parti c’est <nom de la ville> », ou <nom de la ville> avenir/demain. Après on ajoute « participatif » ou « écologique » et l’affaire est dans le sac.
Si en plus, le programme -on dit le « projet » désormais – est suffisamment flou, l’électeur est prêt à prendre les vessies pour des lanternes, à gober n’importe quelle promesse démagogique.
Apolitique, vraiment ?
Sans doute peut-on admettre que les membres d’une liste municipale ne se reconnaissent pas dans tel ou tel parti et que ce qui les rassemble, c’est un ensemble de valeurs, qui vont les situer plutôt du côté conservateur ou plutôt du côté progressiste. Défendra-t-on la loi Taubira ou sera-t-on du côté de la manif pour tous ? Choisira-t-on les productions provocantes des artistes de rue ou le théâtre de boulevard petit-bourgeois ? Le PLU restera-t-il une affaire de propriétaires ou concernera-t-il l’ensemble des habitants ? Ces questions sont éminemment politiques et les réponses que vous apporterez vous situent directement dans le champ politique. Inutile de vous prétendre « apolitique ».
A moins qu’il ne s’agisse que d’enfumage ! Dans son journal du soir lundi 17 février, FR3 nous montre la situation à Perpignan, où M. Alliot, RN, se présente aux élections sans étiquette ! Qui peut-il tromper ? Mais ce n’est pas chez nous que ça arriverait, n’est-ce pas ?
Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice, dit à peu près la même chose dans Ouest-France ce matin. Ceux qui trouvaient votre propos peu clair pourront peut-être mieux comprendre ainsi…
https://www.ouest-france.fr/elections/municipales/point-de-vue-mon-parti-c-est-ma-ville-6747786