Bijoux de famille


Bien visible au giratoire des Ardillacs, la pépinière d’entreprises, créée en 2003, est désormais un bâtiment vide, et demain une friche que déjà les herbes envahissent. Triste image à l’entrée de notre ville. Le bâtiment qui accueillait des entreprises en cours de création (3 ateliers, des bureaux) a été vendu (400000 €) et l’entreprise qui s’y était installée est aujourd’hui en liquidation.


Dans l’article Héritage et Patrimoine de la collectivité, j’invitais le lecteur à évaluer comment les élus d’une mandature pouvaient accroître ou réduire le patrimoine communal ou intercommunal. Avec une question clé : doit-on utiliser les ressources pour accroître ce patrimoine (acheter, améliorer) ou bien vendre des biens pour se faire de la trésorerie et financer le fonctionnement au jour le jour ? Et c’est vrai qu’en période de disette financière, la tentation est grande de vendre les bijoux de famille.

Un choix qui doit être réfléchi
Il faut toujours se rappeler que cette décision, quand elle est prise, est considérée par les élus du moment comme la plus juste, la plus pertinente. (désolé, je deviens sentencieux). Il est donc hors de propos de juger la décision de ce moment-là avec nos yeux d’aujourd’hui. On peut seulement en mesurer les conséquences ici et maintenant et, peut-être pointer des éléments qui auraient pu être pris en compte à l’époque. Ce que nous voyons maintenant, c’est un bâtiment inutilisé dans un point stratégique du territoire, qui va probablement rester comme une verrue. Sur le plan financier, la valeur immobilière est dans les comptes d’une entreprise en liquidation et non pas dans ceux de la communauté.

Il aurait fallu au moment de la décision
Oui il aurait fallu se rappeler quel était le projet fondateur de cette pépinière d’entreprises, en mesurer les acquis, et en évaluer les bénéfices encore espérés. Ouverte en 2003, la pépinière avait pour but d’accueillir des entreprises à leur naissance et de leur donner le temps de se stabiliser avant de s’implanter dans leurs propres locaux : 3 ateliers avec les bureaux associés pour l’artisanat et l’industrie, des bureaux et une salle de réunion partagée pour le tertiaire. La location était bonifiée sur les 2 premières années, elle pouvait être prolongée avec un loyer normal 2 années de plus, avant l’installation définitive. Évidemment, ce n’est pas efficace à 100 % : une entreprise naissance est fragile, et il y a des échecs. Mais il y aussi de belles réussites comme par exemple celle de Sonaflex. Créée en 2003 dans la pépinière, l’entreprise s’est installée à Molac, zone de la Brouée, où elle a pris le nom de SIVE, comme établissement secondaire de la société mère du même nom. Bien sûr, tous les locaux n’étaient pas loués en permanence, mais c’est le fonctionnement habituel des pépinières.

La pépinière tout juste achevée 2003

C’est dans ce contexte que Questembert Communauté a accueilli en 2017 la nouvelle société Magma Composites, qui, dès l’année suivante, achète le bâtiment. (L’a-t-elle demandé ? Le lui a-t-on fortement suggéré ? Je ne sais pas.) Voir les articles d’Ouest-France et du Télégramme. À l’époque, les élus disaient qu’ils construiraient une nouvelle pépinière. Pourquoi pas ? Mais cette idée est restée dans les limbes.

Et en octobre 2024, la liquidation…

L’autre solution aurait été d’aider l’entreprise à trouver un autre terrain pour y construire des ateliers à la mesure de ses besoins. La Communauté aurait ainsi conservé un bâtiment (amorti, sans autre coût que l’entretien) qui avait l’avantage d’être une vitrine pour la Communauté…

D’autres articles sur la pépinière
Ouest-France 05/02/2018 Pépinière : 15 ans, 26 entreprises accueillies
Une action économique concrète Quelques éléments de bilan (2008)
Pépinière d’entreprises : c’est efficace Pour le développement local et l’emploi (2006)

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