Une bonne rentrée au lycée Marcelin Berthelot : 583 élèves, contre 587 en 2021. Autant dire que la baisse des effectifs est enrayée. Sans doute grâce à l’action déterminante de Mme Sylvie Pasty, la proviseure qui vient d’être mutée à sa demande vers les Antilles, en direction des collèges environnants. François Morice, le nouveau chef d’établissement, voudra accentuer le redressement entamé, et d’abord en direction des sections professionnelles liées à l’industrie.
Plus de places que de candidats
Que ce soit en lycée général ou dans les sections professionnelles, le lycée Marcelin Berthelot pourrait accueillir plus d’élèves. En 2016, 900 élèves fréquentaient le lycée, et les effectifs ont baissé depuis pour tomber à 587 en 2021 et 583 en 2022. Il y a bien sûr l’effet de la démographie, l’impact de l’ouverture d’un collège neuf à Elven qui attire les élèves vers l’agglo de Vannes. Les efforts de Mme Pasty ont payé pour le lycée général, mais pas de façon significative en lycée pro. Les deux sections industrielles, l’outillage et la plasturgie, permettent un accès assuré à l’emploi, avec des perspectives de carrière. Et pourtant, il n’y a cette année que 6 élèves pour les 30 places disponibles en 1ère année outillage !
Un lycée au service des jeunes du territoire
Formations techniques ou générales, il s’agit d’offrir à nos jeunes les meilleures chances de réussite. On ne dira jamais assez les atouts de notre lycée : mettons en avant l’ouverture à l’international avec l’accès au programme Erasmus, le label lycée des métiers, et, cette année, la création d’une section sportive Handball. Il offre deux BTS très recherchés par l’industrie (Europlastique et composites, Conception de processus et Réalisations de Produits) ainsi que deux mentions complémentaires Maquettistes Volumes et Prototypes qui débouchent sur l’emploi.
Même si les sections professionnelles recrutent assez loin de chez nous – au niveau national pour les maquettistes – le lycée est d’abord le lieu de formation des jeunes de notre territoire. Les formations générales, comme le nom l’indique, permettent à toute une classe d’âge d’acquérir les bases scientifiques et culturelles avant de s’orienter vers des spécialités dans l’enseignement supérieur. Un atout maître.
L’histoire d’une lutte
Et c’est pour cela que nous avions milité des années avant d’obtenir la création du lycée d’enseignement général. Un rassemblement sous les Halles en 1988, des actions de mobilisation comme l’envoi de cartes postales au président de la Région Bretagne, M. Yvon Bourges.
Il fallait aussi convaincre localement ! Les responsables de l’enseignement catholique – mais pas les enseignants – voyaient d’un mauvais œil le développement d’un lycée public et tentaient de promouvoir un projet privé. Une bonne partie des élus ne soutenaient cette idée que du bout des lèvres, sans doute avec le secret espoir que cela n’aboutirait pas. D’autres nous expliquaient que, chez nous, ce serait un lycée croupion (sic) qui n’attireraient que des professeurs de second rang…
L’éducation et la politique de l’offre
S’il est un domaine où la politique de l’offre est efficace, c’est bien l’éducation. Pour refuser l’ouverture d’un lycée à Questembert, le rectorat et la région Bretagne produisaient des statistiques incontestables : les élèves du secteur scolaire (collèges de Questembert, Malansac, Muzillac, La Roche-Bernard) ne suivaient pas les filières longues de l’enseignement général et préféraient les BEP et autres filières courtes. Il n’y avait donc pas d’attentes, pas de besoins !
Note : en sens inverse, la mise en place du numerus clausus a été un moyen de restreindre la demande de soins, et de limiter le déficit de la Sécurité sociale « Un numerus clausus est alors mis en place pour limiter le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine, sans réelle évaluation des besoins en santé, en partant de l’hypothèse que plus il y a de médecins, plus il y a de prescripteurs et plus le déficit de la Sécurité sociale se creuse. ». Voir dans cet article l’historique de la crise de l’hôpital.
La suite a démontré la vanité de ces études savantes et rappelé que dans ce domaine, l’éducation, c’est l’offre qui crée le besoin !
Et dès l’ouverture, les classes de seconde ont fait le plein, et ainsi de suite. Avec des résultats intéressants sur l’accompagnement des élèves de la seconde à la terminale… sans politique de sélection et d’élimination des plus fragiles. Du vrai service public, quoi !
Le lycée : des emplois sur notre territoire
Pour faire fonctionner un lycée, il faut une équipe de direction, d’enseignants et de personnels techniques. Les enseignants et l’administration sont payés par l’État (Éducation nationale), les personnels techniques, dont la restauration, sont financés par la Région, qui a aussi la charge des bâtiments. Au total près de 200 personnes travaillent pour le lycée et il faudrait encore rajouter les services extérieurs, comme le transport scolaire. L’argent public qui finance tout cela (je n’oublie pas la participation des parents à ces services) est un élément de la richesse du territoire, de l’économie résidentielle.
Note : L'économie résidentielle (voir site du Sénat) peut être définie comme l'ensemble des activités économiques majoritairement destinées à satisfaire les besoins des populations résidant sur un territoire. S'appuyant sur la consommation locale, elle s'oppose aux activités économiques dont l'existence dépend majoritairement d'une demande extérieure au territoire et qui sont soumises à la concurrence des activités économiques identiques présentes sur d'autres territoires. L'économie résidentielle a pour caractéristique de ne pas être soumise à une forte concurrence extérieure, même si, au sein du territoire concerné, la concurrence entre les activités résidentielles existe. Répondant aux besoins locaux des populations, elle n'est donc pas sujette à délocalisation. L’étude sur les Côtes d’Armor, même si elle est ancienne, éclaire bien le sujet.
Un élément d’attractivité
Avoir un lycée d’enseignement général est un atout pour une petite ville comme la nôtre : avant de choisir de s’y installer, les futurs habitants évaluent les offres de service : les écoles, collèges, d’abord, la crèche, les activités périscolaires, les équipements sportifs, les services de santé, les commerces de proximités, la gare, mais aussi les associations sportives et culturelles. Tous ces éléments contribuent à la qualité de vie chez nous, ce sont les aménités. Voir les réflexions de Laurent Davezies dans son livre La République et ses territoires.
Développer les relations avec les acteurs de la vie locale
Cependant, pour que le lycée joue pleinement son rôle dans la richesse du territoire, il faut pouvoir tisser des liens forts entre tous les acteurs de la vie locale. Les responsables du lycée doivent prendre leur part dans ce collectif, je regrette que ça n’ait pas toujours été le cas. (Je ne citerai pas de noms!), les élus aussi doivent s’intéresser à la vie du lycée et pas seulement par une participation épisodique à des conseils d’administration… qui sont trop souvent administratifs. Un dernier exemple : la ville, la communauté ont des ressources culturelles (l’Aspholèle, la médiathèque, le cinéma), des équipements sportifs pas seulement pour assurer les heures légales d’EPS. Il me semble qu’il y a ainsi matière à coopération efficace.
En 2013, j’avais publié cet article, qui peut encore se lire…
Lycée Marcelin Berthelot, la réussite à votre porte