Nos anciens ont des choses à nous dire. Encore faut-il que nous prenions le temps de les écouter, que nous les aidions à nous parler. Un article de The Conversation propose d’adopter pour cela les méthodes des chercheurs en anthropologie. La démarche pourrait, je crois, être utile aussi bien pour chacun de nous que, dans un cadre plus large, pour retisser les liens entre générations à l’échelle de notre commune ou communauté. D’autant que la réflexion est engagée pour un nouveau contrat local de santé.
NB : Ayant moi-même rejoint la génération des anciens, je ne veux pas ici faire un plaidoyer pro domo. Ce n’est pas de moi qu’il s’agit.
L’auteur de l’article, Elizabeth Keating, est professeur d’anthropologie à l’Université d’Austin (Texas). L’article Et si vous profitiez des fêtes pour questionner vos proches à la manière des anthropologues ? est en accès libre. Et si vous ne connaissez pas encore le site The Conversation, je vous invite à vous y intéresser : il publie des articles d’universitaires accessibles au grand public, en alliant l’expertise universitaire et l’exigence journalistique.
Aller au-delà des conversations habituelles
E. Keating observe que, dans ses relations avec ses propres parents, elle s’est souvent contentée des échanges sur la vie quotidienne (la santé, la famille, le travail, etc.) et de questions sur la parenté (que faisait le tonton Pierre à cette époque-là?). Mais, dit-elle, « je ne les avais jamais interrogés sur les périodes formatrices de leur vie, leur enfance et leur adolescence.«
Dès lors, elle a imaginé d’appliquer dans le contexte familial les méthodes qu’elle enseigne à ses étudiants en anthropologie : comment voir le monde du point de vue d’une autre personne, à travers d’autres lunettes. Elle a mis la démarche en pratique dans ses propres relations familiales ; forte de cette expérience enrichissante, elle a demandé à ses étudiants de l’université d’interroger leurs grands-parents. Elle en a tiré un guide d’entretien (The Essential Questions non traduit) pour ceux qui veulent en savoir plus sur les débuts de la vie de leurs parents et grands-parents.
La vie ordinaire, dans sa banalité
Il s’agit donc pour les anthropologues de s’intéresser à la vie ordinaire : les relations quotidiennes avec les parents, avec les voisins, les mots et les choses de la vie de tous les jours. Si on va plus loin, on peut approcher des sujets importants, non pas cachés, mais transmis sans qu’on y pense. Et c’est d’une grande richesse. Pour les grands parents et pour les petits enfants.
Rompre l’isolement, (re)tisser des liens
Le sentiment de solitude est une source de mal-être pour les personnes âgées, qui ont parfois l’impression que personne ne les écoute ou ne prend au sérieux ce qu’elles ont à dire. D’ailleurs, les plus jeunes pensent de leur côté que les vieux radotent (c’est vrai, je l’ai constaté personnellement : je radote!) Le questionnement en ethnologue permet d’ouvrir le dialogue, de sortir du cadre de référence familier. Le lien se rétablit entre les générations, et c’est une ouverture extraordinaire pour les jeunes qui vivent cette expérience.
Transposable chez nous ?
Nos anciens ont des choses à raconter, les plus jeunes ont besoin d’apprendre, de comprendre. Si j’ai repris cet article – je ne prétends pas faire œuvre originale – c’est parce que je crois que cette démarche pourrait se transposer chez nous, par exemple en s’appuyant d’un côté sur le CIAS de Questembert Communauté et et de l’autre sur les jeunes du lycée Marcelin Berthelot.
Découverte récente pour moi « Mamie dans les orties » Le podcast qui fait parler nos grands-mères. Un brin féministe, on y écoute des histoires de l’Histoire.
Vraiment la même thématique.
Que nous pourrions exploiter