Municipales, faire naître des candidatures


Beaucoup d’élus, beaucoup de maires, ont démissionné au cours du mandat. Plus, semble-t-il que dans les précédents. Au point que certains craignent qu’il n’y ait pas de candidats pour les prochaines municipales. Simone Malville, maire de Larré, a décidé de ne pas se représenter : elle l’avait annoncé dès 2020, mais elle a rappelé qu’à son âge il était temps de passer la main et de se concentrer sur sa vie personnelle et sur sa famille. Personne dans son équipe ne semble prêt à reprendre le flambeau et, pour expliquer le fonctionnement d’une mairie, dissiper les hésitations et susciter des candidatures, elle a invité les habitants à une réunion d’information et de débat sur la vie municipale. Une initiative intéressante qui devrait être adaptée pour d’autres communes ou encore élargie au niveau de la Communauté de communes. Et les habitants ont répondu présent : ils étaient une bonne quarantaine à avoir fait le déplacement.

Éducation civique
Tout le monde a une idée assez vague de la commune, de ses ressources, du fonctionnement du conseil municipal, des relations entre la commune, la communauté de communes, le département, la région, l’État. Les connaissances avérées s’entremêlent avec des idées fausses et la réunion a commencé par une présentation claire, mais succincte. Quelle est la surface de la commune ? Quelle part est dédiée à l’agriculture ? Combien de km de voies communales ? Combien de bâtiments communaux ? Quelle est la population ? Comment est-elle répartie, par âge, par profession, etc ? Combien y a-t-il de conseillers ? D’employés communaux, sur quel type d’emploi ?
Après ces informations de base, les élus ont présenté le budget de la commune : quelles sont les recettes (la dotation de l’État, les impôts communaux) ? À Larré, la dotation de l’Etat réprésente 24 % des recettes, et les impôts locaux, 42 %, et c’est une situation moyenne. Avec ces recettes, il faut payer le personnel (48 % des dépenses), les frais généraux (38%) et dégager les ressources pour financer les investissements (bâtiments, routes, etc).

C’est qui le patron ?
« C’est le maire qui décide de tout, il décide tout seul, il n’écoute personne » Voilà ce qu’on entend partout. Une façon bien commode de désigner le responsable de toutes les misères. Simone Malville et ses collègues élus présents ont démenti cette idée reçue. Oui, le maire assume les décisions prises, et si la décision est mauvaise, il devra en répondre, par exemple devant la justice administrative. Mais la décision vient après une délibération du conseil, que le maire doit appliquer. La délibération a été préparée par les commissions, groupes d’élus, sous la responsabilité du maire ou d’un adjoint, et parfois aussi par des comités consultatifs auxquels les habitants sont invités à participer. On est bien loin de la décision solitaire, autocratique.
Cependant, on attend quand même que le maire affirme son leadership : il incarne la commune et il doit avoir une vision plus large des enjeux.
Il peut y avoir quelques cas de dérives, mais ils sont plutôt rares (je pourrais donner des exemples). Et puis,il peut arriver que, dans les conseils, des élus sapent l’action du maire, en l’accusant de faire tout seul, avec l’intention sous-jacente de prendre la place comme le grand vizir qui veut être calife à la place du calife. « Moi, je serai à l’écoute, je pratiquerai la démocratie participative ».
Si le maire doit assumer son leadership, il faut que les membres de son conseil s’impliquent dans le projet collectif. Et, dès lors, il faut sans doute en amont de l’élection construire une équipe, où chacun peut trouver sa place et apporter au groupe ses convictions, ses compétences. En tout cas, dès le début du mandat, il faudrait proposer à tous les élus, c’est-à-dire aussi à ceux de l’opposition, une formation dédiée à ce travail collaboratif. L’équipe de foot ne se réduit pas à son capitaine !

Combien ça paie ?
Ce n’est pas un salaire, mais une indemnité. Les indemnités des élus sont fixées selon un barème lié à la fonction et à la taille de la collectivité : c’est un pourcentage de l’indice terminal l’échelle indiciaire de la fonction publique (1027 brut) Pour la commune de Larré (commune entre 1000 et 3499 habitants), l’indemnité du maire est de 2121€ et pour les adjoints, c’est 813 € par mois. S’il y a des conseillers délégués, leur indemnité est prise sur l’enveloppe globale, ce qui réduit les indemnités de maire et adjoint.
Les indemnités ont été revalorisées, et heureusement, car les responsabilités qui pèsent sur les élus méritent une vraie reconnaissance. Et encore, elles sont bien maigres au regard du temps qui est consacré.
Mais, certains l’ignorent sans doute, ces indemnités sont financées sur le budget communal, sur les ressources de la commune. Et elles pèsent bien plus fortement sur le budget des petites communes.

La place dans la communauté de communes
Simone Malville, qui était pourtant adjointe entre 2014 et 2020, avoue qu’elle a découvert la réalité et la complexité de Questembert Communauté quand elle a pris ses fonctions de maire, membre du bureau communautaire. Au point qu’elle a suggéré au président d’organiser une journée d’intégration pour présenter la Communauté à tous les élus, et surtout aux nouveaux.
Mais il faudrait donc que les citoyens et surtout les candidats potentiels soient mieux informés sur le rôle de la Communauté et sur son fonctionnement.

Relations avec le Département, la Région
Une question a été posée à propos des relations avec le Département, la Région, et aussi avec le centre de gestion. Sur ce dernier point, je suppose que la question venait d’une confusion entre le rôle des conseils en gestion comme il en existe pour l’artisanat, le commerce ou l’agriculture et le celui du centre de gestion de la fonction publique territoriale qui appuie les communes pour le recrutement et la gestion des carrières des agents territoriaux.
Quant aux questions sur les relations avec le Département, la Région, mais aussi indirectement avec Questembert communauté, on devine la persistance d’une illusion ancienne : l’élu de base, l’élu communal est sous l’autorité des élus de plus haut rang, le conseiller général (comme on disait autrefois), au-dessous du député, au-dessous du sénateur.

Quel engagement ?
Cependant, s’il y a un obstacle à l’engagement dans la vie municipale, c’est bien celui du temps, de la disponibilité nécessaire. Difficile de dire combien un maire consacre d’heures à son mandat, mais pour une commune comme Larré, c’est au moins l’équivalent d’un mi-temps. Simone Malville a insisté sur deux points : d’abord avoir envie d’être utile à ses concitoyens et ensuite, s’engager sur la durée du mandat. Être maire, c’est prenant, enrichissant, et passionnant.

Une réflexion sur « Municipales, faire naître des candidatures »

  1. Très bonne restitution, complétée par des éléments pertinents et indispensables pour une meilleure compréhension et des suggestions intéressantes.
    Je reste persuadée que nous avons tous un rôle à jouer, communes, communauté de communes, services jeunesse et associations, au niveau de la sensibilisation, l’information et l’éducation de nos concitoyens à la vie « politique ».

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