Notre territoire et la Région Bretagne

Maxime Picard, élu à Questembert, est aussi conseiller régional. A ce titre, il suit de prés les dossiers locaux, mais il a aussi une délégation sur les questions d’emploi et de formation. Il répond à mes questions.

L’action régionale, c’est quoi pour Questembert ?

Maxime Picard : Pour résumer, il faut retenir le lycée, la desserte ferroviaire en compétences propres, mais aussi le développement économique, l’emploi, la formation professionnelle, l’aménagement du territoire en coopération avec les acteurs locaux.

La Région a la responsabilité des lycées et donc du lycée Marcellin Berthelot….

Maxime Picard : Oui, c’est là où la Région met le plus de crédits. Nous avons désormais une idée précise du programme de travaux, pour une enveloppe aussi élevée qu’un lycée neuf, soit plus de 20 millions d’Euros.

Le lycée Marcellin Berthelot sera complètement rénové pour plus de 20 M€

La restauration scolaire est un gros point faible du lycée actuellement puisque la cuisine n’accueille pas de légumerie et ne peut donc pas stocker de produits frais, ou si peu. Ce sera l’un des objets des travaux. A l’échelle du Pays de Vannes, nous avons un Plan alimentaire Territorial qui n’est pas fabuleux mais qui dit évidemment que manger local est une priorité. Pour cela, il faut que l’acheteur de la restauration scolaire collège/lycée ait les moyens matériels, financiers et les directives en ce sens. Or ce n’est pas le cas, avec au passage l’incongruité que ces acheteurs sont des fonctionnaires d’Etat qui répondent plus ou moins à des consignes de départements et de régions. Ce n’est pas logique du tout.

J’entends dire que ça coince avec le département qui construit un collège neuf

Maxime Picard : On se souvient de la scène : en janvier 2019, François Goulard s’était invité aux vœux de Mme Martin, alors maire de notre commune. Il avait alors annoncé la livraison d’un collège neuf dans un délai record : 2021!. Boris Lemaire en avait parlé dans cet article Des voeux, une annonce, et une certaine manière de faire de la politique ! Résultat ? Pour aller le plus vite possible, le département a placé le collège dans les espaces vides, sans s’interroger sur le devenir du restaurant scolaire qui dépend du lycée. Ce dernier va rentrer dans l’enceinte du lycée et disparaître du parking des Buttes. Le nouveau collège, lui, « avance » au ras de la voirie actuelle. C’est très malheureux et pas pertinent du tout !
Visiblement, les considérations politiciennes ont prévalu et pas la sécurité de nos enfants autour des cars scolaires. Le maire de Questembert va lancer une étude urbaine sur toute cette zone pour améliorer au maximum les aménagements de ce parking qui doit certes accueillir des véhicules mais aussi organiser la circulation des piétons et autres cyclistes.

La Région s’investit dans les mobilités, et particulièrement la desserte ferroviaire

Maxime Picard : Pour la Gare de Questembert, on en est pour un lundi « normal » par exemple à 26 arrêts, 13 dans chaque sens. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter, certes doucement, mais constamment. C’est un bon résultat, et les enjeux pour aller plus loin sur cette ligne entre Quimper et Rennes sont nombreux : numériser  la ligne pour réduire la taille des sillons, centralisés en gare Montparnasse et qui peut permettre en toute sécurité d’augmenter le trafic.

La signalisation numérique permet des cadences plus rapides : moins de temps entre deux trains successifs sur une même voie.

Rappelons aussi que cette ligne accueille les TGV qui vont à la pointe de la Bretagne. Rappelons qu’il faut du fret pour réduire le nombre de poids lourds sur nos routes. Rappelons enfin que les lignes longues européennes, les fameux  trains de nuit qui reliaient hier la Bretagne à l’Espagne, demain à Bruxelles, ces trains là ont disparu alors que les « Intercités » Quimper-Hendaye existaient encore il y a peu. Dommage car les Nantes-Lyon et les Nantes-Bordeaux existent encore et ce sont des lignes qui ne passent pas par Paris !

La Région gère aussi le transport scolaire

Maxime Picard : La Région a récupéré les 4 services de transport scolaire des 4 départements. Chaque système était très différent : en Ille-et-Vilaine, la moitié du service était gérée en direct par le Département. En Finistère, les cars scolaires étaient aussi des lignes régulières pour les voyageurs adultes. Le service des Côtes d’Armor avait les tarifs les plus élevés, et le Morbihan avait autant d’arrêts que les 3 autres réunis. Autant dire qu’unifier le service est plus que sportif.
Ajoutons une originalité questembertoise avec un syndicat local de transport que nous avons toutes les peines à dissoudre… Au final, la sagesse était de ne pas trop bousculer le service en place le temps de se rôder. Ce n’est pas parfait, mais on y arrive lentement.

Et cette délégation pour l’Emploi, en quoi ça consiste ?

Maxime Picard : On est passé sans transition d’une période faste à une période de crise. Le chiffre du chômage approchait les 7%. Il est désormais bien plus élevé. Surtout, toute notre économie vit sous perfusion et nul ne mesure la profondeur de la crise encore aujourd’hui.
Dans cette période, nous avons veillé à ce que l’armature de formation tienne le choc. Les structures de l’éducation de notre territoire, le lycée et la MFR sont solides. D’autres organismes privés ont souffert. C’est surtout l’apprentissage qui nous inquiète tant la réforme du pouvoir actuel n’a pas compris que s’en remettre à la conjoncture économique comportait un risque. Et nous y sommes. Quelle entreprise peut s’engager aisément aujourd’hui à accueillir un apprenti dans le contexte ?
Du coup, nous travaillons sur deux sujets : le premier va commencer bientôt et vise à relier l’insertion sociale et professionnelle des départements et la formation professionnelle. C’est le Conseil Départemental du Finistère qui est à l’origine de l’expérimentation. L’autre est la mise en place d’une plateforme d’orientation tout au long de la vie. Car nous voulons consacrer un véritable droit à l’orientation professionnelle.

Mais plus précisément, que fait la Région en soutien à notre territoire ?

Maxime Picard : La relation de la Région avec les Territoires est ancienne.
Depuis de nombreuses années, des appels à projets ont été lancés qui permettaient de retravailler l’attractivité des centres-bourgs. Il est triste que notre commune ne s’y soit pas inscrite, à l’instar de nos voisins de La Vraie-Croix, de Noyal-Muzillac, voire d’Allaire. Les enveloppes financières allaient de 600000 à un million d’Euros …
Au-delà, nous aurons un sujet d’aménagement délicat à Célac sur la continuité écologique de l’Etang avec la rivière du Tohon, et un autre sur le plan régional de gestion des déchets.
Globalement, le soutien de la Région passait hier par le Pays de Vannes. Le choix qui ne me convainc pas est de caler un dialogue uniquement entre la Région et les intercommunalités. Or, le Pays de Vannes fonctionnait très bien, avec une belle articulation entre l’Agglomération de Vannes et les territoires de Muzillac et Questembert. Pierre Le Bodo puis David Robo ont validé cette dynamique et nous voulons la poursuivre. Il faudra que la Région l’entende et le permette !

Transport scolaire : à 2km de l’arrêt de car…

Quelque chose comme une étude de cas

L’information a été publiée dans le Ploërmelais, hebdomadaire d’information locale : « Damien est censé marcher près de deux kilomètres pour prendre le car ». La maman prenait le monde à témoin de l’injustice qui était faite à son enfant. Et, relayée sur les réseaux sociaux, l’injustice a provoqué l’indignation. Sans beaucoup de commentaires car il n’y avait sans doute pas de mots assez forts pour crier cette indignation, seulement avec des émoticônes rageurs. 😡😡😡

Nous apprenons aujourd’hui que sa maman a eu gain de cause. Nous voilà soulagés.

De bonnes raisons de revendiquer

On en conviendra, la maman avait de bonnes raisons de protester et de réclamer : elle défendait le confort et la sécurité de son enfant et pouvait somme toute à juste titre souligner la rupture d’égalité, pour ne pas l’injustice dont elle était victime. Elle a défendu son point de vue et elle a obtenu gain de cause.

Que cela ne nous empêche pas d’élargir la réflexion

Et, comme souvent, de demander à ceux qui s’indignent un peu vite de le faire à bon escient. Partager sur Facebook, oui, mais il faut s’informer et réfléchir avant. Donc on est bien d’accord, les parents doivent assurer la sécurité et le confort des enfants. Et se déplacer à pied dans le noir des matins ou des soirs d’hiver peut être dangereux. Mais faut-il pour cela évoquer  une route sans lumière ni trottoir ? Cela revient à dire qu’il faudrait jusque dans nos campagnes installer de l’éclairage public, dont on connaît le coût… et l’impact nocif sur la biodiversité ? Qu’il faudrait des trottoirs aux routes de nos villages... des trottoirs dont la largeur minimale réglementaire est de 1,40 m, et tant qu’à faire, mettons un trottoir de chaque côté de la voie.

Nous sommes tous devenus trop sédentaires

Les enfants, comme leurs parents, comme nous tous aujourd’hui, n’ont plus assez d’activités physiques. Nous devrions tous faire 10 000 pas par jour, paraît-il. Le trajet vers l’école à pied ou à vélo pourrait y contribuer. Mais tous les maires vous diront que la circulation et le stationnement des voitures autour des écoles est un énorme casse-tête, tous les matins, tous les midis et tous les soirs ! Et ceux qui ont mis en place des pedibus et autres carapattes, savent qu’il faut régulièrement relancer le processus.

En tout cas, se déplacer à pied sur un peu plus de 3 km par jour n’a rien de surhumain ; mais c’est vrai qu’il faut prendre quelques précautions, et le minimum est la chasuble réfléchissante, le gilet jaune, quoi.

Pédigus, image Maif
Pédibus, sécurité avant tout

Des questions d’habitat, d’urbanisme

Pour de multiples raisons, on peut choisir d’habiter la campagne : c’est agréable, souvent, c’est aussi moins cher et quelquefois c’est une maison de famille. Avec ces héritages familiaux, nous héritons aussi collectivement de l’urbanisme breton, si le mot urbanisme convient pour la manière d’habiter en Bretagne : de multiples hameaux dispersés dans la campagne, avec deux ou trois fermes, quelquefois une seule. Tout cela relié par un réseau de chemins à charrette remplacés dans les années 60/70 par des routes goudronnées certes, mais à peine plus larges que les chemins d’autrefois.

Nous continuons à habiter ces villages où les maisons ont été rénovées, où l’on a transformé l’étable en coquette longère. Et c’est sans doute mieux que de voir ces bâtiments anciens s’effondrer en ruines. Mais pour y vivre confortablement, il faut se déplacer pour les services qui ne sont même plus au bourg, mais à la petite ville chef-lieu.

Et l’on réclame la desserte du car scolaire, la 4G (la 5G bientôt), la fibre optique D’ailleurs, Faut-il raccorder le moulin d’Alphonse Daudet?

Tout cela représente un coût pour la collectivité qui doit amener ces services. Sans parler des dépenses qu’on s’impose parce qu’on a fait ce choix d’habitat : les deux voitures pour aller travailler, le temps passé à conduire les enfants aux activités du mercredi et du samedi. Sans parler non plus des effets cumulés qu’on a évoqués dans le PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial) en cours de discussion à Questembert communauté, comme dans plusieurs autres territoires.