Lundi 29, le conseil municipal a voté, à l’unanimité !, le budget 2020. Avec des mois de retard en raison de la crise sanitaire. Un budget de transition, puisque l’année est bien avancée. Maxime Picard, adjoint en charge des finances, a répondu à mes questions.
Tu viens de prendre tes fonctions d’adjoint aux finances, dans quel état as-tu trouvé les finances de la commune ?
Les finances de la commune sont correctes ! Conseiller d’opposition, je l’avais dit au mois de février lorsqu’on a examiné le compte administratif ! C’est trop souvent une tentation pour les nouveaux élus de prétendre que la situation financière de la commune où on vient de prendre les commandes est catastrophique, souvent c’est même un argument de campagne. Rappelle-toi ce que disaient Mme Martin et ses amis en 2014 : surendettement, cavalerie financière. Rien de tout cela n’était vrai. Moi, je fais un constat honnête : la ville a été bien gérée du strict point de vue financier.
Nous n’aurions pas fait les mêmes choix et nous avons exprimé notre opposition chaque fois que nécessaire : sur la baisse – très démagogique – des taux de la taxe d’habitation, sur la suppression de l’abattement général à la base. Mais techniquement, les finances communales ont été bien gérées, et parfois même trop bien au détriment de l’activité des services.
S’il y avait 3 idées forces à retenir de ce budget que tu as présenté…
Sur les recettes, nous tenons à la baisse des tarifs de l’école de musique. Nous croyons dans cette école et nous refusons la logique actuelle qui, avec le confinement, engrainerait une possible disparition de cet outil central d’une politique culturelle. Or notre école était trop chère. Je ne comprends pas ceux qui se sont opposés à ce choix de diminution de 10% ! Notre projet est d’améliorer le service rendu à la population. Si un tarif rend un service inaccessible, il faut le baisser.
Ensuite, ce budget est marqué par la crise sanitaire : travaux qui n’ont pu avoir lieu, achats de matériels de protection, primes pour les agents qui se sont retrouvés en première ligne, et des déséquilibres en hausse du fait de l’arrêt de services « tarifés » (cantine scolaire, multi-accueil, aides à domicile, école de musique).
Enfin, nous voulions envoyer des signaux forts pour le commerce local et la culture. Nous renforçons la programmation culturelle estivale dans la limite de ce que les normes sanitaires nous permettent. Expos photos avec un circuit de déambulation pour commencer !
Les recettes fiscales vont-elles s’accroître ?
Oui, sans augmentation des taux, et c’est une décision politique. Les bases fiscales s’accroissent et nous permettent d’attendre une recette de 4439 K€, une progression de 1,6 %. Comme Boris Lemaire et moi l’avons rappelé en séance, augmenter la fiscalité d’une population globalement modeste dans une période de crise, ça n’aurait aucun sens. Donc nous nous en tenons à la marge que constituent la « hausse des bases » et la dynamique démographique.
Et les dotations de l’Etat ?
Elles vont augmenter de 55 K€, 1671 K€ contre 1616 K€ en 2019. . Evidemment, on aimerait avoir plus, mais…. Cela représente à peu près de 20 % de nos recettes, et dans les communes comparables, c’est plutôt 13-14 %.
Quelles sont les principales dépenses ?
Notre budget de fonctionnement est constitué pour moitié des salaires de nos agents. Cette masse salariale diminue légèrement cette année du fait de recrutements ralentis par la crise sanitaire. Et c’est un problème sur certains postes sensibles, car la « production » de nos services, ce sont autant de prestations en moins à faire effectuer par d’autres organismes.
Sur le reste du fonctionnement, il faudra attendre les chiffres précis à la fin de la crise sanitaire. Globalement, on s’attend à une forte augmentation du déficit du CCAS. Ce n’est pas anormal. La solidarité n’est pas faite pour être rentable et la facturation des services du CCAS a fortement baissé pendant le confinement.
Pour les investissements, nous allons caler notre stratégie pour le mandat en fin d’année. Nous partons de deux certitudes : La deuxième tranche de l’école commence sereinement et il faut que nous retrouvions un niveau suffisant d’entretien de notre voirie communale. Il est hors de question d’accumuler du retard sur ce sujet majeur pour une commune comme la nôtre. Le reste fera l’objet d’un travail collectif pour avoir une idée précise des investissements sur toute la durée du mandat.
Peux-tu parler de la dette ?
Si j’étais taquin, je dirais que la dette fin 2020 sera supérieure à celle constatée à la fin de tes mandats de maire. Mais cette dette est le fait d’investissements cruciaux, des écoles, pour notre commune. Parmi les objectifs du mandat, je souhaite que nous évaluions la valeur des biens de la commune. Quelque chose me dit que notre patrimoine vaut plus que notre dette.
Donc il s’agit de maîtriser notre dette, d’emprunter à des taux faibles – c’est le cas – et surtout de rester capable de la rembourser rapidement (4ans et demi pour nous avec une côte d’alerte à 8 ans).
De ce côté, tout est donc sous contrôle, notre budget est « rustique ».
Les grands projets pour 2020 ?
La restructuration de l’école primaire Beausoleil. Nous avons pendant ce conseil validé les choix de la commission d’appel d’offres pour 2,419 K€ (HT) de travaux. Aucune mauvaise surprise puisque nous sommes dans l’enveloppe budgétaire prévue. On peut dire qu’il en est de même pour la restauration scolaire.
Vous êtes attentifs à la vie économique, et vous avez voulu apporter votre soutien à l’activité commerciale. Comment ? Certains disent que ce n’est pas assez…
Rappelons d’abord que la compétence économique est exercée par la Communauté de Communes. J’ai rappelé en conseil communautaire qu’il fallait rapidement formaliser un plan d’actions en matière de soutien à l’économie locale. Pour seule réponse, le vice-président « développement économique » sur le départ, Philippe Moulinas, a déclaré que « le fonds de solidarité Région Bretagne/ Intercommunalités était une dépense supplémentaire… »
Au niveau municipal, nous avons mobilisé les seuls leviers entre nos mains : droits de place du marché pas facturés sur un trimestre, pas de facturation des terrasses pour les commerçants, et pas de loyer quand nous sommes propriétaire des murs d’un commerce. Le reste sera de l’animation et dépendra des discussions que mène ma collègue Jeannine Magrex avec les commerçants !
Une prime de 1000 euros pour les personnels confrontés au risque du Coronavirus, ça mérite quelques explications
Au départ, c’est une suggestion de l’Etat, mais évidemment à notre charge !
Sur le fond, il me paraît normal que les « premiers de tranchée » de la crise sanitaire soient récompensés de leur sens du service public. Nous avons donc dressé la liste des agents concernés, de la police municipale aux personnels du foyer logement (résidence autonomie), du service d’aide à domicile. Aller au travail la peur au ventre, peur pour soi-même, peur aussi de transmettre le virus d’une maison à l’autre, ce n’est pas un quotidien normal pour des agents du service public. Ils savent notre reconnaissance et nous le leur rappellerons encore le 14 juillet prochain.
Et à la maison de retraite ?
Là, je ne peux pas répondre ! Le foyer-logement (Résidence autonomie) est sous l’égide du CCAS, de la commune. D’ailleurs, la commune apporte au CCAS une subvention qui permet de payer l’annuité des travaux de modernisation commencés en 2012 et achevés en 2014. La maison de retraite du Bois Joli est un établissement hospitalier sans lien financier avec la commune ! Bien sûr le maire est de droit le président du Conseil d’administration, mais c’est la directrice qui détient l’autorité ! Juste pour rappeler, les EHPAD ont trois sources de financement : la contribution des résidents (pour leur logement, la nourriture), la Sécurité Sociale pour tout ce qui relève du soin, et le Conseil Départemental qui doit financer les prestations liées à la dépendance.
Et le budget « panneaux photovoltaïques » ?
Pas grand-chose à dire sinon que c’était un bon choix ! La vente de l’électricité produite couvre sans problème l’annuité du prêt (capital et intérêts). On est près de la fin de l’emprunt et après ce sera une recette nette pour la commune. Avec le réseau de chaleur qui chauffe les écoles, la maison de l’enfance, la commune a fait les choix qui nous préparent à devenir un Territoire à Énergie Positive (TEPOS), un territoire où l’on produit plus d’énergie qu’on en consomme.
Produire de l’énergie, la stocker ou la partager, réduire notre consommation, nous sommes engagés à Questembert sur tous les axes de cette politique décisive pour notre avenir.
Une dernière question sur l’ambiance de travail. Si j’ai bien compris, M. Juhel, élu d’opposition, est le président de la commission Finances dont tu es le rapporteur. Ça mérite une explication ou au moins un commentaire.
Oui. Au Sénat, mon ami Vincent Eblé est président de la commission des Finances. Et C’est Nicolas Sarkozy qui a instauré cette pratique à l’Assemblée. Nous avons suivi le mouvement à la Région, avec un travail de qualité de Bernard Marboeuf, élu d’opposition. Je suis membre de cette commission et je constate combien ça évacue des suspicions quant au travail des services sur le budget. C’est un gage de transparence et donc de contrôle démocratique pour les Questembertois.
Nous n’avons rien à cacher en matière de gestion communale, assumons-le. Du coup, et comme on ne peut pas demander à Anthony Juhel de présenter le budget de la majorité, il me reviendra de présenter le fruit de notre travail collégial en commission. Je le remercie d’avoir accepté cette proposition.