Zones humides, zones inondables (Histoires d’eaux 13)

Une 13ème histoire d’eaux, qui jaillit de l’épisode pluvieux des jours derniers : pas loin de 80 mm en trois jours ont gonflé les ruisseaux qui ont débordé sur les prés et recouvert les fonds de vallée. Une bonne occasion pour reparler de zones humides, de zones inondables, de zones d’expansion des crues. Et de voir comment ça fonctionne dans le vallon de Célac.

Rappel sur les zones humides
Ce n’est pas, comme me l’avait expliqué un technicien pince-sans-rire, un endroit où l’on va avec des bottes ! Plus sérieusement, une zone humide est caractérisée par la végétation présente et par la structure des sols. La végétation est plus facile à appréhender : joncs, prêles, molinies, carex, etc. Pour les sols, le répérage est un peu plus compliqué, selon que la présence d’eau est permanente ou temporaire. Avec quelquefois des effets spectaculaires quand l’abondance d’eau vient favoriser le développement de ferrobactéries (de couleur rouille) et faire penser à une pollution… dénoncée à hauts cris, comme au Resto en mars 2024. Pollution démentie par les vrais spécialistes de l’Office Français de la Biodiversité.

Mais pourquoi les préserver?
Parce qu’elles sont utiles, et même vitales
– elles régulent la ressource en eau, elles stockent de l’eau comme des éponges, elles en retardent l’écoulement et contribuent à préserver des inondations (l’eau descend moins vite);
– elles contribuent à épurer les eaux en retenant et en dégradant certaines substances; elles jouent un rôle de filtre naturel
– elles sont riches en biodiversité (et pas que pour les canards, les cygnes, et les cormorans).
D’emblée, on va se dire que les zones humides sont dans les vallées, mais il y en a aussi dans les têtes de bassin, près des sources. Comme autour de la fontaine du Hulo, la zone humide se prolonge en amont, près du chêne aux chiffons. Préservées quand elles sont dans des zones incultes, elles ont souvent été drainées dans les parcelles cultivées qu’on a voulu assainir. Beaucoup ont été asséchées par les fossés rectilignes creusés au moment du remembrement.

Des zones inondables, pour l’expansion des crues
Les ruisseaux courent lorsque leur lit est resserré, contraint par des berges qui résistent, ils s’étalent sur les prairies dès que les vallons s’élargissent. Juste à près le pont-à-tan, le courant est rapide, quelquefois ralenti par des embâcles, puis le ruisseau arrive dans un espace plus ouvert, presque plat, il prend ses aises et s’étale dans le vallon, comme il le faisait jusque dans les années 70, jusqu’au creusement de l’étang. (Et ce n’était pas à la main, mais avec les engins de l’entreprise Guimard qui avait obtenu un avenant au marché initial, voir ci-dessous, délibération de sept 74)

Délibération CM sept 1974


Cette fonction d’expansion des crues est essentielle : les eaux qui débordent sont stochées pendant quelque temps, elles sont ralenties; cela permet d’écrêter les volumes apportés par la crue et facilite l’infiltration qui vient recharger les nappes phréatiques.

Célac, zone humide inondable d’expansion des crues
Dans les années 90, un jeune énarque parachuté à Questembert pour tenter une carrière politique proposait pour lutter contre les inondations de la Claie et de l'Oust de prévoir des zones d'expansion des crues, donc inondables. Un sujet sur lequel il n'était pas tout à fait hors-sol. Sans être pourtant expert en hydraulique. 

L’histoire racontée par les photos aériennes
Il se dit et s’écrit de belles sornettes sur l’histoire de l’étang de Célac. C’était jusqu’au milieu des années 1970 une retenue liée au fonctionnement du moulin. À cette époque, le moulin a cessé son activité, et la municipalité a décidé de créer un ensemble touristique : un camping avec un étang de loisir. Ci-dessous une délibération de 1968 qui décide de lancer l’expropriation des terrains nécessaires à ce projet. Il y est fait référence à une première décision de 1963 pour l’acquisition de l’étang et du marais de Célac.

Les photos aériennes des années 50 nous montrent l’état de la retenue à cette époque. Le site GéoBretagne 1950 met en parallèle les images de 1950 et celles de 2020. La surface de la retenue doit faire environ à 2500 m² (voir l’échelle au bas de l’image). Difficile sans doute d’y faire du canotage, comme semble le montrer une image diffusée sur FB, image peut-être générée par IA.

Célac vues aériennes, années 50-2020

Enfin, pourquoi insister? je veux pas le savoir.

Une réflexion sur « Zones humides, zones inondables (Histoires d’eaux 13) »

  1. Information intéressante de la délibération municipale : l’étang a été creusé plus profond qu’initialement prévu, cela veut dire que si les plans primitifs avaient été respectés, il se serait comblé encore plus vite…
    Anecdote (qui aurait pu être tragique) : un matin, très tôt, il y a une soixantaine d’années, une commerçante, en proie à divers tracas, et voulant en finir, s’est jetée dans la retenue d’eau primitive appelée étang de Célac, réserve pour alimenter le bief du moulin de Pierre GUENEGO, mais il n’y avait pas suffisamment d’eau et la pauvre dame est restée à la surface. Se voyant prise dans la vase, elle s’est mise à crier et un quidam qui allait travailler, l’a aidée à sortir de son bourbier. Elle s’en est revenue tout « gueunée » chez elle. Le lendemain, elle était derrière son comptoir.

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