Transport scolaire : à 2km de l’arrêt de car…

Quelque chose comme une étude de cas

L’information a été publiée dans le Ploërmelais, hebdomadaire d’information locale : « Damien est censé marcher près de deux kilomètres pour prendre le car ». La maman prenait le monde à témoin de l’injustice qui était faite à son enfant. Et, relayée sur les réseaux sociaux, l’injustice a provoqué l’indignation. Sans beaucoup de commentaires car il n’y avait sans doute pas de mots assez forts pour crier cette indignation, seulement avec des émoticônes rageurs. 😡😡😡

Nous apprenons aujourd’hui que sa maman a eu gain de cause. Nous voilà soulagés.

De bonnes raisons de revendiquer

On en conviendra, la maman avait de bonnes raisons de protester et de réclamer : elle défendait le confort et la sécurité de son enfant et pouvait somme toute à juste titre souligner la rupture d’égalité, pour ne pas l’injustice dont elle était victime. Elle a défendu son point de vue et elle a obtenu gain de cause.

Que cela ne nous empêche pas d’élargir la réflexion

Et, comme souvent, de demander à ceux qui s’indignent un peu vite de le faire à bon escient. Partager sur Facebook, oui, mais il faut s’informer et réfléchir avant. Donc on est bien d’accord, les parents doivent assurer la sécurité et le confort des enfants. Et se déplacer à pied dans le noir des matins ou des soirs d’hiver peut être dangereux. Mais faut-il pour cela évoquer  une route sans lumière ni trottoir ? Cela revient à dire qu’il faudrait jusque dans nos campagnes installer de l’éclairage public, dont on connaît le coût… et l’impact nocif sur la biodiversité ? Qu’il faudrait des trottoirs aux routes de nos villages... des trottoirs dont la largeur minimale réglementaire est de 1,40 m, et tant qu’à faire, mettons un trottoir de chaque côté de la voie.

Nous sommes tous devenus trop sédentaires

Les enfants, comme leurs parents, comme nous tous aujourd’hui, n’ont plus assez d’activités physiques. Nous devrions tous faire 10 000 pas par jour, paraît-il. Le trajet vers l’école à pied ou à vélo pourrait y contribuer. Mais tous les maires vous diront que la circulation et le stationnement des voitures autour des écoles est un énorme casse-tête, tous les matins, tous les midis et tous les soirs ! Et ceux qui ont mis en place des pedibus et autres carapattes, savent qu’il faut régulièrement relancer le processus.

En tout cas, se déplacer à pied sur un peu plus de 3 km par jour n’a rien de surhumain ; mais c’est vrai qu’il faut prendre quelques précautions, et le minimum est la chasuble réfléchissante, le gilet jaune, quoi.

Pédigus, image Maif
Pédibus, sécurité avant tout

Des questions d’habitat, d’urbanisme

Pour de multiples raisons, on peut choisir d’habiter la campagne : c’est agréable, souvent, c’est aussi moins cher et quelquefois c’est une maison de famille. Avec ces héritages familiaux, nous héritons aussi collectivement de l’urbanisme breton, si le mot urbanisme convient pour la manière d’habiter en Bretagne : de multiples hameaux dispersés dans la campagne, avec deux ou trois fermes, quelquefois une seule. Tout cela relié par un réseau de chemins à charrette remplacés dans les années 60/70 par des routes goudronnées certes, mais à peine plus larges que les chemins d’autrefois.

Nous continuons à habiter ces villages où les maisons ont été rénovées, où l’on a transformé l’étable en coquette longère. Et c’est sans doute mieux que de voir ces bâtiments anciens s’effondrer en ruines. Mais pour y vivre confortablement, il faut se déplacer pour les services qui ne sont même plus au bourg, mais à la petite ville chef-lieu.

Et l’on réclame la desserte du car scolaire, la 4G (la 5G bientôt), la fibre optique D’ailleurs, Faut-il raccorder le moulin d’Alphonse Daudet?

Tout cela représente un coût pour la collectivité qui doit amener ces services. Sans parler des dépenses qu’on s’impose parce qu’on a fait ce choix d’habitat : les deux voitures pour aller travailler, le temps passé à conduire les enfants aux activités du mercredi et du samedi. Sans parler non plus des effets cumulés qu’on a évoqués dans le PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial) en cours de discussion à Questembert communauté, comme dans plusieurs autres territoires.

11 novembre, moment de mémoire

Nous ne serons pas ensemble ce matin au pied du monument aux morts de notre commune pour marquer le souvenir de la Grande Guerre. En notre nom à tous, le maire déposera une gerbe en l’honneur de tous les combattants tombés au champ d’honneur. Mais chacun de nous peut, doit même, prendre un moment pour se remémorer le sacrifice de nos soldats.

Dans son recueil Le Roman inachevé, le poète Louis Aragon évoque l’effacement du souvenir des poilus (La Guerre et ce qui s’en suivit)

Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri

Léo Ferré a mis en musique plusieurs strophes de ce poème

Ce 11 novembre 2020, Maurice Genevoix, l’auteur de Ceux de 14, entre au Panthéon. Témoin de la Grande Guerre, il a combattu jusqu’à ce jour de 1915 où il est touché de trois balles; grièvement blessé, il est réformé, et à la demande d’un de ses amis de l’Ecole Normale Supérieure, il commence à retranscrire ses souvenirs qui seront rassemblés dans le livre.

Couverture de Ceux de 14

Avec lui, célébrons ce 11 novembre, date consacrée comme fête nationale depuis 1922, une sorte de culte républicain, une cérémonie civique destinée, non pas à valoriser la guerre, mais à manifester l’hommage de la Patrie aux citoyens, comme nous le faisons aujourd’hui.

Je dis bien la patrie, car la notion de patrie peut nous rassembler dans la fraternité, alors que l’idée de nationalisme porte le germe du refus de l’autre, du refus de l’étranger, le venin de la haine. Et je voudrais citer quelques mots du grand ethnologue Claude Lévi-Strauss prononcés sous la coupole de l’Académie Française, le 13 mai 2005 : « J’ai connu, disait-il, une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent. Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains, qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble. L’humanité, poursuivait-il, est devenue sa propre victime. »

Écoutons bien la leçon de Lévi-Strauss, ne nous laissons pas abuser par les chants funèbres des nationalistes comme Maurras, Déroulède ou Barrès qu’on a surnommé le rossignol des carnages; ou bien, fredonnons Gottingen la chanson plus légère, mais plus humaine, de Barbara:

Et tant pis pour ceux qui s'étonnent
Et que les autres me pardonnent
Mais les enfants ce sont les mêmes,
A Paris ou à Göttingen
O faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j'aime,
A Göttingen, à Göttingen

Par Le Grand Condé — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29115923

La taxe foncière, un marronnier au mois d’octobre

Dans la presse, on appelle marronnier un article qui tombe à peu près toujours à la même période, le modèle de base étant le marronnier en fleurs. Chaque année, quand tombent les marrons, tombent aussi nos taxes foncières, et la presse nous ressert le même marronnier : la taxe foncière a bondi de 30 % en dix ans. La presse reprend ainsi la communication de l’UNPI (Union Nationale de la Propriété Immobilière)… sans y porter un regard critique.

Le marronnier en fleurs (Par Alina Zienowicz Ala z — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2171768)

« La taxe foncière a flambé en 10 ans »

C’est le titre de l’article d’Ouest France le jeudi 22 octobre dernier. Le Point, de son côté, parle de la hausse COLOSSALE de la taxe foncière en 10 ans en se référant à une information « dévoilée au Parisien ». Ah! la force persuasive du secret dévoilé! Presque tous les organes de presse reprennent les  éléments de langage fournis par l’UNPI dans 4 documents très bien faits.

  1. Les résultats de l’Observatoire des Taxes Foncières pour la période 2009-2020
  2. Le dossier de presse Observatoire des Taxes foncières 14ème édition
  3. Taxes foncières : augmentation de 34,7 % en dix ans (communiqué de presse)
  4. Diaporama présenté à la presse.

Désinformation ? Fake-news ? Non, tout est vrai : l’UNPI souligne même que l’augmentation des taxes est en partie liée à la revalorisation des bases locatives par le parlement : chaque année, le Parlement vote un taux de revalorisation des bases locatives qui est à peu près celui de l’inflation. Car si l’on calculait l’augmentation en déduisant l’inflation, on en serait à un peu plus de l’accroissement constaté, et ce serait moins colossal ! Si on se rapporte au calculateur d’inflation, entre 2009 et 2019, l’augmentation des prix est proche de 12 %.

Et pendant ce temps-là, les loyers ?

D’une région à l’autre, et même plus précisément d’une ville à l’autre, l’évolution peut varier, mais pour avoir une idée globale, on peut se référer à l’IRL (indice de révision des loyers) : de 2009 à 2019, l’IRL est passé de 117,41 à 130,26. Pas de grande surprise, cela ressemble à l’inflation.

La flambée de l’immobilier

La valeur locative, base de l’imposition foncière, est désormais largement fictive : malgré la revalorisation annuelle votée au parlement, le point de départ de ces valeurs locatives remonte à la fin des années 70, les constructions nouvelles sont évaluées par rapport à des locaux de référence. Une réforme globale des bases serait appliquée en 2023, elle tiendra compte des loyers réels pratiqués. On aura ainsi un lien avec la valeur de la propriété.

Mais qu’est-ce qui fait la valeur d’une maison ou d’un appartement ? D’abord, la surface, le confort. Mais aussi sa situation : une maison en presqu’île de Rhuys est plus attrayante qu’une maison à … Questembert, par exemple. Et puis également, les aménités offertes par la ville : les commerces, les services publics ou les services marchands. Et les politiques municipales peuvent avoir un effet massif sur l’attractivité d’une ville. Pour prendre l’exemple de Nantes – où les taxes foncières ont augmenté fortement – est-il besoin de rappeler tout ce qui a été fait pour améliorer la vie des habitants ? Le tramway, mais aussi la Folle Journée ou le Voyage à Nantes. En ce moment, on voit, à Rennes, l’effet de la construction de la nouvelle ligne de métro : les prix des appartements situés sur le parcours augmentent considérablement. N’est-il pas cohérent que les propriétaires paient un peu plus de taxes foncière, eux dont les biens prennent de la valeur grâce aux investissements financés par les impôts? Ci-dessous, une infographie du Figaro : au moins 20% de plus-value sur 5 ans à Rennes.

Prix de l’immobilier à Rennes Le Figaro

Des éléments de langage qui devraient être nuancés

Notre quotidien régional, qui se revendique de la tradition démocrate chrétienne (Justice et liberté), s’honorerait de ne pas se contenter de reprendre les éléments de langage fournis par un lobby puissant, l’UNPI. Sous un autre éclairage, le citoyen pourrait se faire un jugement plus nuancé.

Justice et liberté

Le PCAET notre affaire à tous

Le PCAET, Plan Climat Air Énergie de Territoire, arrive dans sa phase de « consultation numérique » : tous les habitants de notre communauté sont invités à donner leur avis, à faire leurs propositions jusqu’au 19 novembre. Dans le contexte d’urgence climatique et dégradation de l’environnement que nous connaissons, il est essentiel que les citoyens s’emparent de ces questions. Le PCAET est notre affaire à tous. Boris Lemaire, premier vice-président de Questembert Communauté, en charge du développement durable et de la transition énergétique, nous parle des enjeux de ce PCAET.

Boris Lemaire en avait déjà parlé dans son message diffusé le 27 octobre. Il approfondit ses réponses dans cette interview.

https://www.youtube.com/watch?v=tyqoC1fPv6U&feature=youtu.be
Le message de Boris Lemaire

Les questions d’environnement étaient au cœur du programme que tu as porté pour les élections municipales, ta position au conseil communautaire va te permettre d’agir à l’échelle de tout le territoire.

Oui, clairement, les conseillers communautaires ont pris conscience de l’urgence d’agir. Il peut y avoir des nuances mais il y a un quasi-consensus. Et je pense que la plupart d’entre eux se retrouvent dans les thèmes que nous avons développés.

En quelques mots, peux-tu rappeler ce qu’est le PCAET ?

Le PCAET a été initié par la loi Grenelle 2 et formalisé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Toutes les communautés de plus de 20000 habitants sont tenues d’élaborer leur PCAET qui doit être en conformité avec le SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) (Voir le SRADDET de Bretagne ici)

Ça peut paraître du jargon de technocrate – ça l’est un peu aussi – mais nous devons nous en tant qu’élus de terrain nous approprier ces enjeux et les faire partager avec tous les citoyens.

Mais le PCAET  de Questembert Communauté a déjà été présenté ?

En effet, la communauté a lancé le processus en 2018 dans un projet partagé avec Arc Sud Bretagne, Ploërmel Communauté et OBC. Le cabinet spécialisé E6 a été choisi pour mener l’opération. Avec le groupe de pilotage des élus, le cabinet a produit un diagnostic illustré par la synthèse ci-dessous.

Synthèse du diagnostic
La synthèse du diagnostic

Après une phase de concertation, d’un côté avec les acteurs économiques et sociaux du territoire et de l’autre à travers des séances de théâtre forum ouvertes au public, les élus ont validé un plan d’actions qui porte sur tous les secteurs d’activité.

Mais plus précisément, qu’est-ce qu’il y a dans un PCAET ? C’est un PLAN, alors ?

Oui, et les actions sont organisées autour de 5 axes stratégiques
Axe 1 – Vers des collectivités exemplaires
Axe 2 – Vers un territoire d’économie locale et circulaire
Axe 3 – Vers un territoire à l’urbanisme et aux mobilités durables
Axe 4 – Vers un territoire sobre et efficace en énergie
Axe 5 – Vers un territoire adapté au climat de demain

Axes stratégiques du PCAET
Les 5 axes stratégiques

Mais c’est une liste très abstraite, des exemples plus concrets ?

Oui, ainsi le conseil communautaire du 2 novembre (à huis clos, en raison des contraintes sanitaires) a débattu de la création d’une plate-forme bois-énergie : le bois est une énergie renouvelable, mieux le valoriser est une façon de réduire notre empreinte carbone et notre dépendance énergétique. Nous avons aussi délibéré sur le projet de recyclerie, un moyen de réduire nos déchets (économie circulaire). Les questions de mobilité ont également été abordées : le transport est un des postes importants des dépenses énergétiques.
Donc on est déjà dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin et pour cela nous devons tous nous impliquer. La stratégie globale est visualisée dans l’image ci-dessous : Devenir un territoire à énergie positive en 2050.

Devenir un TEPOS en 2050
TEPOS en 2050

Devenir un TEPOS ? Un sigle de technos déjantés  ?

Non, malgré les apparences, c’est très sérieux : on est un TEPOS, un territoire à énergie positive, quand le territoire produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. En agissant dans deux directions:
– réduire notre consommation par exemple sur le transport et dans l’habitat
– augmenter la production : électricité solaire, photovoltaïque, éolienne.

Mais seulement en 2050 ? C’est l’objectif fixé !

Je crois qu’on peut faire mieux et atteindre cet objectif plus vite. Mais cela de notre mobilisation à tous. Alors je vous invite à participer à la consultation numérique sur la plate-forme participative Dites nous tout

Vous y retrouverez la présentation du projet et une invitation à participer à la réflexion collective avec

  • un questionnaire Que peut-on changer dans notre quotidien pour préserver l’environnement?
  • Et une boîte à idées. La plate-forme est ouverte jusqu’au 19 novembre et il y a déjà plein de bonnes idées en ligne : vous pouvez soutenir des idées proposées, les commenter, et apporter les vôtres.

Agir pour le climat, avec le PCAET, c’est notre affaire à tous.

Pour aller plus loin
Le magazine municipal de Questembert, distribué dans les boîtes aux lettres, consacre une page au PCAET (page 16) et à la consultation en cours jusqu’au 19 novembre.
La lettre info de Questembert Communauté, distribuée dans vos boîtes aux lettres consacre 2 pages au PCAET. Vous trouvez cette lettre info aussi sur le site de la CC. (pages 8 et 9)
et aussi
Le document de lancement du PCAET
La stratégie retenue (synthèse)
Le diagnostic initial (synthèse)
Le plan d’actions (synthèse)
Une présentation plus générale des PCAET
Une autre présentation plus abordable

Changement climatique? Ce qu’on en pense au pays de Trump:

NO global warming
– Bon, cette tempête de glace prouve bien qu’il n’y a pas de réchauffement global
– En fait, maman, le réchauffement brise les modèles climatiques, produisant ainsi des phénomènes météo extrêmes
– Tais-toi, la fille, si je veux apprendre la science, j’ouvrirai la Bible
(Los Angeles Times 2014)