Chaque jour ou presque, la presse locale nous montre l’action des maires face à la crise du coronavirus : ils/elles assument leur rôle de tout leur cœur. D’abord, parce qu’ils doivent assurer la continuité du service public, mais aussi parce qu’ils sont au plus près des attentes et des besoins de nos concitoyens, surtout des personnes isolées et fragiles.
En première ligne
En ces temps de défiance généralisée envers les « politiques » les maires sont les élus à qui les citoyens accordent encore une forte crédibilité. Comme on l’a vu de façon très nette aux élections du 15 mars : beaucoup de communes avec une seule liste – ce qu’on peut regretter – et lorsqu’il y avait plusieurs listes, les sortants ont souvent été réélus haut la main. Il y a bien sûr des exceptions.
Assurer la continuité des services publics, c’est d’abord répondre aux obligations de base pour l’Etat-civil, mais aussi maintenir la propreté de la ville, faire respecter les règles de confinement définies par le gouvernement et précisées par les arrêtés préfectoraux. Dans une période difficile comme celle-ci, les services sociaux sont en veille maximum : il faut éviter que le confinement nécessaire ne soit pas aggravé par l’isolement des personnes les plus fragiles: CCAS, services d’aide à domicile, mobilisation du voisinage (des voisins bienveillants, plutôt que des voisins vigilants!)
Les élus sont aussi attentifs aux effets économiques de la crise : soutien aux entreprises locales et spécialement aux petits commerces. Beaucoup ont sollicité avec insistance le préfet pour obtenir la réouverture des marchés de proximité. Ils se préparent aujourd’hui à la réouverture des écoles, après le 11 mai, début promis du déconfinement. Et ce ne sera pas simple.
Certains en font trop ?
Il est important que l’action des élus soit rendue visible aux habitants, à travers la presse, les réseaux sociaux, enfin les moyens de communication habituels. A Morlaix, par exemple, la maire s’adresse aux habitants presque une fois par semaine en vidéo, et la page FB de la ville de Morlaix est mise à jour très régulièrement. Il faut aussi que les élus soient présents sur le terrain. Comme le dit Gaëlle Berthevas, maire de St-Abraham, dans la lettre de l’ARIC : ce qui est essentiel c’est de « maintenir le contact, garder le lien, « être là » et savoir qu’ils peuvent compter sur nous et appeler à tout moment. »
Sans doute peut-on avoir l’impression que certains en font trop. Comme Lariflette, autrefois, dans Ouest-France,ils sont tous les jours dans le journal. Mais n’est-ce pas mieux que d’être presque aux abonnés absents ?
Les employés qui assurent
Les élus passent le message et c’est bien, mais derrière leur communication, il y a le travail dans l’ombre des employés communaux ou intercommunaux. Eh oui, des fonctionnaires ! Totalement engagés dans le service public. Et, somme toute, c’est justice qu’ils soient mis au premier plan de la communication. Comme dans cette interview du responsable du CCAS de Questembert aux Infos du Pays Gallo.
Fédérer les bonnes volontés: des exemples pour s’inspirer
Faire face à la crise, c’est mobiliser les ressources qui sont à disposition, ressources matérielles et ressources humaines. Mais les élus en responsabilité doivent aussi fédérer les bonnes volontés. Comme par exemple, en Ille-et-Vilaine, l’initiative emmenée par Marie-Pierre Vedrenne, députée européenne, pour relayer les solidarités citoyennes.
Ou bien encore, à Nantes, la maire Johanna Rolland, pourtant touchée elle-même, a fait le pari du rassemblement en proposant aux responsables des listes concurrentes de coopérer dans la réponse aux multiples problèmes que pose la pandémie.
Le titre de mon blog annonce « un regard citoyen » ; et voilà près d’un mois que je n’ai rien publié. Et pourtant, je rumine plusieurs sujets : le rôle des élus face à l’épidémie, les fake news fausses informations relayées massivement, et d’abord la quasi impossibilité d’une réflexion sereine. Car nous avons désormais pas loin de 60 millions de spécialistes d’infectiologie, de stratégie sanitaire, et de prospective sur le passé.
Cygnes noirs, merles blancs
Ils n’ont rien prévu ! Et pourtant tout le monde savait. La catastrophe était prévisible. En tout cas, c’est ce qu’on entend tous les jours ces temps-ci. Mais connaissez-vous l’histoire des cygnes noirs ? Tant qu’on n’a pas découvert, fin XVIIème siècle, des cygnes noirs en Australie, il est admis que tous les cygnes sont blancs. L’expression très ancienne, comme le merle blanc chez nous, est reprise dans un livre de Nassim Nicholas Taleb publié en 2007 consacré aux crises financières. Le cygne noir désigne un événement à trois caractéristiques :
Il est absolument imprévisible, complètement improbable, hors de toute attente normale ;
il a des conséquences massives : rien ne sera plus comme avant !
Dès qu’il est advenu, il devient rétrospectivement prévisible : après coup, il est évident que tous les indices étaient là, sauf que personne ne les avaient vus !
D’ailleurs, Isabelle This Saint-Jean, professeur d’économie à Paris XIII et secrétaire nationale du PS, en fait la brillante démonstration dans un article de Libération, le 21 mars, Le Cygne noir et les aveugles.
En effet, tous les signes avant-coureurs étaient bien là ! D’abord, une épidémie massive était inéluctable. Nous l’avions échappé belle avec la grippe H1N1 en 2009. Mais qui ne s’est pas gaussé de Mme Bachelot et de ses millions de dose de Tamiflu, sans parler des 2 milliards de masques ? A commencer par Elise Lucet dans cette émission de 2010 (à voir ici). Ce stock encombrant a fondu, il n’a pas été renouvelé, et ces milliards de masques nous manquent aujourd’hui.
Il est vrai qu’on a aussi peu à peu privé l’hôpital public de moyens. La mise en place de la tarification à l’activité (T2A) en 2007, par la loi HPST de la même Madame Bachelot a lancé la machine infernale dont nous mesurons les dégâts aujourd’hui : suppression de lits d’hôpitaux, réduction des effectifs de soignants, etc.
Et l’on pourrait faire la liste de toutes les décisions qui ont conduit à nous mettre en grande difficulté face à la pandémie. Mais, il faut quand même se rappeler que nous avons par des votes successifs et des majorités démocratiquement désignées mis au pouvoir et soutenu les dirigeants qui ont pris ces décisions !
Nous avons collectivement admis qu’il fallait payer moins d’impôts et nous nous plaignons maintenant de la dégradation des services publics ! Ah, oui vous allez m’expliquer que vous ne souhaitez payer moins d’impôts, mais que vous réclamez plus de justice fiscale. En fait, la justice fiscale, c’est quand moi je paie moins d’impôts et quand les autres apportent leurs justes contributions !
Ils savaient? Je dirais même que c’est voulu !
L’aveuglement collectif peut entraîner plus loin, vers des fantasmes complotistes. Non seulement, on refuse de voir l’enchaînement de décisions auxquelles nous avons consenti mais on cherche des responsables, et bien sûr on les trouve. Dans les situations de crise, on trouve toujours des boucs émissaires. Le gouvernement bien sûr, mais plus globalement, les « princes qui nous gouvernement », les élites du « système » qui sont forcément contre le peuple. D’où l’engouement pour le Professeur Raoult, vu comme le modèle de l’antisystème, alors qu’il est un grand professeur mandarin bien classique. Car non seulement ces responsables irresponsables n’ont pas agi à temps mais ils ont caché au peuple ce qu’ils savaient ; et bien sûr, ils savaient tout ! En tout cas, c’est des « informations » qu’on trouve sur internet en particulier avec le hashtag #ilssavaient. Et on n’est pas loin de sortir la guillotine : « Ils savaient et n’ont rien fait. Des têtes doivent tomber! » Déferlement de haine, évidemment à partir d’informations tronquées ou carrément fausses. Lire par exemple cet article de La Croix Coronavirus : #IlsSavaient, la colère contre les élites s’exprime sur Twitter.
Plus fort encore, non seulement, ils n’ont rien fait, mais au fond, cela fait partie d’un plan secret. Un plan chinois contre Taiwan, un plan de la CIA contre la Chine, un plan de Bill Gates contre l’Afrique… J’entendais parfois dans mon enfance : « Mais tout ça c’est voulu! » Rien n’aurait donc changé ?
L’incurie, l’impéritie, la gabegie…
Je fais exprès d’employer des grands mots, parce que ça fait encore plus peur. J’ai mal à la tête, bon ça fait mal, j’ai des céphalées, alors ça devient grave, je souffre de céphalalgie, vite appelons le SAMU. Alors je traduis:
l’incurie : ils s’en foutent
l’impéritie : c’est des nuls
la gabegie : le désordre et le gaspillage
Voilà en résumé ce qui se dit de nos dirigeants ; rien de neuf, là non plus. Sauf que dans le contexte, aucun pays ne semble avoir trouvé des réponses complètement satisfaisantes ! Car les comparaisons restent hasardeuses, aussi bien sur le nombre des malades, des personnes touchées mais asymptomatiques. Bien malin qui s’y retrouve dans les chiffres publiés ici et là, comme le montre cet article du Monde « Infections, tests, courbes ou données brutes : bien lire les chiffres sur le coronavirus. »
Gouverner, c’est prévoir, me rappelait un de mes correspondants sur les réseaux sociaux. Mais qui peut prévoir l’imprévisible ? Et dès lors, comment faire autrement que piloter presque à vue (dans le brouillard) en s’appuyant sur des conseils divers et, sans doute, compétents ?
Ceux qui ne devraient pas trop la ramener
Evidemment, certains tentent de surfer sur les difficultés. Mais, comme le rappelait X. Bertrand, « il y en a qui ne devraient pas trop la ramener ! » Sans remonter sur les choix politiques qui ont réduit les moyens dédiés au service public de santé, où les responsabilités, comme on l’a vu, sont largement partagées, revenons sur le premier tour des élections municipales. Dans les jours qui précèdent, la question se pose : faut-il les maintenir ? Je citerai seulement une réponse du leader officiel d’un grand parti politique : « Reporter les élections municipales serait un coup de force institutionnel » et une « utilisation de la crise sanitaire pour éviter une débâcle électorale ». Et il suffit de chercher un peu pour trouver que tous les caciques des partis tenaient à peu près ce même discours. Quelques jours plus tard, le ton avait changé : « une folie d’avoir maintenu ce premier tour ; on a mis en danger les électeurs et tous ceux qui tenaient les bureaux de vote. » Sans parler de tous ceux qui minimisaient le risque sanitaire « une grippette » et qui maintenant disent que le gouvernement n’a pas su voir venir la menace.
Le cynisme, ennemi intime de la démocratie
Dans le tohu-bohu, la confusion que provoque la pandémie, je conçois que l’on fasse des erreurs d’appréciation, par exemple qu’on pense à l’instant T qu’il vaut mieux garder le calendrier des élections tel qu’il était prévu, et qu’on se rende compte peu après qu’il aurait mieux valu les reporter. Mais pourquoi ne pas avouer l’erreur ? Pourquoi affirmer le juste contraire de ce qu’on disait quelques jours avant ? Cela s’appelle du cynisme de basse politique, le pire ennemi de la démocratie dans la crise que nous traversons.
Le monde d’après?
Que sera le monde d’après la pandémie ? Là encore, les prévisions sont difficiles. Une des rares certitudes : une dépression économique profonde, dont nous mettrons du temps à sortir. Choisirons-nous collectivement de redonner des moyens à nos services publics de santé, aux établissements d’accueil de personnes âgées ? Accepterons-nous de reconnaître la valeur de ce qu’apportent à notre pays les petites mains des métiers indispensables, ces « gens de peu » qui, quoi qu’en disent certains, ne sont pas des « gens de rien » ?
Tiens, voilà des questions qui pourraient l’objet d’un grand débat.
Le confinement nous a privés du rassemblement annuel devant le monument aux morts pour marquer le 19 mars, pour commémorer la date de la fin de la guerre d’Algérie, la signature des accords d’Évian entre le gouvernement français et les représentants du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne). Nous n’étions pas devant le monument aux morts parce que nous sommes aujourd’hui dans un autre combat, contre la pandémie qui nous menace. Et ce combat nous impose de rester confinés, à distance de nos parents, de nos amis, de nos voisins. Je crois cependant utile de vous faire partager mes réflexions, comme je l’ai fait chaque 19 mars entre 1995 et 2014.
Les décorés de 2013 devant la stèle du 19 mars
Les grands frères y étaient
Evidemment, je n’ai pas participé à cette guerre, les derniers appelés à y aller sont de la classe 62, cinq ans plus âgés que moi. Mais un de mes frères y était, ainsi que des cousins, et par la suite j’ai noué des relations amicales avec des anciens d’Algérie. Très peu en parlaient, mais leurs silences étaient plus éloquents que les vantardises de quelques fanfarons.
Un de mes cousins, Gabriel Launay, a donné un témoignage plein de retenue sur la vie des appelés en Petite Kabylie : « N’ai-je été qu’un pioupiou? »
La Guerre sans nom
De 1954 à 1962, ils ont été près de 3 millions à participer aux « opérations de maintien de l’ordre », aux « événements d’Algérie », selon les éléments de langage de l’époque. A ces hommes silencieux, Bertrand Tavernier et Patrick Rotman ont donné la parole dans un livre et un film« La Guerre sans nom.»
En 1992, pour commémorer les 30 ans des accords d’Evian, l’Iris cinéma, repris en mains par une nouvelle équipe, avait organisé sur ma proposition une diffusion du film de Tavernier, en partenariat avec la FNACA (Fédération National des Anciens Combattants d’Algérie). La FNACA, de son côté, avait présenté une exposition à la Salle Alan Meur. Le film avait été projeté sur 3 séances pour près de 1100 entrées.
En effet, il a fallu attendre 1999 pour que le Parlement accepte de donner le nom de guerre à ce qui n’était jusqu’alors « qu’événements, pacification, ou maintien de l’ordre. »
Une guerre sans date jusqu’en 2012
Mais la guerre sans nom restait une guerre sans date commémorative.En 2002, l’Assemblée avait voté pour retenir le 19 mars comme date de souvenir, mais le sujet n’avait pas été mis à l’ordre du jour du Sénat. Puis le président Chirac a instauré le5 décembre comme « journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie, au Maroc et en Tunisie ». Une date qui ne correspond à aucun événement notable, à rien d’autre sans doute que la volonté de trouver un consensus mou susceptible de ne pas raviver plus encore les mémoires conflictuelles des différents groupes mémoriels.
C’est un loi adoptée en novembre 2012, sous la présidence de F. Hollande, qui fait du 19 mars une « journée souvenir de la Guerre d’Algérie« et donne plus de cohérence à la reconnaissance de cette page sombre de notre histoire commune. Mais elle ne fait toujours pas l’unanimité…
Elle ne satisfait sans doute pas les partisans de l’Algérie françaiseréunis dans l’OAS.Elle ne satisfait pas non plus la communauté des « Pieds noirs » rapatriés dont plusieurs centaines d’entre eux ont laissé la vie sur leur terre natale dans les semaines qui ont suivi la signature des Accords d’Evian, entre le 19 mars et le mois de juillet 1962…
Elle ne satisfait pas les harkis abandonnés par la Métropole française dans l’Algérie nouvelle du FLN qui les considérant comme des « traîtres » en massacrera des centaines, des milliers…
Avant et après le 19 mars 1962
Alors que Mendès-France avait réussi à terminer la guerre d’Indochine par les accords de Génève en juillet 1954, les attentats de la Toussaint 54 marquèrent le début du conflit algérien. Et le 5 février, le gouvernement Mendès-France est mis en minorité alors qu’il vient de présenter de très modestes mesures d’émancipation de la population musulmane d’Algérie. L’engrenage est lancé : les gouvernements successifs se laissent entraîner vers le pire.
Le 13 mai 1958, les gaullistes et les pieds-noirs prennent d’assaut le siège du gouverneur général à Alger et créent un Comité de Salut Public qui exige le retour au pouvoir du Général de Gaulle, seul capable à leurs yeux de maintenir les 3 départements algériens sous l’autorité française. Et en effet, le 5 juin 1958, à Mostaganem, le général conclut son discours en s’écriant : Vive l’Algérie Française. On comprend que lorsqu’il sera amené à négocier avec les représentants algériens et à présenter le référendum sur l’autodétermination, ce sera vécu comme une trahison par les partisans de l’Algérie Française.
https://youtu.be/HiyO7wHpbyA
C’est pourquoi, la signature des accords n’arrêtera pas grand-chose : l’OAS va perpétrer de nombreux attentats terroristes. Des centaines de milliers de pieds-noirs vont quitter l’Algérie, laissant derrière eux la plupart de leurs biens, et surtout le souvenir d’une terre à laquelle ils étaient viscéralement attachés. Les Algériens qui avaient choisi de combattre aux côtés de l’Armée Française, les harkis, vont être abandonnés à la vindicte des nationalistes : là encore des centaines de milliers de victimes. Quant à ceux qui sont parvenus à se replier en France, ils ont été parqués dans des camps et relégués dans la misère.
Une date, une marque dans le temps
Le 19 mars a été retenu comme date commémorative comme le sont le 11 novembre ou le 8 mai. Une comparaison provocante ? Non. Le 11 novembre marque la fin de la Grande Guerre, la victoire sur l’Allemagne impériale, la victoire de la patrie, de tous les citoyens levés pour la défense de leur pays. Mais le souvenir de cette victoire doit-il effacer les boucheries inutiles lancées par des généraux imbéciles qui considéraient leurs soldats comme de la chair à canon ? doit-il nous faire oublier que cette guerre a été le suicide collectif de la vieille Europe ?
Le 8 mai nous rappelle la victoire des démocraties sur la dictature nazie. Cette victoire efface-t-elle complètement la déroute de 1940, la collaboration pétainiste, les exactions des miliciens, les dérives de certains résistants de la dernière heure, pour ne laisser en pleine lumière que la gloire du sursaut gaulliste, du combat de l’armée des ombres, de la marche de la 2ème DB ?
Et justement, le 8 mai 1945, c’est aussi le jour où s’était noué le drame algérien, à Sétif : alors que toute l’Europe fêtait la victoire des démocraties sur la barbarie hitlérienne, la révolte des Algériens contre l’injustice avait abouti à un massacre qui fit des milliers de victimes, 8000 selon les estimations les plus sérieuses. Par cette répression sanglante, nous signifiions un déni absolu des valeurs que nous proclamons : la France pays des droits de l’homme, en théorie, mais guère en pratique.
Le général Duval, dans son rapport, au général Henry Martin, écrivait : « Depuis le 8 mai, un fossé s’est creusé entre les deux communautés. Un fait est certain, il n’est pas possible que le maintien de la présence française soit exclusivement basé sur la force ». Et Albert Camus, dans le journal Combat, notait : « Les Français ont à conquérir l’Algérie une deuxième fois. Pour dire tout de suite l’impression que je rapporte de là-bas, cette deuxième conquête sera moins facile que la première… C’est la force infinie de la justice, et elle seule, qui doit nous aider à reconquérir l’Algérie. »
La force infinie de la justice, disait-il. Nous savons tous qu’il n’en a rien été et les anciens combattants de cette guerre en gardent les marques dans leurs corps et dans leurs âmes.
Rendez-vous au 19 mars 2021
Nous n’avons pas pu nous rassembler autour de notre monument aux morts pour la cérémonie traditionnelle . Je souhaite que nous puissions tous nous retrouver l’an prochain. Alors n’oublions pas les faits : les combats, les embuscades, les bombes, les atrocités. Mais tâchons de les éclairer par la réflexion, sans parti-pris pour comprendre et faire comprendre aux générations futures. Ce travail de vérité constitue un ciment puissant pour notre communauté nationale car il lui permet d’édifier de plus solides fondations pour son avenir.