Il y a quelques jours, j’ai entendu distraitement un micro-trottoir recueilli dans une manifestation des anti-passe/anti-vax. « Nous ne sommes plus en royauté quand le prince pouvait dicter le comportement de ses sujets. La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, c’est le peuple qui dit ce qui doit être fait. Et là, on a un gouvernement qui fait le contraire de la volonté des citoyens. » La manifestante semblait se poser en porte-parole du peuple, pour ne pas dire qu’elle en était la pure incarnation.
De meilleurs spécialistes de science politique sauront dire mieux que moi que la volonté du peuple s’exprime de façon plus élaborée, plus nuancée, à travers des représentations majoritaires et que les majorités cependant ne sont légitimes que si elles savent respecter les minorités.
Plus simplement, je m’attarderai sur l’affirmation de base : « La démocratie, c’est le pouvoir du peuple. » Le peuple n’a plus de maître, le peuple est le maître. En somme, c’est qui le patron ? Et cela m’a remis en mémoire une des fables du bon La Fontaine, moins célèbre que Le Loup et l’agneau ou Le Corbeau et le renard, mais intéressante cependant : L’œil du maître.
En voici le résumé, mais il faut lire ou écouter la fable pour l’apprécier totalement : dans l’étable, personne n’a rien vu d’anormal, mais le maître arrive et repère le détail qui a échappé à tous : il y a un cerf au milieu des bœufs de l’étable… Car, il n’est pour voir que l’œil du maître, conclut le fabuliste.
La leçon vaut encore aujourd’hui, si l’on se rappelle que le maître en démocratie, c’est le peuple tout entier. C’est-à-dire chacun d’entre nous qui va constater une anomalie quelque part : le panneau qui manque, le bâtiment qui reste éclairé, le nid de poule qui est en train de se creuser.
Rien de plus facile en ce cas que de passer un message à la mairie, soit par téléphone, soit par courrier, soit en utilisant le formulaire de contact prévu sur le site de la commune (mais difficile à trouver au bas du bas de la page d’accueil!)
Voilà justement un problème signalé !
Le regard du citoyen peut très bien ne pas se limiter à des observations ponctuelles, mais il peut conduire à poser des questions plus générales sur les projets en cours, sur des réalisations plus vastes, sur les finances communales, par exemple « combien coûte telle ou telle opération ? » Votre questionnement, votre point de vue contribueront globalement à éclairer le débat… Et je suis sûr que vous ne serez pas seul !
Réunions de quartier
Le COVID a bousculé notre vie quotidienne et bien sûr la vie municipale. La municipalité annonce les prochaines réunions de quartier La première, pour le secteur ouest est programmée pour le 22 janvier à 10 h en mairie. Voici le calendrier des suivantes:
- Quartier Est 29 janvier, à 10h à l’Ecole élémentaire Beau Soleil
- Quartier Nord 26 février à 10h à Questembert Communauté
- Quartier de Bel-Air à 10h à Questembert Communauté
- Quartier du Centre-ville le 12 mars à la salle Alan Meur
Pour préparer les réunions, la municipalité a mis en ligne un canevas de questions sur différents thèmes. Avec d’abord une appréciation générale ; ensuite le questionnaire vous invite à donner votre avis sur la voirie, les déplacements, la sécurité, la propreté et la qualité des espaces publics, les commerces. Rien n’interdit évidemment d’élargir à d’autres thèmes. Cela permet à chacun de préparer sa participation à la réunion mais aussi de faire part aux élus des observations du terrain.
Une autre lecture, moins bienveillante
La fable de La Fontaine peut en effet se lire avec les yeux de notre époque, en mettant le peuple dans la position du MAÎTRE. Mais c’est laisser de côté un autre aspect de la fable : reconnaissant l’intrus, l’étranger, le maître lance la curée, comme le montre l’illustration retenue par Wikipedia.
En regardant à tout, il voit une autre tête
Que celles qu’il voyait d’ordinaire en ce lieu.
Le Cerf est reconnu : chacun prend un épieu (5) ;
Chacun donne un coup à la Bête.
En ces temps incertains, des gens qui se disent la voix du peuple désignent l’ennemi à abattre, le bouc émissaire responsable de tous les malheurs. Et j’en viens à penser à cette autre fable, Les Animaux malades de la peste.
L’Âne vint à son tour, et dit : « J’ai souvenance
Qu’en un pré de moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. »
À ces mots, on cria haro sur le baudet.
Un Loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Mais je préfère pour le moment insister sur la nécessaire participation des citoyens au bien commun. Je vous le disais dans mes vœux, je choisis l’optimisme.