Ruisseaux, rivières, s’y baigner? (Histoires d’eaux 12)

La canicule est passée, et aussi notre désir de chercher la fraîcheur de l’eau. Malgré notre relative proximité de la mer (des plages polluées interdites parfois), malgré la navette de Questembert communauté, la tentation était forte, surtout pour les plus jeunes de profiter du ruisseau pour barboter, patouiller, et même pour nager dans l’Arz du côté du pont du Favre. Surtout quand on n’a pas à la maison, la piscine, petite ou grande.

La baignade à Paris (et ailleurs)
Les JO de Paris ont forcé les pouvoirs publics à accélérer la reconquête de la qualité de l’eau de la Seine afin de permettre les compétitions prévues : un pari lancé par Jacques Chirac, il y a … longtemps. Les sommes qui ont été dépensées – 1,4 milliard – ont provoqué des polémiques. Pourtant, les JO n’ont fait que donner un élan supplémentaire au projet d’assainissement global des eaux de la Seine : comme beaucoup de fleuves, de rivières, la Seine était d’abord un égoût à ciel ouvert. C’était aussi le cas aussi à Vannes : l’eau des lavoirs au pied des remparts était-elle bien propre pour qu’on y lave du linge? et après les lavoirs, elle était chargée de savon… et de la crasse qu’avaient nettoyée les lavandières. Jean-Pierre Ferrand, dont j’ai souvent cité les articles sur les sociotopes (comment les humains vivent dans leur environnement), vient de publier sur son autre blog Observer Hennebont un billet tout à fait intéressant sur les latrines du Blavet. Une bonne occasion de rappeler que le passé n’était pas si merveilleux que dans nos rêves : « au 19e et dans les premières décennies du 20e siècle, du fait de la pollution de l’eau, on mourait en effet beaucoup de la dysenterie, de la typhoïde et du choléra dans nos villes comme dans nos campagnes. »

Les latrines du Blavet (image de JP Ferrand)
JP Ferrand a complété cette histoire dans ce billet du 8 septembre : Peut-on se baigner dans le Blavet?

Et si désormais la question de la qualité de l’eau (et aussi de sa quantité) est au coeur des réflexions collectives, les usages du passé laissent des traces souvent moins visibles, et moins curieuses, que les latrines du Blavet : des métaux lourds quand il y a eu des activités industrielles, ou plus couramment, des nitrates, des phosphates et, encore plus sournois, les micro-plastiques, les métabolites des pesticides, des fongicides ou des antibiotiques. Et j’oubliais les cyanobactéries dont la prolifération puis la décomposition dans les eaux réchauffées des étangs interdisent les plaisirs de la baignade. Dernier exemple en date, les étangs d’Apigné près de Rennes.

Se baigner dans la Seine, et ailleurs
Bénéfice collatéral du formidable effort consenti pour les JO, les Parisiens ont désormais plusieurs bassins de baignade, encadrés, protégés, surveillés, où la qualité de l’eau est contrôlée scrupuleusement. En cherchant un peu – et surtout en lisant les billets de Jean-Pierre Ferrand – on s’aperçoit qu’il y a de multiples endroits où la baignade en rivière est tolérée. L’exemple le plus étonnant me paraît être Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne). En 2022, la baignade y était non surveillée, mais aussi… interdite sur une partie de la rivière (voir la photo). Puis cet été, voilà qu’elle est interdite et les contrevenants passibles d’une amende de 150 € ! À moitié autorisée, mais non surveillée, à moitié interdite. Dans son billet du 12 août, Baignade dans le Loing, où en est-on? Jean-Pierre Ferrand essaie de clarifier la question et finit par reconnaître que tout cela est confus! Sauf le désir, la demande de plus en plus forte de retrouver l’accès à la rivière.

Baignade interdite, mais non surveillée à Moret sur Loing (photo JP Ferrand)

Accéder à l’eau fraîche
Nous n’avons pas chez de nous de rivières importantes, mais on pourrait rêver de se baigner dans l’Arz, la Claie, l’Oust, la Vilaine. A quelles conditions? Sans doute avec des contrôles sanitaires. Comme il en existe pour les étangs et les lacs qui ont des bases de loisirs. Avec souvent des arrêtés d’interdiction pour raisons sanitaires. En effet, les eaux des étangs et des lacs se réchauffent plus fortement, ce qui favorise le développement des algues bleues (cyanobactéries) dont un vétérinaire expose ici les dangers. Les ruisseaux et rivières d’eaux vives ne présentent pas ces dangers et il serait intéressant de chercher des points d’accès, évidemment pas des lieux de baignades, mais simplement des coins où même les plus petits pourraient aller patouiller.

J’avais évoqué le sujet dans le n° 5 des mes histoires d’eaux Les charmes et les plaisirs de l’eau. Et vous trouverez des observations, des éclairages, des analyses plus approfondies dans ces billets des Shistoires d’eauxociotopes de JP Ferrand (une petite sélection).
Barbotage, patouillage et jurisprudence;
Au bois d’Amour, une baignade très interdite, mais pas trop;
Baignades en rivière, quels droits?

Photo de JP Ferrand


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