Voilà que nos routes communales sont jalonnées de petits dessins de vélos. De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Exactement ce que ça dit ! On va en dire un peu plus.
La voie est libre
Le pictogramme, orienté dans le sens de la circulation des vélos, permet d’identifier les bandes cyclables, de matérialiser au sol une trajectoire cycliste, bien visible de tous : le cycliste a le droit d’être là, rien de plus. Un rappel pour les utilisateurs potentiels du vélo qui, parfois, n’osent pas prendre leur bécane pour des déplacements courts ; un rappel pour les autres usagers, les automobilistes principalement, qui, parfois, considèrent les cyclistes comme de dangereux vélorutionnaires. Le petit dessin n’indique aucune priorité à personne, il indique seulement que la route est à tout le monde.
Partager la voie
Sans doute faudra-t-il un peu de temps pour que cette vérité soit bien acceptée par tous. Mais la pratique du vélo pour les déplacements quotidiens va se développer, et pas seulement chez des écologistes militants. Ainsi Le Morbihan s’est doté d’un schéma départemental des mobilités qui donne une part importante au vélo (à voir ici).
Trois tronçons de pistes cyclables en site propre concernent notre communauté de communes : Ste-Julitte/Berric, Berric/Questembert, Questembert/Rochefort-Pluherlin. D’ailleurs Questembert Communauté, dans son PCAET, prévoit aussi le développement des circulations douces. Et bien sûr, il n’est pas imaginable de construire partout des voies dédiées au vélo, mais il s’agit de faciliter la cohabitation apaisée entre les différents usagers. Spécialement sur nos routes communales plutôt étroites où circulent aussi bien des gens à pied ou à vélo que des engins agricoles impressionnants : que chacun accepte la présence de l’autre et lui facilite la vie.
La route est longue, pour le vélo
Voilà cent ans, et jusqu’au milieu du siècle dernier, la bicyclette a été vue comme un progrès majeur, et, surtout pour les femmes, une étape dans l’autonomie : c’est plus vite qu’à pied, et on ne dépend pas de la charrette de la ferme ou de la carriole, qu’on appelait la voiture. Puis, le vélomoteur, l’automobile ont renvoyé le vélo à la remise, sauf pour les sportifs. Certains d’ailleurs, avec leur randonnée du dimanche matin, s’empressaient de prendre leur voiture pour venir en ville faire leurs courses.
Pourtant, dès les années 70, un jésuite un peu iconoclaste, Ivan Illich, anticipait la revanche du vélo : « A bicyclette, l’homme va de trois à quatre fois plus vite qu’à pied, tout en dépensant cinq fois moins d’énergie. En terrain plat, il lui suffit alors de dépenser 0,15 calorie pour transporter un gramme de son corps sur un kilomètre. La bicyclette est un outil parfait qui permet à l’homme d’utiliser au mieux son énergie métabolique pour se mouvoir: ainsi outillé, l’homme dépasse le rendement de toutes les machines et celui de tous les animaux. »
J’avais évoqué Illich dans cet article de 2021
Cinquante ans plus tard, il semble que sa prophétie soit en passe de se réaliser. Comme le montrent de nombreux articles de la presse, comme celui-ci. Au point qu’il est nécessaire de prévoir une mise à jour de nos connaissances sur les nouveaux panneaux de signalisation.
Ça ne débouche pas ?
Euh, non ! Notre réseau de voirie est à l’image du réseau national des routes comme des chemins de fer : tout part de la capitale et tout y converge. Il y avait, avant le remembrement, des chemins de traverse qui permettaient d’aller d’un village à l’autre. Ces chemins sont perdus, mais s’il est possible d’en retrouver des traces dans nos chemins noirs. Dans le même temps où s’effaçaient les chemins et sentiers de liaisons, se sont développés des sentiers de randonnée, pour les balades : balades au long cours avec les GR, promenades de proximité, comme le sentier des popinettes ou la boucle du St-Éloi.
Rien à dire contre les randonnées à pied, à cheval, à vélo, c’est bon pour la santé et ça permet de (re)découvrir le patrimoine dans tous ses aspects. Mais il s’agit aujourd’hui de faciliter les déplacements de la vie quotidienne : vers la ville, les commerces, les écoles, etc. Et donc, non, ça ne débouche pas. Et le premier pictogramme… est au point de départ !
À l’époque de la préparation du PLU intercommunal, je m’étais autorisé à faire quelques propositions de cheminements doux (cyclistes, piétons). Elles étaient bien modestes, mais elles n’ont pas été retenues. (voir aussi à la suite de cet article un commentaire intéressant).
Les élus avaient préféré développer une boucle de randonnée équestre.
Le vélo, c’est la santé, et aussi un peu d’économie
Les cardiologues poussent leurs patients à pratiquer le vélo car ça renforce le cœur, les rhumatologues rappellent que c’est bon pour les articulations. La revue en ligne Conversation y a consacré un long article : Le vélo, un potentiel inexploité pour améliorer la santé (et le climat)
Et puis, un petit calcul : je vais chercher ma baguette de pain à 1,20€. J’y vais en voiture : j’ajoute 1,20€ si la boulangerie est à 1 Km. Pour un temps à peu près égal. D’accord, je concède que, quand il pleut ou quand il vente… Mais il arrive qu’il fasse beau pour y aller à vélo.