Journées européennes du patrimoine, samedi et dimanche

Le saviez-vous? Les journées du patrimoine sont un événément créé par Jack Lang en 1984 sous le nom de Journées portes ouvertes dans les Monuments Historiques. Dès 1985, le conseil de l’Europe accepte la proposition du ministre français de l’étendre à l’Europe et les Journées Européennes du patrimoine sont officiellement créées en 1991. Elles concernent aujourd’hui une cinquantaine de pays.

Des Monuments historiques au petit patrimoine local

L’idée de départ était de dépoussiérer l’image des grands Monuments historiques pour les ouvrir au plus grand nombre. C’était nécessaire : on le voit encore aujourd’hui, car le public y participe en masse, d’autant que, pendant ces journées, il peut visiter des lieux qui sont peu accessibles, comme par exemple le palais de l’Elysée ou, plus près de nous, la Préfecture du Morbihan.

Peu à peu, l’attention s’est portée sur le patrimoine local, nous invitant à tourner le regard vers des bâtiments moins prestigieux : à les voir tous les jours, on ne les remarque plus. Remercions toutes les associations qui se sont lancées dans la restauration de chapelles désormais peu utilisées, de croix, lavoirs, fours à pain, les propriétaires privés qui ont su rénover des demeures anciennes, des moulins, les collectivités qui ont appuyé ces initiatives ou réalisé directement des travaux de conservation. Voir par exemple le Moulin de Lançay dans cet article du Télégramme de 2003; il est visitable régulièrement et bien sûr ce week-end. Voir ici. En 2018, je rappelais que c’était une visite à faire.

Le thème 2022 : le patrimoine durable

Chaque année, les JEP définissent un angle particulier pour ces journées. Ainsi, en 1995, c’était le cinéma pour le 100ème anniversaire de l’invention des frères Lumière, en 2014, nous étions invités à faire le lien entre le patrimoine culturel et le patrimoine naturel. Cette année, l’Europe nous invite à penser à notre patrimoine durable. Comme l’écrit Mme Rima Abdul Malak , ministre de la culture, « la valorisation de notre passé et la préparation d’un futur responsable sont compatibles, mais elles sont intimement liées : le patrimoine a son rôle à jouer pour un avenir plus sobre et écologique. Premiers maillons de sensibilisation à la culture, les patrimoines, modestes ou grandioses, sont riches d’enseignement pour bâtir un avenir durable. »

Localement, un beau programme

L’office de tourisme intercommunal de Questembert Communauté, Rochefort-en-Terre Tourisme, a préparé un beau programme pour les journées du patrimoine 2022. Il est en ligne sur le site, mais on le peut le télécharger ici au format pdf. Et si j’avais un coup de coeur personnel, je signalerais la Chapelle St-Julien ou Notre-Dame des Neiges au Bodan. Un peu oubliée, sans le soutien d’une association puissante comme celles qui travaillent à la restauration des autres chapelles, elle mérite un peu d’attention: c’est une des plus anciennes. Les travaux de restauration achevés en 2007 ont permis de découvrir, derrière un retable de bois, une fresque du XVIIème siècle.

Un autre regard?

Pourtant, je voudrais attirer l’attention sur des éléments qu’on ne perçoit pas (encore?) comme patrimoniaux. Ainsi, notre hôtel de ville, bâti dans les années 70, est signé d’un architecte morbihannais reconnu Yves Guillou. On avait reparlé de lui lors de la rénovation du bâtiment achevée en 2013. (Voir ici) Des maisons du centre-ville mériteraient qu’on y regarde, comme la Caravelle, rue du Calvaire, la maison de l’ancien notaire (MFREO aujourd’hui), et d’autres qui bordent le boulevard Pasteur.

On pourrait aussi rechercher des traces de pratiques anciennes, comme ces avaloirs qui permettaient la gestion des noes, prairies humides, qu’on fauchait.

J’avais lancé des pistes dans un article de 2018 (j’étais agacé par le dévoiement faussement folklorique du patrimoine) en nous invitant aussi à regarder des traces de la transformation radicale de notre région dans les soixante-dix dernières années. Ne faudrait-il pas nous intéresser aussi aux transformateurs électriques qui ont jalonné notre campagne, comme celui-ci du Herbon, récemment abattu.

Bien sûr, pour l’esthétique, on n’a sans doute rien à regretter, mais c’est une trace effacée. Le site de J-P Guillement Images de Questembert est un ressource qu’il faut exploiter et enrichir. Ainsi, j’aimerais bien trouver des photos de la génératrice électrique de la Société d’électricite de Basse-Loire qui existait encore place Janvier-du 8 mai (foire aux cochons) dans les années 50, ou encore du modeste château d’eau qui alimentait le village du Rhé avant l’arrivée de l’eau du « service d’eau ».