Ce week-end, samedi 16 et dimanche 17, ce sont les journées européennes du patrimoine. Tout près de chez nous, vous aurez l’occasion de visiter des lieux insolites, de découvrir ou de redécouvrir des trésors peu accessibles. L’office de tourisme (Rochefort-en-Terre Tourisme) nous en offre une sélection, mais vous ne pourrez sans doute pas tout voir. Pour ma part, j’ai repéré quelques visites que je veux partager avec vous, à Questembert et aux alentours.
Étiquette : patrimoine immatériel
Journées européennes du patrimoine, samedi et dimanche
Le saviez-vous? Les journées du patrimoine sont un événément créé par Jack Lang en 1984 sous le nom de Journées portes ouvertes dans les Monuments Historiques. Dès 1985, le conseil de l’Europe accepte la proposition du ministre français de l’étendre à l’Europe et les Journées Européennes du patrimoine sont officiellement créées en 1991. Elles concernent aujourd’hui une cinquantaine de pays.
Continuer la lecture de Journées européennes du patrimoine, samedi et dimancheLa richesse des communes
Ma contribution sera plus modeste que celle d’Adam Smith sur La Richesse des Nations, mais il m’a semblé intéressant au moment où une nouvelle municipalité vient de prendre en main les affaires de notre commune de partager avec vous quelques réflexions sur les différents aspects de notre patrimoine. Le bulletin/magazine municipal n°13 de janvier-février 2020 y a consacré un dossier : Un héritage bien vivant ; et, de mon côté, j’avais invité mes lecteurs à ne pas confondre l’histoire du patrimoine avec le bureau des légendes.
Patrimoine naturel, patrimoine immatériel
Mais il n’y a pas que les Halles, les chapelles, les fontaines – qui méritent notre attention ; il faut aussi s’intéresser au patrimoine naturel, la biodiversité aussi bien que les paysages au croisement du pur naturel et de l’action humaine (le bocage, par exemple). Et ne pas oublier le patrimoine immatériel : pratiques de la vie quotidienne, parler gallo. Sans mélanger non plus l’amour du patrimoine et le folklore de carnaval.
Il n’est de richesse que d’hommes
J’ai bien souvent cité cette phrase de Jean Bodin, (1529-1596), un humaniste de la Renaissance. Sans doute faut-il la compléter pour la rendre plus claire :
« Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens : vu qu’il n’y a richesse, ni force que d’hommes : et qui plus est la multitude des citoyens (plus ils sont) empêche toujours les séditions et factions : d’autant qu’il y en a plusieurs qui sont moyens entre les pauvres et les riches, les bons et les méchants, les sages et les fous : et il n’y a rien de plus dangereux que les sujets soient divisés en deux parties sans moyens : ce qui advient ès Républiques ordinairement où il y a peu de citoyens. »
Retenons quand même que la vraie richesse ne réside pas que dans les biens matériels et que la force d’un pays vient de sa population. A ce titre, j’espère que nous aurons bientôt des données tirées du recensement de la population réalisé au début de l’année 2019. Nous n’avons eu aucune information sur le sujet. Faudrait-il en conclure que les résultats sont moins bons qu’espérés ?
Le capital fixe d’Adam Smith ou les « immobilisations corporelles et incorporelles »
S’il y a un recensement qui permet de faire le compte des richesses humaines, il y a aussi un inventaire des biens physiques, des immobilisations corporelles et incorporelles ». Elles sont retracées dans la comptabilité communale, mais on y voit surtout les mouvements : nouvelles immobilisations, sorties d’inventaire. C’est pourquoi on devrait sans doute y insister plus précisément.
Pour préparer le débat sur les orientations budgétaires, les services de Questembert Communauté dressent chaque année des tableaux du foncier bâti, du patrimoine immobilier non bâti, et des autres immobilisations.
Un simple calcul montre que la valeur du patrimoine de Questembert Communauté est aux alentours de 34 M€. Évidemment, pour la Communauté, l’histoire est toute récente et il est facile de tenir l’inventaire des biens. C’est beaucoup plus compliqué pour la commune ! Et pour certains biens, il va être difficile d’en écrire la valeur : ainsi de l’église ou des chapelles, et même de l’ancienne école publique, rue Jean Grimaud.
Les services du Trésor ont permis un toilettage de l’inventaire, en proposant d’en supprimer des lignes obsolètes ; pourtant il serait intéressant que les conseillers, mais aussi les citoyens puissent avoir accès à ce document. Ce serait d’ailleurs un outil d’évaluation du travail de la municipalité : une sorte de point zéro au début du mandat (l’état de l’existant) et chaque année, l’accroissement – ou la réduction – du patrimoine. Par exemple, dans le mandat 2014-2020, le patrimoine communal s’est accru d’une école neuve (4,7 M€ HT), mais sur le même site, on a perdu un plateau sportif (peut-être sans valeur, mais il faut le noter quand même) ; la commune a agrandi son cimetière (acquisition et travaux pour un total de 200 K€ environ) et dans le même temps elle a rayé d’un trait les dépenses qui avaient été consenties pour le projet du Grand Célac 110 K€. Autre exemple : en 2018, la commune a revendu pour 45 K€ la maison Guillement acquise en 2007 pour 203 K€.
Mais aussi des espaces naturels propriétés communales
A côté des bâtiments ou d’équipements, il ne faut pas oublier des propriétés foncières sans utilisation directe. On ne parlera pas ici des terrains du Galinio dont les usages sont facilement perceptibles (terrains de sports, verger conservatoire), mais on attirera l’attention sur les propriétés communales autour de Célac. Ou bien encore sur les taillis de zones humides du côté de Tréfévan qui pourraient être valorisés en gestion durable pour la fourniture de bois énergie…
Ces quelques exemples montrent l’intérêt d’affiner l’inventaire des biens communaux, surtout à un moment clé de l’installation d’une nouvelle municipalité. Quelle plus-value ou moins-value va-t-elle apporter à notre patrimoine commun ?
Histoire du patrimoine, bureau des légendes, ne pas confondre
Le patrimoine avait droit à plusieurs pages de Questembert-Le Mag n°13 janvier-février. Des pages intéressantes et bien illustrées. Et les auteurs soulignent qu’à côté des vieilles pierres, des chapelles et maisons anciennes notre patrimoine est aussi « naturel » et même « immatériel ». Mais sans approfondir le sujet. Manque de place.
Notre héritage, notre bien commun
Tout cela constitue notre héritage, notre richesse commune, et nous devons collectivement entretenir, maintenir, réparer ces traces du passé. Logique donc que la municipalité s’y engage, mais aussi les comités de chapelle et autres associations, avec le soutien technique et financier du département, de la région, de l’Etat, sans oublier de solliciter quand c’est possible les fonds européens.
En d’autres temps, j’avais rappelé quelques principes sur la conservation du patrimoine. A tenir loin des fantasmes du folklore, et je me réjouis que le bulletin municipal aborde le sujet avec sérieux. Je me permets de formuler quelques regrets : quelles actions la municipalité a-t-elle réalisées au cours des 6 dernières années pour la conservation ou la restauration du patrimoine ? Qui se préoccupe du retable de bois de la chapelle du Bodan qui s’empoussière dans les réserves communales ? Qui parle encore de l’escalier intérieur de la Tour Belmont dont la restauration avait été liée à la réhabilitation de l’hostellerie Le Guennego et qui peut s’y intéresser maintenant que le rez-de-chaussée de ce bâtiment a été privatisé ?
Quoi que dise M. Diego Mens qui travaille au conseil départemental (direction de la culture), nous n’avons pas à proprement parler de rues médiévales à Questembert (il parle de maisons du 15ème au 18ème siècles), mais nous avons des constructions plus récentes qui mériteraient qu’on s’y intéresse. Tout cela pourrait justifier un inventaire du patrimoine qui pourrait d’ailleurs se faire au niveau de la communauté.
Pour le patrimoine naturel, la communauté pourrait s’engager dans un « atlas de la biodiversité intercommunale » comme d’autres collectivités s’y sont engagées. Et localement, nous avons déjà l’expérience de la zone Natura 2000 de la vallée de l’Arz.
Sans oublier les travaux conduits pour le projet Coulée verte autour de Célac, un projet qui a été abandonné.
Les traces du parler gallo, les pratiques anciennes autour des sonneries de bassin (à la St-Jean), mais peut-être aussi les cantiques parodiques chantées aux Rogations, pourraient être recensés dans notre « patrimoine immatériel ».
Il y a à faire, mais…pas le bureau des légendes.
Ces quelques observations donnent des pistes à suivre. Mais ne prenons pas non plus de fausses routes, ne confondons pas l’histoire de notre patrimoine avec le « bureau des légendes ».
Inutile donc de s’acharner à marquer la trace de la victoire d’Alain le Grand sur les Vikings dans une bataille qui n’a peut-être jamais eu lieu, ou peut-être ailleurs. Pourquoi marquer d’une plaque qui coûte 185 Euros un événement hypothétique ? Et que dire du « chapitret » de la rue St-Martin ? oui, c’est un curieux bâtiment, on peut même l’appeler « chapitret », si vous en trouvez une définition un peu solide, mais il ne faut pas raconter que c’était une sorte de tour de guet où vivait au 14ème ou 15ème un gardien. L’histoire est belle… mais le bâtiment n’était pas construit en 1825 quand a été établi le premier cadastre « napoléonien. »
On peut raconter de belles histoires… mais ça ne fait pas l’Histoire.