Il y a seulement 3 mois, 4 au plus, je lisais partout sur les réseaux sociaux que nous vivions sous une terrible dictature : les oppositions étaient muselées, nous étions soumis à l’obligation vaccinale, au « pass nazitaire », la presse aux mains d’une oligarchie souterraine, télévision et autres médias s’associaient dans une entreprise de décervelage ; seuls quelques esprits libres, éclairés par des sites de réinformation, complotistes sur les bords, parvenaient à brandir le flambeau de la Résistance.
Pas la peine d’expliquer que chez nous, bien peu d’opposants politiques croupissent enfermés dans les culs de basse fosse ! De souligner qu’ils ont au contraire table ouverte dans les studios de radio, sur les plateaux de télé. De rappeler que nous avons eu en avril puis en juin des élections qui ont permis d’élire un président, puis des députés. Enfin quelques uns ne sont pas loin de reprendre le refrain trumpien « stop the steal » (bloquons le vol de l’élection) et de jeter le soupçon sur ces résultats. Les jours derniers un personnage important de l’Assemblée Nationale a même affirmé que « nous avons un gouvernement illégitime », tellement illégitime qu’il devrait bientôt être chassé par l’émeute populaire (le 4ème tour se jouera dans la rue!). Comment comprendre cette sortie sinon en y voyant un appel à l’émeute ?
Mais, comme vous le voyez, la dictature impitoyable qui nous tient à genoux n’a pas, pour le moment, lancé sa police prétorienne aux trousses de ces factieux pour les reléguer à Cayenne ou dans les mines de sel. Non, ils continuent à pérorer, non seulement ils ne sont pas bâillonnés ; ils peuvent proférer des inepties scandaleuses comme celle-ci : la première ministre a parlé dans son discours de la dignité du travail, et voilà qu’un twittos fait le lien avec l’inscription du fronton d’Auschwitz Arbeit macht frei !
Et cerise pourrie sur le gâteau…
Après la démission forcée de Boris Johnson, un éditorialiste périphérique nous a gratifiés de cette profonde pensée : La classe politique britannique nous donne encore une leçon de démocratie. Comment ne pas voir que la France est une caricature de république démocratique bananière de droit quasi divin en comparant le spectacle fané de la cour élyséenne à la tenue du débat au UK.
S’il nous dit son admiration sur la démocratie britannique, c’est qu’il n’ose plus sans doute faire l’apologie de celle de M. Poutine, comme il le faisait assidûment sur Russia today.
Comme je vous le disais, notre dictature est plutôt bonne fille.
Merci pour cet article. Des « dictatures » comme la nôtre, des tas de gens à travers le monde s’en accommoderaient bien, privés qu’ils sont de libertés et de droits élémentaires. Chez nous, on adore s’inventer des pseudo-dictatures pour pouvoir ensuite les pourfendre à son aise et se poser en héros de la défense des libertés. C’est le fonds de commerce de nombreux essayistes de droite dont les pamphlets garnissent les devantures des librairies.