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Analyse des Besoins sociaux, une interview de Jeannine Magrex

Au conseil municipal du 31 janvier, Jeannine Magrex a présenté l’analyse des besoins sociaux, aboutissement d’un travail commencé à l’été dernier. Trois questions ressortent de cette étude, le logement, les mobilités, la prise en charge du vieillissement. Il ne faut pas cependant négliger les autres thèmes qui ont émergé. Allons plus loin avec Jeannine Magrex, adjointe aux affaires sociales.

L’analyse des besoins sociaux, en quelques mots, c’est quoi ?

Il s’agit d’évaluer les besoins et les attentes des habitants, et d’abord des personnes âgées et/ou en situation de handicap, des familles vulnérables pauvres ou précaires, ainsi que les réponses déjà apportées à ces attentes et à ces besoins. Depuis un décret de 2016, c’est une obligation de mener une ABS dès la première année du mandat.

Pour mieux comprendre, un article de la Gazette des communes : Analyse des besoins sociaux, le stratège social

Obligation légale, certes, mais à quoi ça sert ?

Pour nous les élus, c’est un guide pour construire et mettre en œuvre notre programme politique. C’est aussi, pour les professionnels et tous les acteurs du territoire, une base commune de travail avec les élus.

Mais je crois que les habitants peuvent s’en saisir pour mieux comprendre les enjeux communaux et s’informer sur les services existants. C’est pourquoi nous allons faire en sorte que les résultats de ce travail soient à la disposition de tous.

Comment avez-vous élaboré ce dossier ?

Nous avons crée un comité de pilotage, composé d’élus et de membres du CCAS, avec le directeur C. Collin. Ce comité s’est réuni 8 fois entre octobre 2020 et octobre 2021. Pour assister le comité de pilotage, nous avons recruté Camille Pérès, étudiante en master économie et management publics, pour un stage de 4 mois. Son premier travail a consisté à recenser les données disponibles, et d’abord, ce qu’on trouve sur l’INSEE qui réalise des synthèses par commune (Dossier complet commune de Questembert).. Mais les données sociales, qui nous concernent plus, sont synthétisées au niveau régional par la plate-forme PLATOSS (plateforme d’observation sanitaire et sociale). Les données ont été comparées avec celles de 3 communes morbihannaises de la même strate de population : Theix-Noyalo, Languidic et Pluvigner.

Camille Pérès a participé aux 30 entretiens avec les divers acteurs, ainsi qu’à la rédaction du le questionnaire, distribué à 4 000 exemplaires et analysé les 242 réponses.

Seulement 242 réponses ? C’est décevant, non ?

Oui, on peut le regretter, mais en fait, pour ce type de questionnaire, diffusé en masse, le taux de réponse que nous avons obtenu est plutôt satisfaisant. Et il faut se dire que cela contribue à sensibiliser les habitants au problème posé. Il faut le voir comme une première étape pour faciliter la compréhension des enjeux sociaux par toute la population.

Quel a été l’aboutissement du stage ?

Comme c’était précisé dans l’annonce, le stage devait s’achever par la présentation d’un rapport – obligation universitaire aussi – à destination des élus et des services. Ce rapport a donné lieu à une synthèse présentée au CCAS en septembre 2021. À partir des thématiques observées (Démographie, logement, mobilité, vieillissement et autonomie, petite enfance, enfance, jeunesse et familles, précarité, santé, recours aux soins), nous avons retenu trois domaines majeurs : le logement, les mobilités et le vieillissement.

Donc, pour chaque domaine, un constat et… des pistes d’action, c’est bien ça ?

Bien sûr, il ne s’agit pas d’un énième rapport qu’on remise au fond d’un placard, mais d’un programme d’actions concrètes, un guide pour les élus.

Pour le logement, le constat est bien connu : la tension est forte (il y a une forte demande locative et bien peu de disponibilités), elle est d’autant plus forte que notre commune est attractive du fait de sa position géographique et en raison de la gare. De nombreux logements sont sous-occupés, certains biens mis en location sont insalubres, sinon indignes, et ce sont les jeunes qui ont le plus de difficultés à se loger.

Le constat est assez commun, mais quelles actions ?

Comme nous l’avions annoncé, nous avons remis à niveau un logement pour des accueils d’urgence. Mais le gros travail se fera dans le cadre du projet Petites Villes de demain qui a un volet important d’amélioration de l’habitat et rénovation urbaine. Un sujet dont j’assure la coordination avec Solène Le Roux, la chargée de mission recrutée par Questembert Communauté. Dans le patrimoine communal, nous avons quelques ressources à valoriser : l’ancienne perception, l’immeuble Bédard, en face du cinéma, la maison Le Borgne place du 8 mai (le projet est le désenclavement du clos Kysten et création d’une liaison avec la place du 8 Mai en direction de la maison médicale mais la réflexion démarre et nous devrons nous positionner sur le devenir de la maison), les bâtiments du Marchix, les modules de l’ancien centre social, et demain sans doute l’îlot Texier, le terrain d’honneur (quand une autre solution aura été trouvée pour le football).

Nous voulons aussi développer l’habitat intergénérationnel, inciter les promoteurs à inclure des logements sociaux dans leurs programmes, avec du collectif, comme cela se fait au Clos Kisten.

Pour les mobilités, habitat dispersé, étalement urbain, déplacements pendulaires pour le travail, on voit un peu la source des problèmes, on voit moins comment on peut agir, n’est-ce pas ?

C’est un constat partagé par les acteurs du territoire ! Avec deux difficultés particulières : l’isolement des personnes âgées et le manque de transports collectifs – la gare est à l’écart de la ville. Sans oublier les coûts du transport : guère d’autres solutions que la voiture, qu’il faut acheter, et ensuite entretenir, alimenter en carburant. Et quelles solutions pour les 10 % qui n’ont pas de véhicule, c’est 8 % pour les communes de la comparaison ?

Au niveau de Questembert communauté – c’est une question qui dépasse la commune – , on a défini un plan de mobilité et un schéma directeur Vélo. Car il y a une demande de pistes cyclables et globalement de cheminements doux. Il faudra sans doute développer le « covoiturage solidaire », et réfléchir à un service de navette flexible vers la gare et les services.

La troisième thématique retenue, c’est le vieillissement. Mais dans ce domaine, la tendance est générale à l’échelle du pays tout entier. Des éléments spécifiques chez nous ?

En effet, la tendance est générale, elle est cependant plus forte chez nous : notre indice de vieillissement (rapport entre jeunes et plus de 65 ans) est de 93, il est de 70 pour les communes de la comparaison. Sans oublier la fragilité économique de beaucoup d’anciens : isolement, faibles ressources. La question des aidants se pose aussi de façon prégnante. Et globalement, celle du maintien à domicile.

Alors, quelles réponses ?

Nous avons déjà une offre de services bien coordonnée : coopération solide entre la résidence autonomie (le foyer-logement), et la maison de retraite (EHPAD), le foyer Marie Balavenne, le SIAD (service de soins infirmiers à domicile), adossé à la maison de retraite, le SAAD communal (Service d’aide et d’accompagnement à domicile) sans oublier le réseau des professionnels médicaux et paramédicaux. Sans négliger non plus le soutien des associations comme la Croix rouge, le Secours catholique, les Restos du cœur, ou les clubs d’aînés.

Logement, mobilités, vieillissement, trois thématiques majeures, mais au-delà ?

On voit bien que tout se tient, qu’on ne peut pas isoler une problématique, qu’il faut une vision globale : comment parler de maintien à domicile sans évoquer la rénovation de l’habitat, par exemple. Notre réflexion – et notre action – doit inclure tout ce qui a trait aux familles, à l’enfance et à la jeunesse.

Chez nous comme ailleurs, il y a de plus en plus de familles monoparentales.Avec plus de précarité, de problèmes éducatifs, d’addictions (drogues légales et illégales), de souffrance psychique. Cela génère beaucoup de sollicitations pour le soutien à la parentalité.

Mais il y a déjà des réponses, non ?

Bien sûr, le multi-accueil, le réseau des assistantes maternelles qui bénéficie du RIPAM (Relais intercommunal Parents Assistantes Maternelles) qui devient le Relais Petite Enfance. Nous avons aussi des services périscolaires. L’offre va s’élargir avec des projets de maison d’assistantes maternelles et de micro-crèches privées.

Plus difficiles sont les réponses à apporter pour les adolescents et les jeunes adultes. On a vu les désordres autour des halles récemment. Désordres pour lesquels la gendarmerie intervient, quand elle est sollicitée par des témoins et avec un smartphone, c’est facile. Mais nous devons intervenir pour la prévention : avec le bus Relais Jeunes-56 qui est présent le lundi sur le marché : un bon moyen d’établir ou de rétablir le contact avec les ados et les jeunes adultes.

Un dernier point, la santé ?

L’étude a souligné la demande de plus grande proximité des services de santé, bien que nous ayons une maison pluridisciplinaire de santé, qui va s’agrandir. Mais il y a un manque de spécialistes, difficile par exemple de trouver un dentiste. Plus grave peut-être, chez les jeunes, en particulier, il arrive qu’on renonce aux soins en raison de difficultés financières.

Donc, il y a du pain sur la planche ?

Oui, l’analyse des besoins sociaux a confirmé et précisé ce qu’on savait déjà plus ou moins. Nous sommes face à de gros chantiers, mais l’étude a montré que nous avons déjà des ressources. Nous avons aussi l’énergie de faire.