Un sujet qui devient presque un serpent de mer, à moins que ce ne soit l’Arlésienne… Il y a bientôt quinze ans, j’étais interpellé ici et là sur l’envasement préoccupant de l’étang : « les poissons allaient bientôt traverser à pied sec ! » On y est presque, et le dossier travaillé en 2012 n’a guère avancé, tandis que de nouvelles exigences réglementaires s’imposent aux collectivités pour la protection de la ressource en eau.
Un nouveau départ
Pourtant le sujet n’est pas enterré, il était seulement embourbé ! Le dossier est maintenant entre les mains de Eaux et Vilaine, l’Établissement public territorial du bassin de Vilaine qui va mener les études et réaliser les travaux avec ses propres financements.
L’ensemble s’étalera sur une dizaine d’années, mais on sait déjà que le secteur de Célac sera le premier chantier du programme. Parce que les élus manifestent la volonté d’aller vite.
Il est cependant nécessaire d’affiner le projet avant de passer aux actions concrètes. L’objectif général peut s’exprimer ainsi : restaurer la continuité écologique du cours d’eau en partant de sa source jusqu’à l’embouchure à Billiers.
La continuité écologique, pour les milieux aquatiques, se définit par la circulation des espèces et le bon déroulement du transport des sédiments. Elle a une dimension amont-aval, impactée par les ouvrages transversaux comme les seuils et barrages, et une dimension latérale, impactée par les ouvrages longitudinaux comme les digues et les protections de berges, qui peuvent empêcher la connectivité entre le lit mineur et ses annexes (bras secondaires, affluents…).
Des problèmes complexes
L’envasement de notre étang est la partie la plus visible. Et encore plus en cette période de sécheresse sévère. Si rien n’est fait, il sera comblé d’ici quelques années. Plus globalement, c’est l’écoulement de l’eau, sa qualité, la circulation des poissons et des multiples espèces animales et végétales. Les professionnels parlent de « restaurer la continuité écologique. »
L’étang de Célac est barré par une digue qui, au temps où le moulin fonctionnait, maintenait une réserve suffisante. Au milieu des années 70, alors que le moulin avait cessé toute activité, l’étang a été agrandi et recreusé pour en faire un espace de loisirs lié au camping municipal, comme c’était la mode à l’époque.
Depuis, on a mesuré les conséquences néfastes de ce barrage, dont la première est le blocage des sédiments apportés par les ruisseaux qui drainent le bassin versant. Toutes les cartes montrent le chevelu hydraulique, par exemple la carte IGN accessible en ligne sur Géoportail. Mais la version de géoportail carte de l’état-major du XIXème siècle permet de bien visualiser les fonds de vallée qui convergent à l’étang de Célac. (à comparer aussi avec la carte de 1950.) On voit par exemple la source du ru qui arrive au Pont-à-Tan à partir de Chez Boissel ou bien celle du ruisseau de Kerjumais.
Ces affluents charrient les phosphates et nitrates qui contribuent à l’eutrophisation de l’étang et favorisent le développement des algues et autres cyanobactéries. De plus la prolifération des algues appauvrit la teneur de l’eau en oxygène, ce qui est néfaste pour les poissons, spécialement les truites et autres salmonidés.
Un éventail d’actions à prévoir
Ce sont là quelques exemples de la dégradation de la qualité de l’eau dans un ensemble plus vaste. Pour restaurer la continuité écologique de la rivière, il faudra donc tenir compte de divers enjeux : biodiversité, risque d’inondation, écoulement des eaux pluviales, paysage, etc. Mais ne pas oublier non plus l’aspect sociétal : l’étang de Célac est un lieu de promenade apprécié par tous.
Il faudra resituer le cours d’eau dans son lit historique, sur la rive gauche, au pied de la colline où se trouve le lycée. Mais aussi recomposer le paysage, pour conserver le charme des balades en famille et pour proposer des parcours pédagogiques à destination des écoles et du grand public. Avec probablement une réflexion plus large sur la ceinture verte autour de notre ville en faisant la jonction entre les deux sous-versants Kervaut/Tréherman vers l’Est et Le Poignant/Bocquiniac vers l’Ouest.
La continuité écologique impose également d’assurer la circulation des espèces animales : truites, lamproies marines, anguilles, loutres, etc. La passe à poissons existante devra être repensée, d’autant que la traversée de la route départementale prive le cours d’eau de la lumière suffisante pour permettre le passage des truites.
Les réflexions ébauchées en 2018 donnent une idée de ce que tout cela pourrait donner. Le schéma de 2013 était assez semblable.
Une enquête publique à la rentrée
Le dossier complet sera à notre disposition à l’automne pour une enquête publique. On peut penser que l’étude ressemblera à celle qui avait été préparée en 2018 et à celle de 2013.
L’étude de 2013
Le dossier réglementaire qui aurait permis de démarrer des travaux (2018)
Un exemple en vidéo
Qui va payer ?
Le chantier sera porté par l’EPTB Eau et Vilaine, l’organisme public auquel Questembert Communauté a transféré la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations). Le financement sera assuré par les ressources propres de l’EPTB et par des cofinancements Agence de l’eau, Région et Département.
Ah, si c’était simple !
Évidemment, il suffirait de refaire comme en 1996 : un système de pompage avait refoulé en amont du Pont-à-Tan des milliers de mètres cubes de boues liquides qui, en se décantant, restituaient l’eau au ruisseau. Quant à trouver d’autres solutions d’évacuation des boues, un rapide calcul vient calmer les velléités : une épaisseur moyenne de 1m sur toute la surface de l’étang, à peu près un hectare, ça donne 10 000 m3 à transporter avec des remorques ? Des tonnes à lisier ? Et où déverser toutes ces boues?
Le PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial) adopté par Questembert Communauté prévoit dans son plan d’action dans son axe n°11 de Préserver la ressource en eau pour limiter les conflits d’usage à venir
Action n°31 – Accompagner la préservation de la ressource en eau par les acteurs économiques
Action n°32 – Sensibiliser les particuliers à la préservation de la ressource en eau
Le projet de restauration de l’étang de Célac et du Tohon entre complètement dans le programme. Voir l’article S’y retrouver dans le PCAET. https://questembert-regard-citoyen.fr/?s=PCAET