Pour les bretonnants, les derniers jours de l’année, entre Noël et le premier de l’an, c’est la vieille semaine, er goh suhun ; peut-être y avait-il une expression gallèse pour désigner cette période, qui s’en souvient ? Quelques traditions et croyances liées à cette période.
Les prévisions météo à la portée de tous
C’est plus subtil que Noël au balcon, Pâques aux tisons. Un proverbe où le mot balcon nous dit bien qu’il n’est pas de chez nous. Si vous voulez un proverbe local, en voici un : Qheu Toussaint, qheu Noé [tʃœ tusɛ̃ tʃœ nɔe] (telle Toussaint, tel Noël). Ici, nous avons une prévision de plus long terme : pendant la vieille semaine, il s’agit d’observer le temps qu’il fait pendant les douze jours entre Noël et la Nuit des Rois, l’Épiphanie, dont la date traditionnelle est le 6 janvier. Le temps qu’il fait pendant ces 12 jours préfigure la météo des 12 mois de l’année à venir. Enfoncés les météorologues, les climatologues !
Et ne vous laissez pas dévoyer par des fausses traditions frelatées qui ramènent cette chronologie météorologique aux 6 jours de la dernière semaine : le temps du 26 au matin pour janvier, du 26 après-midi pour février. Bricolage sans rapport avec la vraie tradition !
Décacher les pieds de pommier
C’était une période sans grands travaux, il fallait cependant bêcher autour des racines des pommiers : dégager les pieds de la terre qu’y avait poussée le versoir du brabant. Ce travail était une condition pour avoir une belle récolte de pommes. Jusqu’au milieu du siècle passé, les pommes étaient une source importante de revenus, en plus de fournir le cidre, la boisson quotidienne. Sur ce point, les photos aériennes de Géobretagne sont révélatrices. Puis sont venues les campagnes d’arrachage (subventionnées) dans les années 1950.
La foire de jeunesse
Le premier lundi du mois était jour de foire : au-delà du train-train des marchés du lundi, on vendait ce jour-là, les bœufs et les vaches sur la place du Marchix, et les cochons sur la place du 8 mai, place Janvier ou place de la foire aux cochons. Mais le premier lundi de l’année, jour de foire mensuelle, était la foire à la jeunesse. Et la journée se prolongeait pas un bal…
Plus question de foire aujourd’hui, reste le marché du lundi, plus fourni pendant les vacances. Et le premier lundi de janvier ne sera qu’un marché bien ordinaire : les jeunes seront au travail ou à l’école, pas au marché.
Les veillées de bonne année
Elles commencent le soir du 31. Les voisins arrivent après le souper vers 8 heures et demie. Les hommes s’installent autour de la table et, après la première bolée de cidre, et commencent à jouer aux cartes, à la belote, à la coinchée ; les femmes tricotent devant la cheminée ; les petits s’amusent de rien, à même le sol. Après les cartes, si la pièce est assez grande, on se met à danser au son de la goule, ou de l’harmonica, s’il y en a un. Aux douze coups de minuit, on s’embrasse en se souhaitant la bonne année.
Puis, c’est le moment du café (avec de la chicorée, bien sûr), de la rincette de goutte, et enfin du bocal, la liqueur préparée à la maison (de la goutte, du sucre, des pruneaux ou une orange, etc.) Avec parfois une touche exotique apportée par les extraits Noirot qu’on achetait en pharmacie.
Ça s’appelle un marronnier
Dans la presse, un marronnier est un article qui revient selon la saison comme le marronnier en fleurs au mois de mars. Et en effet j’avais publié un article très semblable l’année dernière : Le premier de l’an.
Une réflexion sur « La vieille Semaine »
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