La viande

Super polémique, les temps derniers, après la décision du maire de Lyon de mettre des  repas sans viande  dans les restaurants scolaires de la ville. Et on en a entendu des salades sur le sujet : les enfants seraient mal nourris, ils ont besoin de viande pour être en bonne santé, surtout les enfants des milieux défavorisés, les éleveurs, déjà fragilisés par la crise, allaient courir à la faillite, sans parler des bouchers, déjà saignés à blanc...

De la viande, image wikipedia

Deux ministres sortent les couteaux

Le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’il allait saisir le préfet pour mettre fin à cette idéologie (!) du repas sans viande. Quant au ministre de l’intérieur, il a sorti son bâton de police pour twitter:

Mais il n’y a pas eu que les ministres, des plus gros poissons de la politique lyonnais au menu fretin du Rhône, de la Saône, et du Beaujolais, le troisième fleuve qui arrose Lyon, ils s’en sont tous mêlés.

Peu importe que l’ancien maire Gérard Collomb ait pris une décision semblable l’année dernière, que la décision du maire actuel soit fondée sur la volonté de simplifier la distribution des repas – et de les sécuriser face aux risques COVID, que le menu unique n’exclut pas les protéines animales puisqu’il peut comporter du poisson et des œufs. Bref, une mauvaise querelle politicienne et une polémique au ras des pâquerettes.

Baisser notre consommation de viande, c’est bon pour le Climat

La ministre Pompili est bien à la peine face à ses petits camarades qui oublient que l’élevage et spécialement la production de viande sont mis en cause pour la production de GES (gaz à effet de serre). Et qu’il est donc nécessaire de baisser notre consommation de viande. Pour évaluer la loi Climat, le gouvernement auquel ils appartiennent a missionné le cabinet Boston Consulting Group qui recommande une baisse de 18 % de consommation de viande.

La loi Egalim impose un menu végétarien par semaine, dans les cantines scolaires, mesure symbolique, mais globalement elle incite à mettre plus de protéines végétales dans les menus de la restauration scolaire ! Une démarche qu’à Questembert nous avons initiée il y a plus de dix ans, et Ansamble (Breizh Restauration) s’y était plié. L’entreprise avait même organisé pour les élus et les membres de la commission restauration scolaire un déjeuner dégustation : au menu, des pâtes bolognaises sans viande, des saucisses viande/lentilles, etc. Tout ça s’était passé en douceur, pour le plaisir des écoliers, et aussi pour les finances : les protéines végétales sont moins coûteuses que la viande. On dit aussi que manger moins de viande est bon pour la santé.

Ces dernières années, la consommation de viande a déjà baissé : de 100 kilos par habitant dans les années 2000, elle est descendue à 85 kilos depuis les années 2010, même si les jeunes en consomment plus que les autres. Certains suggèrent même qu’il faudrait, pour le climat comme pour notre santé, en arriver, dans les vingt années qui viennent, à un régime alimentaire qui soit composé de deux tiers de protéines végétales et d’un tiers d’animales – contre l’inverse aujourd’hui –, en divisant par deux nos consommations de viande et de poisson.

Mais on ne mange pas seulement pour se nourrir…

Ministres, députés, et autres élus, tout ce joli monde ne peut pas ignorer ce que nous sentons tous d’expérience et que les sociologues ont décrit abondamment : nous ne mangeons pas seulement pour nous nourrir, pour satisfaire un besoin physiologique, notre nourriture a une dimension symbolique.

Ainsi, dans une des pages de ses Mythologies, Roland Barthes (rien à voir avec le goal de la coupe du monde 98, ni avec celui de Quotidien) nous expliquait que le bifteck était avec les frites un condensé de notre identité nationale !

Jean Ferrat avait beau nous chanter qu’en quittant la Montagne, on finissait par rentrer dans son hlm pour manger du poulet aux hormones, nourriture médiocre, disqualifiée, mais si désirable pour ceux qui dans leur enfance en avaient si peu goûté.

C’est encore un point que fait semblant d’ignorer Darmanin, qui, pourtant souligne ses origines populaires :  « de nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande ». Non, monsieur le ministre, c’est dans les milieux moins favorisés qu’on consomme le plus de viande !

La nourriture comme marqueur social, ça n’a rien de nouveau. Déjà, pour les chevaliers des romans du Moyen-Age, le menu était pain-vin-viande, tandis que les moines, prêtres et autres clercs se contentaient d’eau et de végétaux à côté d’un pain grossier d’orge et d’avoine. Pour vérifier, c’est ici.

Notre lard quotidien…

Que l’on saute quelques siècles pour passer à la société paysanne du milieu du XXème siècle – une époque qui m’est plus familière – la viande ne manque pas vraiment, mais le plus souvent sous la forme du bidon de lard, mangé chaud après avoir parfumé une soupe ou des patates, et ensuite froid pour les casse-croûte. Il est parfois servi aujourd’hui dans les fêtes locales, et tout le monde trouve ça délicieux, une fois ! Mais quand il était le lard quotidien, il n’avait pas le charme du bon vieux temps. Gras, très gras, salé, trop salé…

Trop maigre, ce lard serait trop salé! image wikipedia

Alors on rêvait de viande douce : le lapin du clapier qui n’avait pas trouvé preneur au marché, la poule qui ne pondait plus, exceptionnellement, le coq engraissé à la mue.

Comprenez que la tuerie de cochon était vraiment une fête, qui se prolongeait par le repas de boudin qui rassemblait les tontons, les tantes, les cousins, cousines, et un peu plus tard avec les pâtés, et les saucisses fumées dans la cheminée.

Le luxe, c’était, quand le veau avait été vendu au boucher, le pot-au-feu ! Qui parfumait la soupe, qu’on mangeait chaud avec les carottes, les poireaux, les patates, et le rute (rutabaga). Par chance il pouvait en rester pour manger froid le lendemain.

Alors quand on a pu s’offrir le bifteck, sans trop regarder, quel signe de réussite, d’ascension sociale : on pouvait manger comme les gens de la ville, comme la petite bourgeoisie. Quand je vous parlais de la dimension symbolique de la nourriture !

La belle rentrée de Valérie Jéhanno, adjointe aux affaires scolaires et enfance

Quatrième adjointe auprès de Boris Lemaire, Valérie Jéhanno est en charge de la politique de l’enfance, des affaires scolaires et du multi-accueil. Quelques jours après la rentrée, elle en expose les grandes lignes.

Quels sont les faits marquants de cette rentrée scolaire ?

En d’autre temps, le principal sujet serait les effectifs de nos écoles, mais le contexte sanitaire nous impose des contraintes lourdes. Pourtant, les écoliers et tous les jeunes sont heureux d’être revenus en classe entière, malgré les masques, malgré les gestes barrières, etc. Leur quotidien, à leur âge, est d’être en milieu scolaire, à apprendre avec les professionnels. L’éducation et les relations sociales qui sont autour sont une priorité. C’est leur quotidien. En tant qu’enseignante, je peux également dire que cette relation et ce « contact » en face à face sont essentiels.

Nous savons que la situation peut encore évoluer dans le mauvais sens et nous travaillons sur des scénarios en cas d’aggravation.

Du côté des effectifs, vous avez quand même de bonnes nouvelles ?

Oui, pour les écoles élémentaires et maternelles – le niveau dont la commune a la responsabilités – on accueille 767 élèves, 405 dans les écoles publiques et 362 à l’école Notre-Dame. Bien sûr, l’école DIWAN a dû fermer, mais Beausoleil et Notre-Dame accueillent 107 enfants en classes bilingues, 32 à la maternelle de Beausoleil, 26 en maternelle et 49 en élémentaire à Notre-Dame. La mobilisation des parents et du maire ont permis d’obtenir un demi-poste supplémentaire pour la classe bilingue de Beausoleil.

L’offre en langue bretonne peut, j’en suis sûre, compter sur l’appui des militants de l’association Andon, qui propose toujours des cours pour adultes et une ouverture globale sur cette part de notre culture.

Mais l’école à Questembert, ce n’est pas que le premier degré.

Non, au total, en plus des 767 écoliers, Questembert accueille plus de 2000 jeunes : 442 à Jean-Loup Chrétien, 530 à St-Joseph- La Salle, 695 au lycée Marcellin Berthelot, et 344 à la MFREO.

Une offre qui nous impose des contraintes, comme les besoins en équipements sportifs, la circulation des transports scolaires, mais cette richesse, cette diversité contribuent aussi à l’attractivité de notre ville.

Après la nouvelle école maternelle, voici le chantier de réhabilitation de l’école élémentaire.

Un gros chantier en effet, rendu plus complexe encore parce que l’école doit continuer à fonctionner (des enfants, des enseignants, des animateurs de péri-scolaire, des parents, du personnel de service) malgré les travaux qui vont durer près de 3 ans. Cela génère de multiples contraintes : entrées et sorties des véhicules de chantier à adapter aux horaires de fonctionnement de l’école, bruits, présence d’amiante. Il a fallu prendre tout cela en compte, mais notre école n’est pas la première à connaître ce genre d’expérience.

Nous avons présenté l’ensemble du projet dans une réunion publique – avec trop peu de participants – le mercredi 9 septembre. Nous avons évoqué avec les participants les problèmes déjà repérés (parkings, déplacements, mobilité, bruit), mais il y en aura d’autres ! Nous cherchons un bon moyen de communiquer (une newsletter ?) avec tous les usagers, pour leur apporter les informations nécessaires mais aussi pour recueillir leurs observations.

Les travaux sont organisés en trois phases d’environ 7 mois chacune, hors congés d’été. La première phase, qui concerne l’ancienne école maternelle, a débuté le lundi 21 septembre : 2 semaines de « curages », 1,5 semaine de mise en confinement avant les 3 semaines consacrées au désamiantage, dont une partie se fera pendant les vacances scolaires de la Toussaint. Les réunions de chantier ont lieu tous les jeudis et Patrick Pons, conseiller délégué à la sécurité et aux bâtiments, membre du comité de pilotage Ecoles, représentera la municipalité.

Compliqué et coûteux !

Le plan pluriannuel d’investissement validé au conseil du 29 juin prévoit un total de 3,5 M€ TTC d’ici 2023. Avec une enveloppe travaux de 2,9 M€ HT. Beaucoup d’argent, mais un investissement nécessaire, personne ne le conteste. Cette école – en fait une nouvelle école – comportera des classes de 63,5 m² en moyenne et, parmi les objectifs, on notera une réduction de 40 % de la facture énergétique.

Ce n’est pas un sujet communal, mais l’adjointe aux affaires scolaires doit avoir un œil sur toute l’offre scolaire ?

Le département a annoncé la construction d’un collège neuf, les travaux devraient commencer bientôt, mais, comme pour nous à Beausoleil, le collège Jean-Loup Chrétien doit continuer à fonctionner pendant les travaux, et c’est encore plus compliqué : ils n’ont pas bénéficié des espaces libérés chez nous par la construction de l’école maternelle. Ajoutez à cela l’imbrication avec le lycée qui doit refaire le restaurant commun, avec la gare routière des transports scolaires, le parking de la communauté de communes qui est à réhabiliter. Outre le restaurant des Buttes, la Région doit faire d’importants travaux au lycée.

De son côté le collège St-Joseph La Salle a rénové toilettes et préau et continue les travaux dans les salles de sciences et technologie. Quant à la MFREO, elle a acquis les anciens locaux de l’EDF boulevard Pasteur qui vont être transformés pour en faire des salles de formation. La Commune, au dernier conseil, a accordé sa garantie pour l’emprunt qui finance ces travaux.

On le voit tous les établissements se projettent dans une augmentation des effectifs et une meilleure réponse aux besoins pédagogiques.

Et la restauration scolaire ?

Le marché avec le groupe Elior, qui a absorbé Ansamble, Breiz Restauration, a été reconduit dans des conditions qui ont peu varié : la part du bio, les exigences de qualité, la lutte gaspillage alimentaire restent au cœur de nos exigences. Rappelons que notre cuisine centrale de Beausoleil prépare les repas pour les restaurants scolaires de Beausoleil et de Notre-Dame, mais aussi pour l’ALSH, la maison de l’enfance et la résidence autonomie, ainsi que pour les écoles de Limerzel et Lauzach. Nous allons proposer de constituer un groupe de travail qui sera un comité de pilotage « restauration scolaire » en s’appuyant sur un projet alimentaire territorial, qui devrait s’étendre au-delà de nos limites communales.

Pour les locaux, la création de la nouvelle salle de restauration dans l’école maternelle a desserré la densité à Beausoleil, mais c’est encore tendu pour la restaurant Locmaria de Notre-Dame. Un sujet sur lequel nous devrons sûrement nous pencher.

Les menus du restaurant scolaire sont mis en ligne chaque semaine sur le site de la commune.

Mais la politique de l’enfance est une compétence communautaire?

Pas complètement, la maison de l’enfance, l’Arche de Noé, reste communale, mais c’est vrai qu’il y a complémentarité, par exemple pour la fourniture de repas à l’ALSH, pour l’utilisation des locaux de Pomme d’Api (ancienne piscine réhabilitée en 2013-2014). Les animateurs des centres de loisirs sont disposés à développer des projets autour du sport, de la culture musicale. La maison des jeunes aux Buttes apporte un bon appui pour les jeunes décrocheurs, en lien avec le bus du Relais 56.

La complémentarité, on la voit dans la prise en charge des enfants dans la journée ou au cours de la semaine. Elle se voit aussi avec d’un côté le Relais Parents Assistantes Maternelles (communautaire) et de l’autre l’Arche de Noé, le multi-accueil, sous la responsabilité du CCAS.

Justement, ce multi accueil, comment ça marche ?

En ce moment, c’est un peu plus compliqué en raison des contraintes sanitaires à respecter pour le personnel, mais évidemment impossibles pour les enfants. La maison de l’enfance a ouvert en 2004, elle a intégré la halte-garderie qui existait depuis la fin des années 90. Elle offre, pour les enfants de 10 semaines à 3 ans, 30 places en accueil régulier, à temps complet ou à temps partiel, ou de façon occasionnelle.

Le multi-accueil est une structure qui s’adapte aux besoins des familles

  • accueil de 1 à 5 jours
  • accueil d’urgence, mission d’intérim, hospitaliers, agroalimentaires, pour une semaine maximum
  • les deux parents travaillent pour la grande majorité
  • l’accueil est possible en cas de recherche d’emploi, d’arrêt maladie.

L’accueil est assuré par des professionnels (surtout des professionnelles) : éducatrice de jeunes enfants, auxiliaire-puéricultrice, auxiliaire de vie avec CAP petite enfance, mais aussi, en vacations, une infirmière, un médecin, un psychologue.

Les tarifs sont calculés en fonction du revenu, de la situation professionnelle et du nombre d’enfant à charge… Mais surtout, ils sont très raisonnables !

Sur l’histoire de ce multi-accueil, voyez cet article publié en 2014 sur les 10 ans de la Maison de l’enfance

Professeure dans un collège privé, comment vois-tu ton rôle avec l’école publique communale, l’école catholique ?

J’ai été élevée dans un milieu familial où la tolérance est une valeur fondamentale. D’ailleurs dans mon propre parcours scolaire, je suis passée de l’école privée catholique aux collège et lycée publics. J’ai rencontré à chaque fois des gens avec les mêmes qualités – et aussi les mêmes défauts ! Les qualités humaines ne changent pas selon la catégorie de l’établissement l’on enseigne. C’est d’ailleurs sous cet angle que j’ai abordé ouvertement cette question avec les directrices des écoles publiques dès notre rencontre du mois de juin.

A Questembert, en Bretagne (et ce n’est pas le cas des autres régions de France), il y a une complémentarité entre les deux écoles. C’est historique et ces deux écoles correspondent aux besoins/attentes des familles questembertoises.

Et même on peut le voir comme une concurrence positive. C’est peut-être ce qui permet à notre région d’être une académie où les résultats scolaires sont les meilleurs.

Evidemment, j’assumerai pleinement ma responsabilité vis-à-vis des écoles communales, mais je resterai à l’écoute des parents et des enseignants de l’école Notre-Dame. Notez que la commune est liée à l’école Notre-Dame par un contrat d’association, signé en son temps par Paul Paboeuf. Et nous sommes tous attachés à la réussite et au bien-être de tous nos enfants.

Nous n’avons pas parlé du pédibus, du conseil municipal des enfants, d’autres sujets encore.

Ce sera pour une prochaine interview.