Nos villages et les services publics

Parmi les thèmes qui ont été évoqués lors des réunions de quartier ou dans les réponses au questionnaire, il y en a deux ou trois à propos desquels je voudrais partager la réflexion : l’éclairage public, le tout-à-l’égout, les transports scolaires. Dans une approche plus globale sur la desserte en services publics des villages et de l’habitat dispersé.

Depuis 1953, le château d’eau de la Rue du Calvaire marque notre paysage. Il était alimenté par la source du Logo, qui est toujours en service pour moins de 10% de notre consommation. Désormais, la plus grande partie de notre eau vient du barrage de Férel sur la Vilaine. Il supporte aussi les relais de téléphonie mobile. Même si la desserte est encore trop lacunaire.
Image https://chateauxdeau.com/56-morbihan/

Voirie, électricité, téléphone, eau potable : c’est déjà là

Commençons par rappeler que nous disposons déjà, dans les villages et les maisons isolées, de voies publiques, d’une bonne desserte électrique et téléphonique, que l’eau potable est distribuée partout. D’accord, nos routes sont souvent trop étroites, parsemées de nids de poules, elles sont en étoile autour de la ville, sans relier les villages entre eux. Oui, l’électricité et le téléphone sont parfois coupés lors des tempêtes et des orages… Rappelons que la desserte en électricité a été achevée au début des années 60 ; pour l’eau potable, vers la fin de ces années. Quant au téléphone, le développement n’est arrivé qu’au milieu des années 70.

On réclame maintenant la fibre optique. Elle arrive. On attend aussi des cheminements doux sécurisés ; ça commence.

Les transports scolaires ont été généralisés avec la fermeture des écoles de villages (Lesnoyal, La Croix Verte, Kergraslan) et l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans, c’est-à-dire au niveau collège. Et en parallèle avec le recentrement sur les écoles de la ville, il a fallu mettre en place des restaurants scolaires. (Il faudra reparler du coût du service et du prix payé par les familles bénéficiaires.)

J’ai déjà parlé des transports scolaires dans cet article Transport scolaire : à 2km de l’arrêt de car… J’y évoquais la nécessaire sécurité des enfants, c’est-à-dire les questions d’éclairage public, de trottoirs dans les villages, des cheminements sécurisés, etc. Sans oublier l’importance de l’activité physique (marcher! faire du vélo!), et au bout du compte, revenir aux problèmes d’urbanisme et d’habitat.

Tout-à-l’égout, questions de finances et d’efficacité environnementale

En zone très urbanisée, le raccordement à l’assainissement collectif est une solution évidente : la collectivité a l’obligation de créer les réseaux et les outils de traitement et l’habitant a l’obligation de s’y raccorder. Et d’ailleurs on n’est plus au temps du TOUT-à-l’égout, les villes doivent avoir des réseaux séparatifs pour les eaux de pluie et les eaux usées. Eaux usées ou pluviales, elles se déplacent en suivant les pentes, ce qui complique la construction des réseaux : il faut construire des postes de relevage pour remonter les eaux jusqu’à un point haut d’où elles descendent vers la station d’épuration. A Questembert par exemple, ce qui arrivait à l’ancienne station du Pont-Plat est refoulé jusqu’au point haut du carrefour de Lenruit pour redescendre vers la STEP (Station d’épuration) du Maguéro). L’assainissement collectif est donc un système complexe, coûteux à la construction et à l’entretien. Tout doit être financé, construction et entretien des réseaux et stations, fonctionnement quotidien, par les redevances des usagers. L’ensemble Eau Potable et Assainissement est géré par le SIAEP (Syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable) de la région de Questembert.

La STEP du Maguéro

Pour ceux qui veulent approfondir, voir ici le Rapport Annuel du SIAEP de Questembert.

Il est donc difficilement imaginable de desservir en assainissement collectif tous nos villages, hameaux, habitations isolées.

L’assainissement individuel reste la solution, étant donné qu’il est interdit de rejeter des eaux usées dans le milieu naturel sans traitement. Et un assainissement individuel bien réalisé fonctionnera bien sans entraîner de dépenses excessives, en dehors de l’investissement initial à la charge du propriétaire. Il suppose de disposer d’un terrain pour l’épandage, mais il existe des solutions compactes, les microstations d’épuration.

En fin de compte, il faut se rappeler qu’une faible pollution diffuse a peut-être moins d’impact que les grosses machineries de l’assainissement collectif.

Faut-il de l’éclairage public ?

La question est revenue assez souvent éclairage public dans les réunions de quartier, en particulier pour les secteurs où l’urbanisation s’est étalée ces dernières années. La demande est sûrement légitime, mais le besoin est-il réel ? Qui se déplace la nuit dans les rues et sur les routes ? Bien peu de monde. Il m’arrive quand il fait beau de rentrer à la nuit dans mon village. Je ne dirai pas : « Je ne vois pas un chat », car, de fait, sur mon trajet je ne vois… que des chats ! Pour la sécurité ? Renfermés dans nos maisons, les yeux sur la télévision, nous ne verrions personne qui rôderait. Et d’ailleurs, il n’y a sans doute personne… Ne faut-il y voir qu’une demande symbolique : avoir de l’éclairage public pour se sentir en ville.

Pollution lumineuse. C’est une expression nouvelle mais qui renvoie à une réalité. Pour les astronomes et les poètes, la lumière des villes empêche de voir la voûte céleste. Privés de l’étoile polaire, nous perdons le Nord, nous perdons la perception de la nuit. Mais la lumière nocturne perturbe aussi la biodiversité : les oiseaux et insectes diurnes perdent leurs repères, autant que les bêtes de nuit n’y trouvent plus l’obscurité nécessaire. Plus d’info ici.

Carte AVEX de pollution lumineuse autour du Golfe du Morbihan https://vannesastronomie.jimdofree.com/observer/pollution-lumineuse/

Des coûts non négligeables

Construction et gestion des réseaux, consommation électrique représentent une dépense non négligeable. Même si la généralisation des ampoules LED réduit la consommation, même si on a maintenant des éclairages autonomes à capteurs photovoltaïques et allumage par détection de présence, la généralisation de l’éclairage public n’est peut-être pas nécessaire. En tout cas, cela mérite débat.