Fin 2023, Xavier Jaravel, professeur d’économie à la London School of Economics, a publié Marie Curie habite dans le Morbihan, un petit livre d’à peine 120 pages qui veut démocratiser l’innovation.Selon lui, nous gâchons nos chances, nous avons près de nous desMarie Curieou des Albert Einsteinque nous ne savons pas repérer et encourager.
En conclusion, il donne trois pistes pour transformer nos dynamiques d’innovation tout en réduisant les inégalités : – le refus du protectionnisme ; – la participation active des citoyens ; – la politique éducative.
Nous avions à Questembert Communauté des assemblées générales annuelles qui proposaient à tous des thèmes de réflexion ouverte. La mode s’en est perdue, la dernière AG remonte à 2016 avec comme invitée une sociologue de l’environnement. D’autres communautés proposent des événéments comparables, comme le 21 octobre, le Pays des Vallons de Vilaine qui invite à une une table-ronde « les seniors, une ressource pour les territoires ruraux ».
Odile Plan a fondé l’association Or Gris qui s’est donné comme premier objectif de modifier le regard souvent condescendant, misérabiliste sur les vieux, les « petits vieux », non pas sur LA vieillesse, mais sur LES vieillesses. Au contraire, elle voulait montrer les multiples richesses que pouvaient apporter les seniors aux territoires, en particulier par des pratiques innovantes. Selon elle, et beaucoup seront d’accord, les seniors sont une richesse pour nos territoires. Odile Plan sera en quelque sorte le « grand témoin » de cette table-ronde.
Christian Pihet, un chercheur spécialiste du vieillissement
A côté d’Odile Plan, une militante engagée, Christian Pihet apportera le regard savant de l’universitaire. Professeur à l’Université d’Angers, il est rattaché au CNRS. Avec Jean-Philippe Viriot-Durandal et Pierre-Marie Chapon, il a publié en 2012 un ouvrage sur Les défis territoriaux face au vieillissement.
Évidemment, les organisateurs attendent une participation des citoyens : la place des seniors n’est pas qu’une affaire de spécialistes ou d’élus.
Un exemple à suivre dans notre communauté?
Je vous laisse y réfléchir par vous-même.
Pratique
Où : Val d’Anast à l’espace du ROTZ Quand : mercredi 21 octobre, à 18h S’inscrire (obligatoire) : Emmanuelle Guérin e.guerin@paysdesvallonsdevilaine.fr
Oui, la pandémie COVID-19 est là, et oui, les plus de 65 ans sont les personnes à risque. La communication officielle nous le ressasse du matin au soir, mais, comme disait Français Mauriac, j’ai peut-être un pied dans la tombe, mais je n’aime pas qu’on me marche sur l’autre. Oui, nous le savons bien, et j’ai rappelé notre fin inéluctable dans mon article Seniors, nous mourrons nombreux.
Mais, je l’ai montré aussi dans cet autre article les seniors représentent une ressource pour nos territoires. Si la pandémie a accentué l’âgisme, et si l’image du vieux fragile colle encore plus à la peau de tous les seniors, il est urgent de monter un projet qui mette en valeur ce qu’ils peuvent apporter à nos territoires. C’est l’ambition mise en avant sous le titre « un vieux peut en cacher un autre ».
Un projet en 3 volets
Avec l’association Or gris, Odile Plan propose 3 pistes d’action : – constituer un collectif ouvert pour la réflexion et l’action; – recueillir et diffuser les initiatives des seniors pour l’emploi et l’action sociale; – profiter du temps fort de la semaine bleue pour témoigner tout azimut, lancer des débats, etc.
Nous étions les baby boomers, nous voici maintenant papy-boomers. Je vous ai parlé les jours derniers de notre fin inéluctable. Je pourrais parler longuement du maintien à domicile, de la grande dépendance, etc. C’est souvent ce qu’on évoque quand on traite le problème du vieillissement. Et si on s’interrogeait sur la richesse que peuvent apporter les seniors à nos territoires
Comité des sages ? Non sans doute !
Commençons par évacuer l’illusion du comité des sages ! Mon âge ne m’a pas apporté tant de sagesse que je puisse la partager ; en ai-je assez d’ailleurs pour conduire ma propre vie, sans parler de prétendre dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Il s’agit de ne pas encombrer le chemin des responsables d’aujourd’hui. Soyons simplement des citoyens à part entière et participons à la vie de la collectivité, ce sera déjà beaucoup.
L’association a été fondée en 2013 par Odile Plan, après une vie active consacrée au développement des territoires. Son premier objectif était de modifier le regard souvent condescendant, misérabiliste sur les vieux, les « petits vieux », non pas sur LA vieillesse, mais sur LES vieillesses. Au contraire, elle voulait montrer les multiples richesses que pouvaient apporter les seniors aux territoires, en particulier par des pratiques innovantes.
Attention, L’or gris est également le titre d’un livre à charge contre les maisons de retraite.
Oui, les maisons de retraite privées sont un secteur très lucratif : un excellent placement si vous souhaitez investir. Mais ça n’a rien à voir avec les EHPAD publics comme à Questembert. En réponse à un message qui circulait sur les réseaux sociaux, j’ai eu l’occasion de faire le point sur les tarifs des maisons de retraite.
La silver économie ?
L’expression apparaît au début des années 2000 pour désigner l’ensemble des marchés, activités et enjeux économiques liés aux personnes âgées de plus de 60 ans (la silver génération). Le plus évident, est le marché du grand âge (services à la personne, dépenses de santé), mais c’est aussi le marché des seniors, plus jeunes, en bonne santé, avec des ressources plus importantes qu’autrefois. Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), le revenu médian des retraités s’élève à 1 760 euros par mois car ils ont souvent d’autres sources de revenus. Cette somme les place au-dessus de l’ensemble de la population dont la moyenne de revenu s’établit à 1 690 euros. Voir cet article d’Ouest-France Retraite. Un Français touche 1 389 euros par mois en moyenne (16-05-2018).
Le livre de F. Nenin sur les maisons de retraite montre un aspect de la silver économie : il y a de l’argent à faire en faisant payer des services à des personnes solvables et en proposant des investissements rentables à des gens qui en ont les moyens (les mêmes à des âges différents?)
Économie résidentielle
Sans verser dans le cynisme des économistes ultralibéraux, reconnaissons que notre territoire bénéficie de l’apport des retraités à l’économie locale. Les pensions de retraite sont une ressource importante pour ce que Laurent Davezies appelle l’économie résidentielle ou présentielle. Il en montre les avantages – et les risques – dans son ouvrage La République et ses territoires : la circulation invisible des richesses. Mais, et c’est l’intérêt de l’approche d’Odile Plan et de son approche de l’Or Gris, ce n’est pas qu’une affaire d’argent : les seniors ont du temps à offrir, des compétences à partager, des connaissances à transmettre.
Les vieux, une ressource pour les territoires ruraux
Le Réseau Rural breton a organisé en juin deux conférences en ligne (webinaires) sur le thème les vieux, une ressource pour les territoires ruraux. La première session avec Odile Plan a présenté l’association et quelques unes de ses observations. Voir ici sa présentation. La deuxième a été consacrée à deux témoignages d’actions concrètes menées par les seniors sur leurs territoires.
Antoine Potier, coordinateur de la fédération des centres sociaux de Bretagne a présenté les projets intergénérationnels sur la mobilité, la culture, le réemploi (début de la vidéo et ici le compte-rendu en pdf)
Puis Michel Le Borgne, Président de l’association Régionale, a présenté l’outil en main à partir de la 55ème minute dans la vidéo.
Ne pas copier, mais s’inspirer
Ces initiatives ne sont sans doute pas reproductibles, mais elles peuvent nous donner des inspirations. Pour compléter ce qui existe déjà, car les seniors, chez nous comme ailleurs sont déjà très présents dans la vie associative. Sans l’apport des seniors, comment fonctionneraient les assos de chapelle, les clubs divers, le cinéma Iris ? Qui assurerait l’aide aux devoirs (qui existe déjà depuis plusieurs années, il faut le rappeler… à ceux qui ne savaient pas) ? Qui montrerait l’art des maquettes et des modèles réduits ? Sans parler de la couture, de la peinture sur porcelaine, etc.
La première démarche serait peut-être de faire une sorte de recensement de ces compétences. Pour aller plus loin, pourquoi ne pas imaginer de les solliciter sur des thèmes plus généraux ? Par exemple, pour lancer un atlas de la biodiversité, les chasseurs, les pêcheurs seraient une belle source d’information ; les ramasseurs de champignons aussi, même s’ils sont à juste titre réticents à montrer leurs bons coins. Et nous avons aussi parmi nos concitoyens des spécialistes de l’entomologie, de la greffe des pommiers et poiriers, de la généalogie ou de la culture des bonzaï…
Voilà, maintenant yaka ! On y va ?
PS : Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous le plaisir de cette série de BD scénarisée par Wilfrid Lupano et dessinée par Paul Cauuet, publiée par Dargaud depuis 2014, sans oublier le film basé sur la bande dessinée. Vous aimerez les 5 tomes :