J’assistais au conseil municipal du 19 septembre. Mais je ne vous parlerai guère du contenu, malgré tout l’intérêt qu’il présentait. Cet article sera centré sur le déroulement des débats, et la façon d’intervenir des uns et des autres.
Vous pouvez revoir la totalité des débats sur Les infos du pays gallo (vidéo ci-dessous ) et vous trouvez le compte-rendu de ce conseil, avec les annexes à la page calendrier et délibérations sur le site de la mairie.
COVID oblige ou plutôt interdit : pas question de cérémonies des vœux où se rassemblent de centaines d’habitants pour écouter leur maire, leur conseiller départemental ou régional, le député avant de partager la galette des rois ; pour les élus, il fallait trouver de nouvelles façons d’adresser leurs vœux à leurs concitoyens. Dans notre coin, les Infos du pays gallo ont offert cette possibilité aux maires. Une initiative sympathique. Les résultats sont divers et globalement un peu décevants. D’autres élus ont cherché le soutien de professionnels de la vidéo, avec sûrement un coût important. Dans certains cas, on ne sait pas qui a réalisé la séquence, mais sans doute des amateurs éclairés.
Ce que peuvent attendre les citoyens
Les citoyens ont un a priori favorable : ils ont confiance en leur maire ; même si l’élection a provoqué des tensions, elles se sont estompées et la légitimité du premier magistrat n’est pas mise en cause. Cependant les habitants attendent que ce soit intéressant à écouter et plutôt agréable à regarder. Sur le premier point, dans la plupart des cas, les vœux des maires en vidéo étaient intéressants : au-delà des bonnes paroles de bonheur et santé (et cette année, ça compte), les messages délivrés s’organisaient simplement en deux parties, un bilan de l’action municipale de l’an passé et une prospective à court terme et à moyen terme. Rien de très original, mais très attendu.
Des pros aux manettes ou des amateurs (peu) éclairés
A regarder les propositions, on devine que certaines collectivités ont mis la main à la poche pour les vœux municipaux. Et pourquoi pas? c’est un moment d’information collective. Cadrage, éclairage, arrière-plan, sous-titrage, prise de son, rien à dire. Quelques uns ont incrusté l’interviewé sur une autre image : le personnage est filmé sur fond bleu ou vert et on l’incruste dans un décor filmé par ailleurs. Plusieurs proposaient des plans de coupe, ces moments où l’on continue à entendre la voix de l’intervenant, tandis que l’image montre des choses qu’il évoque : l’élu parle des travaux à la salle de sports… et on voit la salle de sports. Un regret cependant, un stade de foot sans joueurs de foot, une cour d’école sans enfants, cela manque de vie !
Les réalisations des amateurs cumulent souvent les « défauts » : l’interlocuteur est mal éclairé, son visage est presque dans le noir, le cadrage est souvent trop large et, du coup, l’interviewé est perdu dans un décor souvent sans intérêt ou, pire, désagréable. Il faut se rappeler qu’un cadrage serré logiquement donne de la présence à l’interviewé. Ci dessous, une copie d’écran d’une Brève de trottoir de Steven Le Roy : il est cadré en plan assez serré et son image est incrustée dans un décor extérieur brestois.
Deux choix sont possibles : un texte écrit et prononcé face caméra ou l’improvisation sur un canevas. Le risque dans le cas du texte lu, c’est de se plonger sur ses notes alors qu’il est impératif de garder au maximum le contact visuel avec les auditeurs… donc à travers l’objectif de la caméra. Sans plans de coupes qui peuvent permettre à l’orateur de jeter un œil sur son texte, il est nécessaire d’avoir un prompteur. Et pour le public, il est utile d’avoir le texte en sous-titre.
Pour improviser sur un canevas, il est important d’avoir une bonne expérience, et d’avoir appris à éviter les mots et expressions parasites : « si je peux me permettre », « véritablement » « comment dirais-je », etc. En présentiel, comme on dit aujourd’hui, c’est agaçant; en vidéo, c’est insupportable. Une variante de l’improvisation consiste à répondre à une vraie ou fausse interview : soit on entend les questions (mais c’est plus compliqué pour la prise de son), soit les questions viennent s’intercaler entre les réponses. Le procédé est plus facile à maîtriser par les novices, mais il paraît moins naturel.
Prendre la parole en public… et en vidéo
Même pour lire son texte sur un prompteur, il faut un peu d’habitude, comme pour la lecture à haute voix : l’œil doit précéder la voix. Mais dans tous les cas, il est important d’avoir travaillé la prise de parole en public. J’ai déjà évoqué les mots parasites, mais il y a aussi les gestes parasites : la main qui vient masquer la bouche, c’est le pire, mais tous les gestes et les postures qui, répétées, vont prendre le pas sur l’attention que mériterait le discours. C’est aussi avoir appris à maîtriser le débit, ni trop rapide, ni trop lent, mais avec un rythme varié ; une intonation vivante loin des excès qui cassent la voix (penser au « c’est notre projet » d’Emmanuel Macron) ou du recto tono qui met tous les mots toutes les phrases au même niveau.
Contrairement aux idées reçues, cette capacité à prendre la parole en public n’est pas un don inné, c’est un ensemble de techniques, de savoir-faire qu’il faut apprendre. J’insiste souvent sur la nécessité de la formation pour les élus : voilà un domaine où ils devraient tous se former, non pas pour devenir des clones de modèles à suivre, mais pour être efficaces tout en restant eux-mêmes. Voir par exemple ici la proposition de l’ARIC pour prendre la parole en public.
Et nous avons même une formatrice de l’ARIC à deux pas de chez nous Alexandra Fresse-Eliazord habite à Peillac. Voir ici sa présentation personnelle.
Comment diffuser ?
Dans notre secteur, plusieurs communes ont accepté la proposition des Infos du Pays Gallo pour diffuser les vœux municipaux. L’initiative était intéressante et… gratuite pour la collectivité. Les communes ont pu relayer ces vidéos sur leur site propre ou leur page facebook.
Pour celles qui ont choisi de réaliser ou de faire réaliser leur message de vœux, il ne faut pas oublier la possibilité de diffuser sur youtube comme l’a fait Noyal-Muzillac : le message est sur le site communal, mais la vidéo est lue sur youtube.
D’ailleurs, il serait sans doute intéressant que les communes se créent une chaîne youtube comme elles ont un site internet et des pages sur les réseaux sociaux.