Lui, maire, et ses adjoints

Porter un regard de citoyen, c’est confronter ce qui a été dit, ce qui a été promis et ce qui est effectivement réalisé. Avec exigence – ne pas être un béni-oui-oui – mais sans la hargne ou la haine qui animent certains opposants.

De Moi Président, à Lui président

J’avais – j’ai toujours – beaucoup de respect pour François Hollande, ce qui ne m’empêchait pas de voir ses échecs ou ses manquements, mais j’étais horrifié par ce qu’on pouvait appeler le Hollande bashing : rien de sa personne ou de son action ne trouvait grâce aux yeux de ses adversaires. Comme dit Mona Ozouf, dans son interview à Ouest-France du 1er août, il nous faut « une éducation à la nuance ».

F. Hollande nous avait amusés ou agacés avec sa litanie de « moi président » au cours de son débat avec N. Sarkozy. Ce truc de rhétorique, qu’on appelle anaphore, avait conduit trois étudiants de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ-Lille) à créer un site internet intitulé Lui président pour vérifier avec objectivité la réalisation de ses engagements de campagne. Une méthode intelligente, précise, et les résultats de l’analyse pouvaient sûrement énerver aussi bien les thuriféraires du président que ses détracteurs les plus acharnés et les moins scrupuleux. A la fin, cela a donné un grand bilan du quinquennat Hollande, nuancé, mais plutôt positif.

Depuis 2017, le président Macron a aussi son Lui président : un nouveau groupe a pris la suite! Le projet est animé par les étudiants de l’école sous la supervision de journalistes professionnels.

Une idée pour évaluer l’action municipale

Cela m’a donné l’idée de suivre ce modèle pour évaluer avec le plus de sérénité et d’objectivité possible l’action de la nouvelle équipe municipale. Je me suis appuyé sur leurs documents de campagne que j’ai condensés en une liste d’objectifs dont chacun pourra mesurer à quel niveau ils sont atteints. C’est à un exercice collectif d’évaluation des politiques publiques que je vous invite. A vos commentaires.

Observer un conseil municipal : un exemple à Grenoble

L’association Regards citoyens, créée en 2009, s’est donné comme objectif de proposer un accès simplifié au fonctionnement de nos institutions démocratiques à partir des informations publiques. Sur le site de l’association, vous trouverez une réflexion sur ce thème en observant le conseil municipal de Grenoble, ce qui permettra d’améliorer l’ébauche que je vous propose ici.

Les grands thèmes annoncés par Questembert 2020

Le groupe conduit par Boris Lemaire a regroupé ses propositions en 6 grands thèmes

  • La culture
  • La démocratie collaborative
  • L’économie et emploi
  • La préservation de l’environnement
  • l’action sociale
  • La Communauté et nous

Pour la culture

  • Préserver et animer notre patrimoine matériel et immatériel
  • Proposer des offres culturelles variées et de qualité.
  • Soutenir le réseau associatif
  • Appuyer les initiatives pluridisciplinaires, traditionnelles ou modernes
  • Proposer un nouvel événement festif

La démocratie collaborative

  • Considérer les habitants comme des citoyens et non comme des clients
  • inviter les habitants à investir les lieux de réflexion et de travail pour le bien et le lien communs
  • Aider les citoyens à s’informer et à se former sur les sujets communs
  • Débattre à partir de connaissances partagées pour construire ensemble des solutions consensuelles

L’économie et l’emploi

  • Offrir des infrastructures de qualité pour faire éclore les projets des acteurs locaux et attirer ceux de l’extérieur
  • Défendre et enrichir l’offre de services autour de nos gares ferroviaires
  • Améliorer en partenariat avec la Région la desserte numérique en très haut débit
  • Lancer une action de reconquête du cœur de ville avec les artisans, commerçants et habitants, en sollicitant le soutien de l’Etat, de la Région et de la Banque des Territoires
  • Soutenir, à l’échelle de la communauté, les commerces et services de proximité
  • Développer une économie plus verte, plus solidaire, plus sociale
  • Accroître l’offre de logements et de services pour fixer aussi bien les salariés que les entrepreneurs (une cité active, pas une cité dortoir)

La préservation de l’environnement

  • Réaliser un atlas communal (et intercommunal) de la biodiversité en impliquant au maximum les habitants : bien connaître la nature pour mieux la protéger
  • Créer un indicateur de l’emploi lié à la transition écologique
  • Contre l’obsolescence programmée, faciliter la réparation, le réemploi, créer une ressourcerie
  • Diffuser les enjeux et le programme d’action du PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) élaboré par Questembert Communauté
  • Faire de notre communauté un Territoire à Energie Positive (TEPOS), un territoire où l’on produit plus d’énergie qu’on en consomme, en augmentant la production et en réduisant la consommation
  • Lancer un Plan Alimentation Territorial pour produire au plus près de chez nous la nourriture que nous consommons ; et y impliquer aussi bien les consommateurs que les paysans qui produisent
  • Préserver la quantité et la qualité de l’eau, une nouvelle compétence obligatoire de Questembert Communauté

L’action sociale

  • Conforter l’offre de services pour l’enfance et la jeunesse
  • Redéployer l’aide au maintien à domicile pour les personnes âgées
  • Valoriser l’insertion des seniors dans la vie collective
  • Soutenir les aidants auprès des personnes dépendantes
  • Favoriser l’inclusion numérique
  • Repérer et accompagner les familles monoparentales et spécialement les parents isolés

La Communauté et nous

  • Faire connaître la Communauté et ses actions tant auprès des élus que des habitants
  • Coordonner et mutualiser l’offre sportive à l’échelle communautaire
  • Redonner de la visibilité à la politique culturelle de la communauté
  • Faire partager aux élus et aux habitants le projet communautaire.

Open data, outil pour la démocratie

Open data, c’est quoi donc ? On peut traduire : « données ouvertes ». Mais encore? C’est la possibilité pour chacun d’accéder aux données publiques, plus précisément aux données issues de l’activité publique, données qui le plus souvent ont été financées par le citoyens à travers les tarifs ou l’impôt local.

Du secret des administrations, à l’action de la CADA, et à l’obligation de rendre accessibles les données



Le chemin parcouru a été bien long depuis l’affirmation de la déclaration des droits de l’homme de 1789 qui dans son article 15 affirme : La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

D’abord, il y eut le secret : Circulez, y a rien à voir ou Dormez, braves gens, on s’occupe de tout. Le temps des affaires réglées entre gens de bonne compagnie, parfois entre copains et coquins. Avec pour conséquence, une méfiance justifiée du citoyen envers des instances opaques. Alors oui, on pouvait dire « on nous cache tout, on nous dit rien. »

Il faut attendre la loi du 17 juillet 1978 qui a instauré un droit d’accès des citoyens aux documents administratifs. Ainsi, toute personne a le droit d’obtenir communication des documents détenus par une administration dans le cadre de sa mission de service public, quels que soient leur forme ou leur support.

Théoriquement ! Parce qu’en pratique, c’était quelquefois plus compliqué. Ainsi dans une commune de la périphérie vannetaise, le groupe d’opposition avait dû louer une photocopieuse et un groupe électrogène, installés devant la mairie, pour obtenir copie des délibérations, des budgets, qui sont pourtant des documents publics.

Plus récemment, j’ai dû pour ma part solliciter en 2014 la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) pour obtenir communication de la fiche DGF de la commune, car l’adjoint m’avait répondu :  » Un tel document est confidentiel et, en conséquence, nous ne pouvons faire suite à votre demande. » Évidemment, il s’agissait d’un document public. Peut-être l’adjoint l’ignorait-il lui-même. Mais, la plupart du temps, le citoyen peut être découragé par les obstacles qu’on dresse devant lui. Et renoncer à une information utile.

Cet adjoint était bien en retard sur son temps, sur notre temps.

Des données ouvertes, une attente citoyenne, sanctionnée par la loi

Les données ouvertes sont désormais un principe admis qui répond à une attente citoyenne. Avant d’être inscrit dans la loi « Pour une république numérique,«  préparée par Axelle Lemaire en 2016 (non, ce n’est pas la sœur de Boris!), le principe a été formalisé en France par la mission ETALAB (2011) et le portail data.gouv.fr. Mais dès 2010, les villes de Rennes et de Paris ont initié une démarche open.data

Plus près de nous, le syndicat départemental Morbihan Énergies a lancé son portail de données ouvertes. Voir ci-dessous la page d’accueil.

La page d’accueil du portail open data de Morbihan énergies.

La page d’accueil du portail est alléchante : elle souligne les 3 objectifs visés avec en premier lieu, celui de rendre l’action publique plus compréhensible par les citoyens. Mais ce qui est proposé à ce jour est encore décevant… Le service le plus recherché est la cartographie des points de recharge des véhicules électriques. Récemment, la ville de Lorient a mis en ligne les stationnements particuliers (PMR par exemple). La commune de Béganne, quant à elle, a mis en ligne ses budgets 2017 et 2018. Des progrès à faire donc.

Du côté de Rennes Métropole, il y a aussi à faire : si vous vous intéressez au PLUi du territoire métropolitain, vous pouvez télécharger un fichier de 217 Mo au format gpkg, un format ouvert, sous licence libre, mais…

On comprend l’intention louable de la loi « pour une République numérique ». La mise en œuvre reste complexe.

Une médiation nécessaire, mais premières étapes faciles à atteindre

Pour recueillir pleinement les effets positifs de l’ouverture des données, il faut probablement un accompagnement, une médiation pour que les citoyens puissent profiter de l’information offerte et pour que la démocratie soit plus vivante, plus participative.

Cependant, les communes et les communautés peuvent facilement faire un effort pour que les données de base soient accessibles : elles disposent presque toutes de sites internet, de newsletters. Quoi de plus facile que diffuser régulièrement l’information nécessaire au grand public. Bien sûr, la plupart mettent en ligne les comptes-rendus des conseils, les budgets, les rapports d’activités. Mais quoi de plus rébarbatif qu’une délibération formelle qui retrace les liens avec les lois et règlements ? Il faudrait remettre tout ça dans le contexte, exposer les enjeux, montrer comment telle action s’inscrit dans un projet global.

Tout cela impose une réflexion approfondie sur le message à transmettre, du travail complexe des spécialistes, mais c’est à ce prix qu’on pourra faire mieux vivre la démocratie : des citoyens qu’on respecte parce qu’ils sont informés, des élus qui sont respectés parce qu’ils prennent le temps d’expliquer ce qu’ils font.

Regards citoyens fait la promotion de l’open data

Pour aller plus loin, avec l’association Regards Citoyens

Créée en 2009, l’association est constituée de citoyens de tous âges et régions, tous bénévoles, qui se sont rencontrés sur Internet dans un désir commun de proposer un accès simplifié au fonctionnement de nos institutions démocratiques à partir des informations publiques.

Sur le site de Regards Citoyens, vous pourrez trouver des informations sur l’activité de nos députés et de nos sénateurs. Et bien sûr, c’est notre sujet du jour, la promotion de l’open data.

Les seniors, une ressource pour nos territoires

Nous étions les baby boomers, nous voici maintenant papy-boomers. Je vous ai parlé les jours derniers de notre fin inéluctable. Je pourrais parler longuement du maintien à domicile, de la grande dépendance, etc. C’est souvent ce qu’on évoque quand on traite le problème du vieillissement. Et si on s’interrogeait sur la richesse que peuvent apporter les seniors à nos territoires

Les Vieux Fourneaux, une série de BD géniale

Comité des sages ? Non sans doute !

Commençons par évacuer l’illusion du comité des sages ! Mon âge ne m’a pas apporté tant de sagesse que je puisse la partager ; en ai-je assez d’ailleurs pour conduire ma propre vie, sans parler de prétendre dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Il s’agit de ne pas encombrer le chemin des responsables d’aujourd’hui. Soyons simplement des citoyens à part entière et participons à la vie de la collectivité, ce sera déjà beaucoup.

C’est exactement ce que propose l’association OR GRIS : seniors acteurs des territoires ruraux, dans une société pour tous les âges…

L’association a été fondée en 2013 par Odile Plan, après une vie active consacrée au développement des territoires. Son premier objectif était de modifier le regard souvent condescendant, misérabiliste sur les vieux, les « petits vieux », non pas sur LA vieillesse, mais sur LES vieillesses. Au contraire, elle voulait montrer les multiples richesses que pouvaient apporter les seniors aux territoires, en particulier par des pratiques innovantes.

Attention, L’or gris est également le titre d’un livre à charge contre les maisons de retraite.

Oui, les maisons de retraite privées sont un secteur très lucratif : un excellent placement si vous souhaitez investir. Mais ça n’a rien à voir avec les EHPAD publics comme à Questembert. En réponse à un message qui circulait sur les réseaux sociaux, j’ai eu l’occasion de faire le point sur les tarifs des maisons de retraite.

La silver économie ?

L’expression apparaît au début des années 2000 pour désigner l’ensemble des marchés, activités et enjeux économiques liés aux personnes âgées de plus de 60 ans (la silver génération). Le plus évident, est le marché du grand âge (services à la personne, dépenses de santé), mais c’est aussi le marché des seniors, plus jeunes, en bonne santé, avec des ressources plus importantes qu’autrefois. Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), le revenu médian des retraités s’élève à 1 760 euros par mois car ils ont souvent d’autres sources de revenus. Cette somme les place au-dessus de l’ensemble de la population dont la moyenne de revenu s’établit à 1 690 euros. Voir cet article d’Ouest-France Retraite. Un Français touche 1 389 euros par mois en moyenne (16-05-2018).



Le livre de F. Nenin sur les maisons de retraite montre un aspect de la silver économie : il y a de l’argent à faire en faisant payer des services à des personnes solvables et en proposant des investissements rentables à des gens qui en ont les moyens (les mêmes à des âges différents?)

Économie résidentielle

Sans verser dans le cynisme des économistes ultralibéraux, reconnaissons que notre territoire bénéficie de l’apport des retraités à l’économie locale. Les pensions de retraite sont une ressource importante pour ce que Laurent Davezies appelle l’économie résidentielle ou présentielle. Il en montre les avantages – et les risques – dans son ouvrage La République et ses territoires : la circulation invisible des richesses. Mais, et c’est l’intérêt de l’approche d’Odile Plan et de son approche de l’Or Gris, ce n’est pas qu’une affaire d’argent : les seniors ont du temps à offrir, des compétences à partager, des connaissances à transmettre.

Les vieux, une ressource pour les territoires ruraux

Le Réseau Rural breton a organisé en juin deux conférences en ligne (webinaires) sur le thème les vieux, une ressource pour les territoires ruraux. La première session avec Odile Plan a présenté l’association et quelques unes de ses observations. Voir ici sa présentation. La deuxième a été consacrée à deux témoignages d’actions concrètes menées par les seniors sur leurs territoires.

Antoine Potier, coordinateur de la fédération des centres sociaux de Bretagne a présenté les projets intergénérationnels sur la mobilité, la culture, le réemploi (début de la vidéo et ici le compte-rendu en pdf)

Puis Michel Le Borgne, Président de l’association Régionale, a présenté l’outil en main à partir de la 55ème minute dans la vidéo.

Ne pas copier, mais s’inspirer

Ces initiatives ne sont sans doute pas reproductibles, mais elles peuvent nous donner des inspirations. Pour compléter ce qui existe déjà, car les seniors, chez nous comme ailleurs sont déjà très présents dans la vie associative. Sans l’apport des seniors, comment fonctionneraient les assos de chapelle, les clubs divers, le cinéma Iris ? Qui assurerait l’aide aux devoirs (qui existe déjà depuis plusieurs années, il faut le rappeler… à ceux qui ne savaient pas) ? Qui montrerait l’art des maquettes et des modèles réduits ? Sans parler de la couture, de la peinture sur porcelaine, etc.

La première démarche serait peut-être de faire une sorte de recensement de ces compétences. Pour aller plus loin, pourquoi ne pas imaginer de les solliciter sur des thèmes plus généraux ? Par exemple, pour lancer un atlas de la biodiversité, les chasseurs, les pêcheurs seraient une belle source d’information ; les ramasseurs de champignons aussi, même s’ils sont à juste titre réticents à montrer leurs bons coins. Et nous avons aussi parmi nos concitoyens des spécialistes de l’entomologie, de la greffe des pommiers et poiriers, de la généalogie ou de la culture des bonzaï…

Voilà, maintenant yaka ! On y va ?

PS : Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous le plaisir de cette série de BD scénarisée par Wilfrid Lupano et dessinée par Paul Cauuet, publiée par Dargaud depuis 2014, sans oublier le film basé sur la bande dessinée.
Vous aimerez les 5 tomes :

  • Ceux qui restent,
  • Bonny and Pierrot,
  • Celui qui part,
  • La Magicienne,
  • Bons pour l’asile