Salon du livre de jeunesse, le retour

La parenthèse « biennale » du livre se referme ! La municipalité de Questembert a décidé de revenir à un salon annuel et elle a persuadé les élus communautaires de financer le chèque-livre de 8€ pour tous les écoliers. Un salon tous les ans, parce que les enfants grandissent vite, parce qu’il faut, comme disait à peu près Paul Valéry, il faut jeter des pierres dans les esprits pour qu’elles y fassent des vaguelettes et viennent en troubler la surface trop immobile.

Une vingtième édition

Ce pourrait être la 22ème (comme l’a écrit Ouest-France), ce n’est que la 20ème, en raison de l’éclipse biennale. La première édition remonte au mois de mai 2001 : le projet s’était greffé sur la construction de la nouvelle médiathèque… qui n’était pas encore achevée (elle a été inaugurée en décembre 2001). L’ambition était d’offrir aux enfants un temps pour explorer la littérature jeunesse, terreau d’une créativité foisonnante. Et leur faire partager une expérience rare grâce aux échanges avec les auteurs, les dessinateurs, les artistes : ils découvrent ainsi la fabrique du livre, le travail de création depuis la première ébauche jusqu’à l’œuvre achevée qui va vivre de leur lecture et de leur regard.

D’abord pour les enfants et leurs familles

Le salon du livre de jeunesse est né du prix ado de la ville de Questembert qui avait été créé par Mme Maryvonne Coeffic, adjointe à la Culture (89-95) et la toute petite équipe de la bibliothèque municipale. Le prix était attribué par les élèves des collèges, les documentalistes et les professeurs accompagnaient la découverte des œuvres et des auteurs jusqu’à la proclamation des résultats. D’emblée, le salon du livre de jeunesse a visé les écoliers, parce que les écoles sont une responsabilité municipale, mais surtout, parce que plus tôt les enfants sont amenés au livre, plus ils en bénéficient. Et la littérature enfance d’aujourd’hui est de très grande qualité – même s’il reste quelques scories un peu niaises d’un passé révolu. C’est une réflexion comparable qui nous avait conduits à proposer Festi’Mômes, un festival de spectacles vivants pour les tout-petits, loin du robinet d’eau tièdes des émissions enfantines de la télévision.

Ouverture aux collégiens et lycéens

Comme Questembert Communauté l’a fait pour l’édition 2021 de FestiMômes, le salon du livre va impliquer nos collégiens et lycéens. Un choix cohérent avec la politique enfance et jeunesse de la communauté.

Rencontres, ateliers, expositions, chèque livre

L’équipe d’organisation (médiathèque de la Ville et réseau des médiathèques) a programmé des rencontres avec des auteurs et dessinateurs dans les écoles de la Communauté, mais aussi des ateliers et des expositions pendant les 2 journées ouvertes au public samedi et dimanche. Noter en particulier l’ouverture vers le Japon et l’univers du manga (dimanche à 11h et 14h30). Voir le programme détaillé dans le flyer diffusé sur le site de la mairie).

Le chèque-livre, offert à nos 2600 écoliers, contribue fortement à l’attrait du festival : les enfants viennent avec leurs parents choisir le livre auprès des trois librairies partenaires : la papeterie questembertoise, la maison de la presse, et la librairie Sainte-Hortense de Rochefort-en-Terre. Souvent le choix se porte sur l’ouvrage de l’auteur rencontré dans leur classe… Mais, il arrive aussi que les enfants persuadent les parents d’acheter d’autres livres… et les amener vers les médiathèques du territoire, et globalement vers le livre, la lecture.

Un élément de l’offre culturelle

Avec le retour au salon annuel du salon, la municipalité de Boris Lemaire réaffirme l’engagement de la commune en faveur de la culture. Bien sûr en continuant le partenariat essentiel avec l’Orchestre de Bretagne, qui a donné ce mardi un concert à destination des scolaires après celui offert au grand public au mois de février (lien). Mais aussi, la première édition de la Lune Rousse, les soirées PicNic et Croc’notes, l’Inopiné Festival. De son côté, la Communauté a montré une volonté de donner plus d’envergure à sa programmation culturelle en recrutant une directrice qui aura la supervision de l’Asphodèle, des Digitales, du réseau des médiathèques, mais aussi la préparation d’une nouvelle offre d’automne en alternance avec Festi-Mômes. Sans oublier le soutien à l’Iris Cinéma.

Ça coûte ? Mais ça rapporte aussi…

Un peu plus de 20 000 € pour les chèques-livres au budget de Questembert Communauté, mais au mieux, ils ne seront utilisés qu’à 80 %. Dommage, sans doute, mais c’est déjà une belle réussite ; les communes, Questembert bien sûr, mais les autres aussi, prennent en charge les prestations des intervenants dans les classes et dans les ateliers, les frais de transports, d’hébergement, de restauration. La communication (affiches, dépliants, etc) est assurée par la commune de Questembert qui finance aussi la surveillance… Il faut aussi payer les heures complémentaires pour les personnels de la médiathèque et des services techniques. Au total, c’est une dépense d’environ 25 000 € pour la commune, à quoi s’ajoutent les aides de la Région, de la SOFIA, un organisme agréé par le ministère de la Culture, la participation des libraires qui s’installent sous les Halles.

Le budget du salon du livre

Il faut donner ces chiffres et les mettre en face des résultats obtenus : combien d’enfants ont bénéficié de cette belle expérience, combien de familles touchées, combien de visiteurs (6 000 pour la précédente édition) ? Quelles sont les retombées économiques directes (du côté des libraires) et indirectes : samedi et dimanche, il y aura du monde en ville. Et le bar le Vincennes restera ouvert jusqu’à 18h dimanche, avec un service de brasserie le midi.

Ça me rappelle une vieille séquence vidéo sur les bénéfices de l’offre culturelle, les externalités positives, comme disent les économistes. J’avais évoqué le sujet dans cet article de 2012 L’apport économique de la culture.

Un clip délicieux sur le sujet : la parabole des Tuileries