Dans son édition du 30 mars, Ouest-France a consacré plusieurs pages à la situation des maires au milieu de leur mandat. Plusieurs se disent fatigués par « un mandat extrêmement difficile » Et de fait, les démissions ont déjà été plus nombreuses que jamais. Pourtant, malgré les difficultés, ils ont agi ! Ils devraient tous faire leur bilan de mi-mandat… Mais la même tâche nous incombe à nous citoyens, électeurs.
Rendre compte, une exigence
Trop longtemps, trop souvent encore, aussi bien les élus que les électeurs ont considéré que, l’élection passée, chacun pouvait retourner à ses petites affaires, les électeurs à leurs préoccupations quotidiennes (faire bouillir la marmite, remplir le frigo), et les élus à la gestion courante, en faisant au mieux sans doute, à leur idée en tout cas. Tout juste si certains visant leur réélection dressaient la liste de leurs réussites.
Et pourtant, les uns et les autres devraient considérer que rendre compte du mandat est une exigence démocratique. Les électeurs, les citoyens, sont en droit de demander aux élus ce qu’ils ont fait du bien commun qui leur a été confié. Les élus ont le devoir de répondre à ces demandes. Comme le stipule, dès 1789, l’article 15 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, la Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.
Une méthode assez simple consiste à confronter le programme annoncé et les réalisations : ça, c’est fait, ça, c’est en cours, ça, c’est encore à venir (donner du temps au temps, voir le programme pluriannuel d’investissement), et puis, ça, eh bien, c’est abandonné, et on explique pourquoi. En principe, on arrive ainsi à une liste sinon parfaitement objective au moins à peu près consensuelle. Cependant la méthode n’empêchera pas les opposants irréductibles de prétendre, contre toute évidence, que rien n’a été fait, ni les braillards de place publique d’instruire des procès en trahison. Mais au moins, ce sera une base de départ.
Les promesses de 2020
Dès août 2020, en m’inspirant de la démarche Lui président, initiée par trois étudiants de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ-Lille), j’avais proposé, dans un article Lui, maire, et ses adjoints, de nous préparer à évaluer au fur et à mesure l’action des nouveaux élus à partir de leur programme électoral.
Facile donc pour nous de reprendre les engagements de Boris Lemaire et de son équipe à partir des documents de campagne. Ils sont encore en ligne ici.
Heureusement pour eux et pour nous, ils n’avaient pas promis la lune, ils n’avaient pas cédé à la démagogie commune en ces périodes. Voici, reprise de mon article cité plus haut, une synthèse de leurs engagements.
Qu’avaient-ils donc promis ? Les grands thèmes annoncés par Questembert 2020
Le groupe conduit par Boris Lemaire a regroupé ses propositions en 6 grands thèmes
- La culture
- La démocratie collaborative
- L’économie et emploi
- La préservation de l’environnement
- l’action sociale
- La Communauté et nous
- Pour la culture
- Préserver et animer notre patrimoine matériel et immatériel;
- Proposer des offres culturelles variées et de qualité;
- Soutenir le réseau associatif;
- Appuyer les initiatives pluridisciplinaires, traditionnelles ou modernes;
- Proposer un nouvel événement festif.
- La démocratie collaborative
- Considérer les habitants comme des citoyens et non comme des clients;
- Inviter les habitants à investir les lieux de réflexion et de travail pour le bien et le lien communs;
- Aider les citoyens à s’informer et à se former sur les sujets communs;
- Débattre à partir de connaissances partagées pour construire ensemble des solutions consensuelles.
- L’économie et l’emploi
- Offrir des infrastructures de qualité pour faire éclore les projets des acteurs locaux et attirer ceux de l’extérieur;
- Défendre et enrichir l’offre de services autour de nos gares ferroviaires;
- Améliorer en partenariat avec la Région la desserte numérique en très haut débit;
- Lancer une action de reconquête du cœur de ville avec les artisans, commerçants et habitants, en sollicitant le soutien de l’Etat, de la Région et de la Banque des Territoires;
- Soutenir, à l’échelle de la communauté, les commerces et services de proximité;
- Développer une économie plus verte, plus solidaire, plus sociale;
- Accroître l’offre de logements et de services pour fixer aussi bien les salariés que les entrepreneurs (une cité active, pas une cité dortoir).
- La préservation de l’environnement
- Réaliser un atlas communal (et intercommunal) de la biodiversité en impliquant au maximum les habitants : bien connaître la nature pour mieux la protéger;
- Créer un indicateur de l’emploi lié à la transition écologique;
- Contre l’obsolescence programmée, faciliter la réparation, le réemploi, créer une ressourcerie;
- Diffuser les enjeux et le programme d’action du PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) élaboré par Questembert Communauté;
- Faire de notre communauté un Territoire à Energie Positive (TEPOS), un territoire où l’on produit plus d’énergie qu’on en consomme, en augmentant la production et en réduisant la consommation;
- Lancer un Plan Alimentation Territorial pour produire au plus près de chez nous la nourriture que nous consommons ; et y impliquer aussi bien les consommateurs que les paysans qui produisent;
- Préserver la quantité et la qualité de l’eau, une nouvelle compétence obligatoire de Questembert Communauté.
- L’action sociale
- Conforter l’offre de services pour l’enfance et la jeunesse;
- Redéployer l’aide au maintien à domicile pour les personnes âgées:
- Valoriser l’insertion des seniors dans la vie collective;
- Soutenir les aidants auprès des personnes dépendantes;
- Favoriser l’inclusion numérique;
- Repérer et accompagner les familles monoparentales et spécialement les parents isolés.
- La Communauté et nous
- Faire connaître la Communauté et ses actions tant auprès des élus que des habitants;
- Coordonner et mutualiser l’offre sportive à l’échelle communautaire;
- Redonner de la visibilité à la politique culturelle de la communauté;
- Faire partager aux élus et aux habitants le projet communautaire.
Et nous, quels citoyens avons-nous été ?
Les élus sont souvent sur la sellette au banc des accusés. Ils sont nuls, malhonnêtes, corrompus, etc. La rengaine est connue et donne envie de répondre : si vous êtes si malins, si compétents, si honnêtes, vous devriez vous présenter pour prendre la place.
Parmi les attentes exprimées, parfois avec véhémence, j’entends la transparence de l’information. Un vrai sujet, et les élus devraient mieux répondre à cette demande. Par exemple, j’ai évoqué à la fois la nécessité de mieux comprendre les enjeux du chantier de restauration des milieux aquatiques et la difficulté d’accéder aux documents de l’enquête publique (plusieurs centaines de pages) Mais combien ont simplement tenté d’aller voir ? Sur ce point, les exemples sont multiples : l’information est là, la transparence réclamée est sous nos yeux.
Autre exigence : la démarche participative. « Nous voulons être associés à la décision. » Soit, mais quand les occasions sont offertes (balades participatives pour Petites Villes de Demain) la participation est bien faible. Là encore, il est facile de multiplier les exemples.
Partant de là, pourquoi ne pas reprendre le programme ci-dessus et s’interroger sur ce que peut faire le citoyen. Par exemple : Considérer les habitants comme des citoyens et non comme des clients. Tiens, tiens, sur la question des déchets, ai-je été un citoyen ou un simple client ? Voici par exemple ce que j’ai entendu dans une réunion de quartier (les élus y ont rendu compte de leur mandat) : « je mets mon sac jaune au bord de la route. Et après ce n’est plus mon problème. »