Des articles de presse ont montré les travaux de renaturation menés sur le ruisseau du Logo par Eaux et Vilaine. Avec des explications parfois surprenantes, et des photos qui peuvent surprendre. Sans qu’on voie à quel résultat on peut s’attendre. Et des réactions diverses sur les réseaux qu’on dit sociaux.
La presse en a parlé (suivre les liens)
- Les infos du pays gallo
- Ouest-France
- Le Télégramme.
Quelques confusions à éviter
Oui, dans les années 70, pendant le remembrement, le ruisseau du Logo, comme la plupart des ruisseaux du chevelu qui alimente le Tohon, a été rectifié, plus précisément, tiré au droit à la pelleteuse, creusé à 1 mètre de profondeur. Il s’agissait de drainer, d’assainir des marais, des prés humides, difficiles sinon impossibles à exploiter. Donc toujours gagner des terres labourables, qui puissent produire le blé, donner du pain : défricher des landes et des bois, supprimer des haies, se débarrasser de l’eau (voir L’eau désirée, l’eau rejetée).
Les conséquences immédiates ont paru positives, puis on s’est rendu compte des effets néfastes, sinon désastreux : l’eau dévale de plus en plus vite, elle entraîne avec elle les terres de surface, dégrade les sols, emportant avec elle la partie la plus riche, les engrais, les produits phytosanitaires. En période de fortes pluies, l’eau ruisselle sans le moinder obstacle et provoque des crues soudaines et des inondations catastrophiques comme celles qu’on a connues l’hiver dernier.
La dégradation de la biodiversité est moins visible, mais elle est réelle ; et les premiers à s’en rendre compte sont les pêcheurs de truites: peu de refuges, plus de frayères, pas assez de nourriture, etc.
La prise d’eau et la station du Logo
C’est donc au moment du remembrement et non pas de la création de la station de pompage que le ruisseau a été rectifié. La station du Logo a été construite au début des années 50, pour le service d’eau. Voir Le service d’eau (histoires d’eaux n°3).

Sur les photos aériennes de l’époque, on voit bien le bâtiment circulaire (point blanc) qui abrite les pompes et les filtres à neutralite (pour remonter le pH des eaux acides) et le ruisseau serpente au milieu des prés. Sur les photos récentes, la station est bien repérable et le ruisseau est devenu un fossé rectiligne.
A la pelleteuse ?
La photo publiée par les Infos du Pays Gallo (ci-dessous) a provoqué de la polémique : comment, on prétend restaurer l’état naturel du ruisseau et on écrase tout à la pelleteuse et ça donne une énorme flaque de boue ?
Eh bien, oui, le travail se fait aujourd’hui avec les outils de notre époque, et la terre étalée au premier plan empĉhe de voir, déjà tracé, le tracé sinueux du ruisseau qui va retrouver son lit naturel dans le talweg, c’est-à-dire au point bas du vallon (dans la casse, selon le mot du gallo questembertois).

Pour voir à quoi ressemblera le ruisseau dans quelques mois, il faut passer dans l’autre vallon, celui du ruisseau de Serguin qui prend ses sources à Kervault, à Tréherman, à Tresnay et qui a été renaturé l’année dernière : le ruisseau a repris son cours sinueux, il court sur un lit sableux, à peine ralenti par endroits par des pierres de granit, avec des petits remous qui viennent apporter de l’oxygène à l’eau. (faire défiler les images)
Un petit chantier dans un programme d’ensemble
Ce chantier (130 K€, dont 16% à la charge de Questembert communauté) est un élément du programme global conduit par Eaux et Vilaine qui concerne tout le bassin versant du Tohon-St-Éloi et dont la renaturation du vallon de Célac est une autre partie. (À lire ici Tohon St Éloi, restauration des milieux aquatiques)D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, on a vu Pierre, Paul, Jacques et Tartempion lancer des commentaires enflammés sur les articles évoquant le chantier du Logo, en le confondant avec les travaux de Célac. Le programme va s’étaler sur une dizaine d’années, financé par les collectivités de base (Questembert Communauté et les autres EPCI), par le département, le conseil régional, l’Agence de l’eau. De l’argent public, des impôts, pour assurer la qualité de l’eau, notre bien commun.





Fonds de vallée, quel avenir ?
Les ruisseaux remis dans leur état presque naturel, que va-t-il advenir des espaces aux alentours. C’étaient des prairies de fauche tardive : même la faucheuse à cheval passait difficilement dans ces noes (prairies très très humides). Si rien n’est fait, ces parcelles vont assez rapidement se fermer et les ruisseaux courront au milieu de fourrés inextricables. Pour ma part, je ne le souhaite pas, sauf s’il y a de très bonnes raisons écologiques.
Un entretien mécanique est peu envisageable (quelle machine ? quel conducteur ? quel coût ?) Peut-on envisager la situation de l’écopâturage (vaches highland, bretonnes pie-noir?). Et ce sont des parcelles privées…
La réponse de Quentin Riu d’Eaux et Vilaine
L’enfrichement des parcelles sur lesquelles le cours d’eau passe n’est pas une mauvaise chose. C’est une évolution du milieu qui à terme crée des habitats pour la faune et la flore, bien entendu l’optimum en termes de biodiversité est la diversité des milieux. Les fonds de vallées sont de plus en plus abandonnés, ils deviennent des friches puis des boisements et sont des zones refuges. La mise en place d’éco-pâturage permettrait effectivement de garder certaines sections ouvertes ce qui est aussi positif tant que le pâturage n’affecte pas directement les berges du cours d’eau. Lors de chantiers de restauration nous pouvons être amenés à réaliser l’aménagement de clôtures et de bacs d’abreuvement le long du cours d’eau pour permettre le pâturage si c’est le souhait du propriétaire et de l’exploitant. En tout cas il n’y a pas d’entretien réalisé directement par Eaux & Vilaine; cela incombe aux propriétaires mais nous pouvons accompagner techniquement sur la gestion correcte de la ripisylve.