À 30 ans, si tu n’as pas une Rolex un Husky, tu as raté ta vie. Je suis éberlué de voir aujourd’hui tant de chiens promenés par leurs maîtres et maîtresses. Parfois même c’est deux, trois chiens pour un seul humain : deux fois le même, ou deux presque pareils ou alors un grand et un petit. Un vrai phénomène de société.
Le chien compagnon du berger, du chasseur…
Ce n’est plus le temps où chaque ferme avait son chien à vaches, forcément un bâtard, plus ou moins bien dressé, compagnon du pâtoux ou de la patoure. Accessoirement, il pouvait aussi garder la maison. Le même pouvait accompagner le braconnier dans ses maraudes. Il pouvait même être le chien du chasseur patenté, qui n’avait pas encore franchi le pas de trouver un vrai chien d’arrêt ou un chien courant, presque racés. Les éleveurs ont désormais des chiens dressés, des border-collies ou des beaucerons par exemple, mais la liste est longue comme on le voit sur le site spécialisé le mag du chien. Les chasseurs ont un vaste choix selon qu’ils cherchent la perdrix, le canard, la bécasse ou le sanglier. Et puis il y a tous ces chiens qui ne semblent pas avoir d’utilité pratique.
L’animal de compagnie
La Reine d’Angleterre avait ses favoris, deux corgis Pembroke Welshi, un dorgi et un cocker. Je ne sais si la reine consort Camilla va préférer le cavalier King Charles (III?). Chez nous, pendant longtemps, il n’y avait de comparable que le chienchien à sa mémère. Mais nous nous sommes éloignés de la vie campagnarde et notre rapport global avec les animaux a profondément changé : veaux, vaches, cochons, couvées sont désormais confinés dans des bâtiments d’élevage, les chevaux ne sont plus attelés à la charrette de foin, ils tournent dans les carrières des centres équestres, chiens et chats sont maintenant des membres de la famille, objets de l’affection de tous. Et personne ne peut nier l’effet bénéfique des animaux familiers sur l’équilibre psychologique des enfants… et des adultes. Les chiens peut-être ne croient pas au Père Noël, ils auront pourtant leurs cadeaux sous le sapin !
A voir l’augmentation vertigineuse du nombre de chats et de chiens, on craint pour la santé mentale de la population ! Sans doute ne s’agit-il pas de cela, mais d’un effet de mode plutôt anodin. Cependant, comment ne pas s’interroger, quand le pouvoir d’achat est le premier souci de beaucoup de français, sur les dépenses occasionnées par cet engouement. Combien coûte un Husky? Voici une annonce : Nos chiots sont vendus à partir de 1550€ TTC avec facilités de règlement en plusieurs fois (nous consultés). Prix moyen pour un mâle Husky sibérien : 1250 € TTC (900 € à 1600 €). Prix moyen pour une femelle Husky sibérien : 1300 € TTC (900 € à 1700 €). Ajoutez à cela le prix de l’alimentation (80€ par mois, près de 1000€ par an), les frais de vétérinaire, de toilettage. Mais quand on aime, on ne compte pas.
Un attribut des bad-boys
Il y a quelque 30 ans, la mode nous est arrivée des pitbulls, des chiens de combat, attribut viril complémentaire pour les bad boys des quartiers. Ces molosses, plus précisément des American Pitbull Terriers, sont interdits en France depuis 1999. Malgré cela, la presse relate assez régulièrement des agressions de ces chiens, mal contrôlés ou même dressés pour l’attaque. Comme on le voit dans cette vidéo du Parisien (déc 2019)
Mais à part ça, nous disent les magazines spécialisés, « Loin de son image de chien dangereux, le Pitbull est en réalité un canidé très délicat, doux et doté d’une intelligence remarquable. » Si, si, délicat, on vous dit.
Un accessoire de mode?
Entre le petit chienchien si affectueux et ces bêtes féroces, la gamme s’est étendue quasiment à l’infini. Des chiens miniatures comme le bichon maltais (3 – 4 kg) – mais là, il faut en avoir deux ou trois – aux énormes bouviers des Pyrénées (souvent plus de 50 kg!), vous avez le choix, si vos moyens vous le permettent. Mais alors quel prestige! Il vous faudra cependant vous payer les services d’un éducateur canin (on ne parle plus de dressage), et peut-être d’un dog-sitter pendant vos absences, d’un promeneur de chien, qui s’en occupera pendant votre propre séance de fitness.
Un choix personnel, quelques effets collectifs
Quelles que soient vos motivations pour posséder un chien, vous y trouvez sans doute votre compte sur le plan psychologique (à défaut du compte bancaire). Mais n’oubliez pas, dans votre tête-à-tête affectueux avec la bête, qu’il faut aussi penser aux autres: oh, le doux aboiement du chien pour le voisin insomniaque, oh, la chance de marcher du pied gauche dans les déjections laissées sous les halles ou sur la pelouse que fréquentent les enfants au Pré des Garçailles.
La stratégie des chats
Les chats sont plus discrets, et même énigmatiques comme l’écrivait Baudelaire :
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Ils font aussi la joie des internautes sur les réseaux sociaux. Ils ont même adouci la figure d’une femme politique qui les a mis au cœur de sa stratégie de communication. Mais les amoureux des chats oublient trop souvent la férocité de ces bêtes qui tuent bien plus d’oiseaux que les éoliennes; ils oublient aussi qu’ils peuvent proliférer au-delà du raisonnable. Et la commune se voit dans l’obligation d’organiser la stérilisation des chats errants; il paraît qu’il faut dire chats libres, je ne peux m’y résoudre, craignant de galvauder ainsi le beau mot de la devise républicaine. Mais quel que soit le mot, la responsabilité des chats errants est du ressort du maire (ah, les pouvoirs de police du maire!) en vertu de l’article L211-27 du Code rural et de la pêche maritime. La stratégie des chats, adoptée par certains chez nous aussi, va coûter quelques deniers aux finances communales. Mais quand on aime les chats, on ne compte pas.
J’adore la stérilisation des « chars errants » … (*)
Tout un programme … en ce temps de guerre …
Robert H
(*) en rappel des mots clés et liens sur la fin de l’article