Questembert Communauté, quelle gouvernance?

Après l’élection de Rochefort dimanche 28 juin, les 13 communes de la communauté ont maintenant désigné leur municipalité et le nouveau conseil communautaire va pouvoir s’organiser : élection du président ou de la présidente, puis des vice-président.e.s, constitution du bureau, désignation des commissions et des comités consultatifs.

C’est bien le moment de réfléchir au modèle de gouvernance qu’on souhaite pour Questembert Communauté.

Vendredi 10, 18h30, à l’Asphodèle, en public

Le conseil de Questembert Communauté se réunira ce vendredi 10 juillet, à 18h30, à l’Asphodèle pour décider de la nouvelle organisation. La séance sera publique, mais avec un nombre limité de places en raison des contraintes sanitaires.

Le siège de Questembert Communauté, 8, avenue de la Gare

Sortir du train-train gestionnaire, porter une vision, un projet de territoire

Le mandat qui s’achève a connu deux périodes. La première marquée par des tensions largement provoquées par les représentants de Questembert, peu au fait des réalités communautaires, trop occupés à régler des comptes. Ils avaient pourtant remporté une victoire assez nette qui aurait dû leur permettre de penser collectif. L’élection d’une nouvelle présidente en janvier 2018 a calmé le jeu, dès lors qu’elle a pu s’affranchir des exigences politiciennes des Questembertois et faire appel à la bonne volonté et à la compétence reconnue de Monique Danion et de Patrice Le Penhuizic. Ce qui a permis, par exemple, que Monique Danion puisse offciellement assumé le pilotage de la politique touristique de la Communaute, un rôle qu’elle tenait déjà depuis un moment du fait de la carence avérée du vice-président en titre ! Quant à Patrice Le Penhuizic, il a fortement contribué aux synthèses nécessaires à l’aboutissement du PLU intercommunal.

Malheureusement, les élus communautaires n’ont pas réussi à mobiliser sérieusement les conseils municipaux dans leur ensemble, les acteurs du territoire, les habitants sur des projets d’envergure comme le PCAET.

Je ne dis pas que c’est facile ! Mais comme disait à peu près le philosophe Sénèque, ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.

On attend donc de la nouvelle présidence qu’elle sorte du train-train gestionnaire et propose au territoire une vision à moyen et à long terme et qu’elle embarque tous les élus de toutes les communes dans ce projet commun. Pour empêcher que chacun ne voie l’avenir qu’à l’ombre de son clocher et faire résonner ensemble tous les clochers de la communauté.

Mobiliser et fédérer les énergies

Cette ambition ne peut être celle d’un seul homme, d’une seule femme. Pour l’atteindre, il faut mobiliser et fédérer toutes les énergies. Et pour cela, il faut une communication puissante pour faire connaître la communauté, ses faiblesses, ses forces, pour faire comprendre les enjeux et les défis de notre territoire.

Une communication en direction de tous les élus : que chaque conseiller de chaque commune ait toutes les informations sur l’action communautaire, aussi bien par des documents préparés à leur destination que par des présentations régulières à chaque réunion de conseil municipal.

Une communication qui atteigne tous les acteurs du territoire et tous les habitants. Il faut au minimum renouer avec les assemblées générales annuelles que nous avions instituées dès le début de la Communauté et dont la pratique a été abandonnée les dernières années. La dernière AG organisée, c’était en 2016, à Berric avec l’intervention d’une sociologue de l’environnement. Mais il faut aussi utiliser la presse et tous les médias modernes.

On ne peut pas se gargariser de « démocratie participative » si on ne s’en donne pas les moyens.

Apolitique ? Non, mais construire des consensus

Oui, la gouvernance évitera les querelles politiciennes. La communauté que nous avions construite permettait de faire travailler ensemble des élus marqués à gauche, comme moi, mais aussi des élus qu’on dirait centristes et des maires si apolitiques qu’ils ont soutenu des conseillers généraux bien marqués à droite. Chacun savait où il habitait ! Mais tout le monde s’attelait au même timon pour tirer la charrette dans le sens du projet : ainsi François Hervieux, maire de Caden, premier vice-président de tradition Centre démocrate à mes côtés, moi encarté au PS.

On l’a vu, ce consensus a volé en éclats en 2014. Et la charrette s’est quasi embourbée… Il faut absolument que la nouvelle équipe dirigeante s’affranchisse de ces politicailleries et retrouve la dynamique et l’enthousiasme du projet porté ensemble. D’ailleurs, si l’on regarde autour de nous, l’agglomération vannetaise a mieux fonctionné sous la présidence centriste de Pierre Le Bodo qui a su faire travailler ensemble des maires de droite et de gauche ; on entend dire que, malgré les changements intervenus aux dernières municipales, ce mode de gouvernance serait reconduit.

Mais avant tout, se donner un cap !

Car il ne s’agit pas seulement de se contenter d’un accord a minima, sur le plus petit commun multiple, comme on disait en arithmétique, mais de viser la multiplication des forces rassemblées en se donnant une vision à partager, car il n’est pas de vent favorable à qui ne sait où il va, disait à peu près Sénèque.

Les finances au conseil communautaire

Les délibérations sur la boucle équestre de randonnée étaient anecdotiques, l’avis sur le SRADDET aurait mérité plus d’attention et d’approfondissement. Mais pour cette dernière réunion de la mandature, le 24 février, les finances (Comptes administratifs et Débat d’orientation budgétaire) étaient le plat de résistance. En résumé, les finances de la Communauté sont saines. Une gestion serrée, qu’il faut reconnaître, mais ne faudrait-il pas reprendre un peu de hauteur et penser au projet de territoire ?

Des excédents importants

La dernière colonne du tableau nous montre l’excédent de clôture à la fin 2019 : près de 7,5 M€, pas loin d’un million d’euros en plus par rapport à 2018, où l’excédent s’élevait à 6,5 M€. Il est vrai que l’accroissement vient d’abord de la vente de la pépinière d’entreprises de Kervault et des gîtes de Kerioche au Moulin Neuf.

La vente de la pépinière (400 000 €) à l’entreprise Magma Composites qui s’y est installée en 2017 et qui s’est fortement développée était évidemment un moyen de la fixer sur notre territoire. C’est d’ailleurs le but des « pépinières d’entreprises » comme le rappelle cet article de février 2018 dans Ouest-France Pépinière : 15 ans, 26 entreprises accueillies.

Déjà, en 2006, on pouvait déjà dresser un bilan positif de notre pépinière d’entreprises.

Quant à l’acquisition des gîtes de Kerioche (336 000 €), elle était dans les projets de la Société Terres de France qui gère le village vacances du Moulin Neuf.

Clairement, le produit de ces ventes a vocation à financer des investissements : il faudra sans doute que la Communauté se dote d’une nouvelle pépinière. On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi le projet est encore dans les limbes ! Et il faudra aussi renforcer l’attractivité globale du site du Moulin neuf.

Mais ces recettes exceptionnelles ne doivent pas masquer l’importance des excédents cumulés… depuis longtemps : l’excédent cumulé était déjà de 5 M€ au compte administratif de 2013. Il s’agit de couvrir comptablement les « déficits » des budgets annexes et singulièrement ceux des zones d’activités. En effet, l’acquisition et l’aménagement des zones d’activités ont été financés sans emprunt, sur les ressources du budget principal… auquel les budgets annexes des zones d’activités se trouvent en dette, une dette qu’il faut provisionner. Il s’agit pourtant d’une excessive prudence : les terrains ont aujourd’hui une valeur patrimoniale (près de 3,7 M€, comme on le voit dans le tableau ci-dessous).

Cependant, quand les terrains sont revendus pour l’activité économique, le prix de vente est inférieur au coût de production : la communauté vend à perte pour favoriser le développement économique ! Il est donc nécessaire de provisionner ce déficit final, mais pas au-delà.

Incidemment, il serait intéressant que le conseil soit informé régulièrement de l’action économique, et pas seulement au moment du rapport annuel d’activités ou au moment du compte administratif.

Des ressources qui permettent un projet plus ambitieux

Le débat d’orientation budgétaire s’est malheureusement limité à une présentation technique, impeccable, il faut le dire. Mais il n’y a pas eu vraiment débat : pour une bonne partie des élus, c’était la dernière séance ! Ils ne seront pas dans le prochain conseil communautaire ! Quant aux candidats aux élections municipales, la plupart font l’impasse sur la communauté ; au mieux, ils parlent de la communauté… pour annoncer qu’ils y défendront les intérêts de leur commune ! C’est voir l’avenir par le petit bout de la lorgnette. Comme disait de Gaulle, ils préfèrent leur petite cuisine sur leur petit réchaud. Et pourtant, les élections municipales seront aussi intercommunales.

Sans faire danser l’anse du panier, il est donc possible pour notre communauté d’envisager l’avenir avec sérénité. Cela suppose une réflexion collective qui engage les élus et tous les habitants. Par exemple sur un projet alimentaire de territoire, sur la mise en œuvre concrète des actions inscrites au PCAET, ou encore sur un atlas de la biodiversité (au-delà de la zone natura 2000 de la vallée de l’Arz)