Oui, 30 % de Français vivent dans les zones rurales. Le webinaire du 10 novembre 2022 Décrire et dire le rural a rappelé cette donnée de base (suivre le lien pour revoir). Le prochain webinaire (3 mars 14h-16h) traitera des nouvelles ruralités, nouveaux ruraux, celles et ceux qui restent. Qui sont celles et ceux qui habitent dans les zones rurales ? Y demeurent-ils par choix, reprenant la revendication de la CFDT des années 70 Vivre et travailler au pays ? Comment parviennent-ils à concilier leur projet de vie personnel et leur vie professionnelle ? Travailler à la campagne avec, dans la balance, accepter une déqualification au regard de leurs compétences? Habiter ici et travailler là en acceptant de bouger beaucoup ? Ou encore, mener un projet individuel ou s’inscrire dans une démarche collective ?
Dans l’interview avec la presse locale au début de l’année, Boris Lemaire a été interpellé sur le projet Petites villes de demain: Concrètement, on n’a pas vu grand chose ; quels sont les axes d’action qui se dégagent ?Plus récemment, nous avons été sollicités pour répondre à un questionnaire et invités à une balade participative. Cependant, vous pouvez ressentir quelque impatience.
Pierre Pavec, ancien maire de Vannes, est décédé ce premier jour de février. À son épouse et à ses proches, je veux présenter mes condoléances : ils garderont la douce mémoire d’un époux, d’un père, d’un grand-père, d’un ami. En tant qu’homme public, sa mémoire sera saluée comme il se doit par tous ceux qui ont travaillé avec lui, qui ont partagé ses choix ou qui les ont contestés : ils diront tous que sa droiture faisait honneur à la politique.
Pour ma part, j’ai vu son combat pour la création de l’Université de Bretagne Sud, puis pour son développement. Une réponse aux attentes des familles, mais on connaît l’impact des formations supérieures pour le rayonnement et l’attractivité d’une ville et d’un territoire.
J’ai eu la chance de travailler avec lui pour la création du Pays de Vannes. En 1999, la loi Voynet Orientation pour l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire propose la création des Pays, par regroupement volontaire des EPCI (Communautés de communes, communautés d’agglomération, districts, etc.) Les contrats seront le moyen principal de l’action publique avec les collectivités locales. Maire de Vannes et président du district, Pierre Pavec, malgré l’opposition du député François Goulard, va s’engager à fond dans la création du Pays de Vannes : le groupe de préfiguration rassemblait des élus de la Communauté d’Agglomération du Pays de Vannes (qui a remplacé le district en 1999,) des communautés du Loc’h (Grand-Champ), de Rhuys, de Muzillac, de la Roche-Bernard, de Questembert (communauté et SIVOM à l’époque.) A côté des élus, il y avait des représentants de la société civile, chambres consulaires, syndicats. Nous avons travaillé sous l’autorité (naturelle!) de Pierre Pavec avec l’appui d’un jeune géographe de l’UBS, Ronan Le Délézir pour rédiger la charte du territoire qui a servi de ligne conductrice pour le nouveau Pays de Vannes. Voir l’ouvrage de Ronan Le Délézir Les pays, une longue marche vers une évidence.
Une belle réussite ; avec pour moi, deux regrets : n’avoir pas réussi à faire étendre le SCOT de la CAPV à l’échelle du Pays et à faire créer une agence de développement comme Audélor à Lorient, ou AUDIAR à Rennes.
La loi Voynet prévoyait aussi la création dans les Pays de conseils de développement pour inclure les acteurs de la société civile dans l’élaboration des projets. Et c’est tout naturellement que Pierre Pavec en a été le premier président après avoir quitté la mairie en 2001. Là encore, il a montré sa capacité à fédérer les énergies et à dépasser les clivages, à « cross the aisle »(« traverser l’allée ») comme disent les sénateurs américains.
Pierre Pavec, un homme de conviction, défendant ses positions avec fermeté et courtoisie, mais capable de prendre en compte les idées et les propositions de ses adversaires. Une belle manière de faire de la politique. Respect !