Samedi 15 janvier, Boris Lemaire s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les correspondants locaux de la presse. Un dialogue courtois, mais sans esquive des questions délicates, ni langue de bois. Dans une introduction d’un petit quart d’heure, le maire a fait un bref rappel de l’année passée, esquissé les projets de 2022 et, bien sûr, offert ses vœux à tous les Questembertois. Vous retrouverez ici les points essentiels de cet échange que l’on peut revoir en vidéo sur les infos du pays gallo.
nb : la vidéo est sous-titrée, ça peut aider, mais, quelquefois, c’est bizarre.
Question de méthode
Les indications de chrono renvoient à cette vidéo et vous permettront de vérifier le verbatim : j’ai voulu faire une synthèse de l’entretien, mais sans m’interdire d’y mettre des commentaires personnels ni de proposer des éclairages supplémentaires.
Ce n’est pas un peu frustrant de ne pas avoir la traditionnelle cérémonie des vœux ? (15’)
Rien de surprenant que le maire regrette de se priver de cette rencontre conviviale, qui est un moment fédérateur. C’était aussi l’accueil des nouveaux Questembertois. Il n’avait évidemment pas pu avoir lieu en janvier 2021, mais les nouveaux arrivants ont été invités lors du Forum des associations en septembre. Plus de 70 personnes ont participé à cette rencontre. Une innovation qui a été appréciée et qu’il faudra sans doute renouveler et améliorer.
On reparle du cimetière
La question du cimetière revient, et pourtant, elle avait été tranchée par une « consultation citoyenne ». Et des dépenses ont été engagées. (16’)
Là-dessus, Boris Lemaire répond très calmement : « Oui, on va revenir sur cette consultation, et d’abord parce que rien n’a été fait après cette consultation. Le terrain n’a pas été acheté, aucun commencement d’action. »
Pour ajouter mon grain de sel sur ce point
Pour éclairer le débat, je vous renvoie à mes articles Cimetière, pour un choix éclairé et Cimetière, une consultation biaisée.
J’ajoute que la commune avait en main, suite à une négociation avec les propriétaires, une promesse unilatérale de vente de ces terrains. Je traduis : les propriétaires s’engageaient à vendre les parcelles concernées à la commune, dès qu’elle le souhaiterait, au prix fixé dans l’accord. Voilà un point sur lequel il aurait été facile d’avancer.
Etude approfondie de 3 sites, consultation ensuite
Le maire rappelle des éléments de contexte importants : c’est un sujet qui devient urgent, à traiter dans les 2 ans ; l’enveloppe financière du projet est prévue à 1,5 M€. Un groupe de travail, où les élus minoritaires sont présents, étudient trois sites, avec l’appui d’un cabinet spécialisé. La municipalité consultera les Questembertois avant la décision finale qui reviendra au conseil municipal. Il faut rappeler que la parcelle de Kerojonc a, par sa situation, une vocation habitat.
Le centre, la gare, Lenruit, une ville éclatée?
Question d’urbanisme, pour continuer : entre le quartier La Gare/Bel-Air et l’agglomération autour du centre, on va avoir des lotissements, que de l’habitat, consacrant ainsi le caractère bi-céphale sinon tri-céphale de la ville. (19’30’’)
Le maire rappelle que dans le PLUi cette zone est dédiée à l’habitat, et donc aussi à des activités compatibles avec l’habitat. Ce qui permet d’installer des commerces et des services. Cependant, de cette façon, la couture urbaine sera réalisée entre le secteur La Gare-Bel-Air et la ville. Du côté de la gare, il y a déjà des commerces et des services : le siège de la communauté, le SIAEP, Néo56, récemment l’ADMR. Cela va sans doute se développer. Et on verrait bien dans ce secteur un espace de coworking. La Communauté de Communes a la compétence développement économique et suit tout cela de près.
La jonction entre la ville et la gare pose surtout des problèmes de mobilité. Il faudra étendre les parkings autour de la gare, réduire – mais comment ? – le flux de circulation (plus de 8 000 véhicules/jour avec beaucoup de camions), accroître les mobilités douces.
Pour ajouter mon grain de sel sur ce point
Dans mon article sur les mobilités, A pied, (à cheval), à vélo, etc. j’ai évoqué la ville du quart d’heure : la zone d’habitat de Kerbonnet sera dans ce quart d’heure aussi bien vers le secteur de la Gare que vers le centre-ville et l’ensemble des services. Avec des cheminements piétons-vélos sécurisés.
D’autre part, Questembert Communauté vient de lancer un appel à candidatures pour rejoindre le Comité des partenaires mobilité.
Encore la D 775
Puisqu’on parle de circulation, où en est-on du contournement de Bel-Air, de l’amélioration de la sécurité sur la D775 ? (24’)
Historiquement, il y a eu des gros projets, qui sont d’ailleurs encore inscrits dans le PLUi. Ce n’est plus vraiment à l’ordre du jour. Le contournement est en partie réalisé à l’Est par la route bleue, reste le passage au Nord et le raccordement à l’Ouest. Dans le contexte d’aujourd’hui, quelles que puissent être les choix stratégiques, ces chantiers seront difficiles : zones naturelles sensibles, objectif zéro artificialisation nette… Cela impose de réfléchir à des stratégies alternatives pour faire baisser la circulation routière : plus de transports collectifs, plus de services en gare, de parkings relais, de covoiturage. Évidemment, dans nos territoires ruraux, il est impossible de se passer de voiture et c’est une donnée à prendre en compte.
Questembert à 10 000 habitants
La population de Questembert va tendre vers 10 000 habitants, quels services, quels équipements faut-il prévoir ? (26’)
Personne ne va se plaindre de cette dynamique, mais 10 000 habitants, c’est à l’horizon 2040. Cependant, il faut s’y préparer en particulier sur 3 points : les services de santé, les équipements sportifs, le logement.
La population s’accroît et, comme partout ailleurs ou presque, la part des seniors va augmenter, ce qui implique de répondre à des besoins en services de santé, de maintien à domicile. Des sujets qu’il faudra traiter avec nos partenaires, le département dans sa compétence sociale, la région pour la formation des personnels, l’ARS (Agende Régionale de Santé).
En termes d’équipements sportifs, ils sont proches de la saturation ; parmi les réponses à apporter, il faudra travailler à la mutualisation entre les communes de la communauté.
Pour le logement, la situation de Questembert est celle qu’on connaît un peu partout en Bretagne : la tension est forte et elle se manifeste par une hausse très forte des prix. Il faudra élargir l’offre, et c’est un des principaux volets du programme Petites villes de demain.
Du pavillonnaire, pas d’immeubles collectifs ?
Puisqu’on parle du logement, les programmes en cours sont essentiellement du pavillonnaire, il n’y a pratiquement pas d’immeubles R+2, R+3. (29’)
La maison individuelle avec jardin reste le modèle préféré des Français et les constructeurs répondent à la demande (pour compléter sur le sujet, voir cet article sur le modèle pavillonnaire)! Cependant le PLUi impose une moyenne de 25 à 30 logements à l’hectare et la commune insiste auprès des promoteurs pour mettre un peu de logement collectif. Lorsque la commune a la main, elle peut imposer son point de vue, comme au Clos Kisten. Mais le cœur du problème est, à Questembert comme ailleurs, la maîtrise du foncier. Avec le soutien du programme Petites Villes de demain, qui comportera une Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat (OPAH), la commune aura des moyens pour des acquisitions, qui permettront soit de restructurer soit de construire à neuf. Parce qu’en effet, une ville de 10 000 habitants ne peut pas se construire seulement à l’horizontale, il faut densifier.
Pour ajouter mon grain de sel sur ce point
J’ai souvent présenté des réflexions sur la question du logement. Par exemple, dans cet article consacré au conseil municipal du 19 octobre 2020 qui comportait une présentation du bilan de la ZAC du centre ou dans cet article Fièvre immobilière, des questions, des solutions, où je présentais des outils de maîtrise du foncier : les ZAC (Zones d’Aménagement Concerté), le soutien de l’EPF de Bretagne (l’EPF avait porté le foncier du pôle de santé et du Clos Kisten) et un outil plus récent, les Organismes de Fonction Solidaire. NB : je ne suis pas en train de dire aux élus d’aujourd’hui ce qu’ils doivent faire, ils n’ont pas besoin de mes conseils ; je partage ces informations et ces réflexions avec vous tous, c’est l’objet de ce blog, porter un regard de citoyen.
Un point important de l’Analyse des Besoins Sociaux
Au prochain conseil municipal, le 31 janvier, Jeannine Magrex, adjointe aux affaires sociales, présentera les résultats de l’analyse des besoins sociaux, réalisée l’été dernier. La question du logement est un des points majeurs. Voilà une bonne raison pour assister à ce conseil ou pour le suivre en vidéo.
PCAET: du bon air, chez nous
En tant que maire mais aussi vice-président en charge de la transition énergétique, vous parlez du PCAET, mais l’air est bon et sain chez nous… (33’)
On a du bon air à Questembert, même s’il y a des moments où c’est moins bien (on l’a vu récemment) Le diagnostic du PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) note bien que la qualité de l’air n’est pas une question centrale sur notre territoire. Mais globalement sur le plan du climat, notre mode de vie, bien que différent de celui des habitants des grandes métropoles, a un impact non négligeable. Notre habitat dispersé, pavillonnaire, est plus gourmand en énergie par lui-même et il induit des contraintes de déplacements, car on ne peut pas se passer de voiture. Et l’activité agricole, essentielle pour notre vie, est une source importante de gaz à effet de serre.
Il faut rappeler que nous sommes déficitaires en énergie : on consomme beaucoup plus qu’on en produit. Malgré les évolutions récentes, éoliennes à Larré et Lauzach, méthanisation, champ photovoltaïque à l’Epine.
Pour ajouter mon grain de sel sur ce point
J’ai tenté d’apporter un éclairage sur les enjeux du Plan Climat Air Énergie de notre Communauté dans cet article S’y retrouver dans le PCAET .
De la culture, des animations
Parlons de culture, d’animations (35’30’’)
Un point essentiel dans la vie de notre commune. La municipalité y est engagée avec l’inopiné festival, Pic’Nic et Croc’Notes, l’expo photos, le festival la lune rousse, avec le salon du livre jeunesse qui reprend un rythme annuel. Sans oublier évidemment la médiathèque, premier service culturel de la commune. Mais la programmation culturelle, ce n’est pas que la collectivité, c’est aussi les associations. Par exemple, il va y avoir en juin une première édition du festival Les prés sur terre ; l’association les Incouchables veut dynamiser l’offre culturelle et le lien social à Questembert, et la municipalité apportera son soutien. Comme elle le fait pour les animations du comité des fêtes, l’association de l’Iris Cinéma. Il s’agit donc d’étoffer l’existant et de soutenir les initiatives qui peuvent venir du milieu associatif.
Une salle des fêtes
Dans la campagne des municipales, il a été question de salle des fêtes (39’)
C’est en effet une attente à la quelle la municipalité doit apporter une réponse. Ce projet est inscrit pour la fin du mandat dans le plan pluriannuel d’investissement présenté au conseil de mars 2021.
À la fin du mandat, parce que la commune doit d’abord achever la réhabilitation de l’école primaire de Beau-Soleil. Mais pour réaliser ce projet en 2025-2026, il faut commencer à y travailler dès cette année. En particulier en étant attentif aux opportunités foncières, le foncier est un vrai sujet à Questembert et, pour cet équipement, il faut trouver un lieu. Dans l’élaboration de ce grand projet, la municipalité veut associer les citoyens. On ne peut pas se contenter d’aller voir ce qu’ont fait les voisins, de reprendre le cahier des charges ou de confier une mission à un programmiste spécialisé. Pour les cheminements doux, la commune a organisé des ateliers de co-construction . La même méthode collaborative sera mise en œuvre pour le programme Petites Villes de demain. Et donc pour la future salle polyvalente ou salle des fêtes, la municipalité associera les citoyens.
A cheval!
Le cheval territorial, la suite ? (42’)
Aller plus loin ? C’est plus facile d’acheter du matériel ! Plus difficile de recruter des chevaux ! Mais il faut aussi des meneurs, des cochers, avec des qualifications. Les services techniques sont aussi engagés dans le développement du cheval territorial. Une anecdote : il a fallu renvoyer après la période d’essai un cheval acheté à une autre commune, pas simple. L’élargissement des missions cheval territorial se fera mais il faudra y réfléchir précisément.
Petites villes de demain, encore rien de concret ?
Petites Villes de demain, la convention cadre est signée, mais concrètement, on n’a pas vu grand chose ; quels sont les axes d’action qui se dégagent ?(46’)
Boris Lemaire rappelle les étapes du dossier : répondre à un appel à projets venant de l’État, voir son projet retenu, formaliser la convention avec l’Etat présentée au conseil municipal de mars 2021 et signée le 20 mai au siège de la communauté. Une fois réalisées ces étapes administratives, la communauté a recruté une chargée de mission, Solène Le Roux.
Quant aux actions à mener, elles sont très cadrées autour de trois thèmes : le commerce, le logement, les mobilités. Toutes les villes retenues doivent s’inscrire dans ce cadre avec des différences qui tiennent à leurs spécificités : Malansac n’est pas tout à fait semblable à Questembert. Et tout cela se fait selon un planning qui est imposé sur une durée de 18 mois : diagnostic d’abord puis écriture du plan d’actions avant d’aboutir à la signature de l’Opération de Revitalisation Territoriale.
Dans la phase études, la commune a le soutien de la chargée de mission et de deux bureaux d’études spécialisés qui devront évidemment travailler sur toutes les données existantes (démographie, habitat, commerces, agriculture, etc) et aussi organiser la participation des citoyens. Avec des groupes différents : les anciens qui résident en centre-ville, les jeunes qui bougent leurs formations, les actifs qui travaillent ici ou là et résident sur notre territoire, etc. D’autres communes sont plus avancées dans ces premières étapes… mais elles avaient commencé avant ! Les élus d’opposition critiquent ces dépenses, nécessaires si la commune veut bénéficier des aides pour les actions à mener. Mais ce sont des dossiers complexes, qui ne s’improvisent pas sur un coin de table et pour lesquels il faut de l’expertise. D’ailleurs, c’est imposé par l’agence nationale de la cohésion des territoires qui subventionnent aussi les phases d’étude. A titre d’exemple, le poste de chargé de mission est subventionné à 75 %.
Donc, en effet, à ce jour, rien de concret. Mais il faudra suivre le projet dans son déroulement.
Pour ajouter mon grain de sel sur ce point
La question du centre-ville est compliquée. J’avais relayé dans mon article Centre-ville, un regard extérieur, et cruel les commentaires peu amènes d’une visiteuse de notre petite ville en tentant d’y répondre. En rappelant aussi qu’on a parfois laissé passé des occasions : il y a eu des appels à projets Etat et Région pour la revitalisation des centres bourgs et centres villes… D’autres communes ont su en profiter : Noyal-Muzillac a obtenu 657 000 €, Lesneven 1 100 000 €. Mais il aurait fallu monter des dossiers en allant chercher de l’expertise à l’extérieur sans doute.
Avec des fleurs
Villes fleuries, 2 pétales, et après ? (52’)
Ces 2 pétales, c’est une première étape. Et il faut en féliciter les équipes des espaces verts. Pour aller plus loin, il faut réussir à impliquer les habitants et surtout dans le centre-ville. Il faudra aussi rendre plus attractives visuellement les zones d’activités qui sont un peu tristes. Il ne faudrait pas non plus oublier les villages et les frairies qui se mobilisent autour des chapelles. Évidemment, à quoi servirait le fleurissement sans la propreté : c’est l’affaire des agents communaux… et de tous les citoyens !
Et ce sera mon dernier grain de sel
Proprété urbaine, fleurissement, tel est le titre d’un article où je soulignais la responsabilité municipale, mais aussi celle des citoyens.
2 réflexions au sujet de « Boris Lemaire répond à la presse locale »
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