Journées du patrimoine 2023

Ce week-end, samedi 16 et dimanche 17, ce sont les journées européennes du patrimoine. Tout près de chez nous, vous aurez l’occasion de visiter des lieux insolites, de découvrir ou de redécouvrir des trésors peu accessibles. L’office de tourisme (Rochefort-en-Terre Tourisme) nous en offre une sélection, mais vous ne pourrez sans doute pas tout voir. Pour ma part, j’ai repéré quelques visites que je veux partager avec vous, à Questembert et aux alentours.

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L’eau à la maison (Histoires d’eaux 2)

Non, l’eau ne coule plus de source, elle coule du robinet… Jusqu’à quand ? La question reviendra. Mais depuis quand pour nous dans notre commune rurale ? Dans les années 50, tout le monde veut avoir accès à l’eau courante. Tout le monde ? Non, certains se disent : « Ce n’est pas pour nous ! » Pour la ville, c’est simple : dans les années 53-57, construction de la station de pompage sur la source du Logo, du château d’eau rue du Calvaire, du réseau dans la ville. J’y reviendrai. A la campagne, c’est plus complexe, plus lent : il faudra attendre le milieu des années 70 pour que tous nos villages soient raccordés à l’eau de la ville. Ici et là, on a trouvé des solutions individuelles ou collectives à l’échelle du village.

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Journées européennes du patrimoine, samedi et dimanche

Le saviez-vous? Les journées du patrimoine sont un événément créé par Jack Lang en 1984 sous le nom de Journées portes ouvertes dans les Monuments Historiques. Dès 1985, le conseil de l’Europe accepte la proposition du ministre français de l’étendre à l’Europe et les Journées Européennes du patrimoine sont officiellement créées en 1991. Elles concernent aujourd’hui une cinquantaine de pays.

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Retisser des liens, redonner envie de partager, le projet culturel porté par S. Texier

Portrait Sylvaine Texier

Sylvaine Texier a été élue adjointe, sa délégation porte sur la culture, l’animation, le tourisme. Elle nous parle de la mission qui lui est confiée, des projets qu’elle veut faire avancer, du sens global qu’elle donne à son action.

Sylvaine Texier, comment es-tu arrivée à Questembert ? Pourquoi as-tu accepté de t’engager sans doute, qu’as-tu ressenti en passant l’écharpe tricolore ?

Comment je suis arrivée à Questembert ? En 1998, ma famille décide de s’installer en Bretagne pour concrétiser le projet professionnel de mon mari architecte. Notre foyer s’installe d’abord à La Vraie-Croix, commune à mi-chemin entre Elven et Questembert, un secteur où mon mari pouvait trouver une clientèle. Il a installé son agence d’architecture à Elven et notre vie sociale s’est tournée vers Questembert pour son dynamisme politique et culturel.

Pour ma part, je me suis très vite inscrite dans la vie culturelle de Questembert ; j’ai fréquenté assidûment le cinéma Iris et je me suis investie dans l’association, dont j’ai été vice-présidente entre 2004 et 2007. C’est ainsi que j’ai rencontré les acteurs de la vie culturelle et que je me suis intéressée à la vie politique locale.

Puis, le compagnonnage politique de 2004 à 2010 auprès des 17 conseillers départementaux du groupe de l’opposition de l’époque, en particulier au côté de Hervé Pellois alors Président de ce groupe, me confortera dans mon intérêt pour la chose publique, mon inscription dans le paysage politique local, jusqu’à mon installation définitive à Questembert en 2008.

Donc mon engagement pour Questembert découle bien sûr de mon attachement à la commune puisque j’ai fait le choix d’y habiter mais aussi parce qu’elle représente pour moi le « ni trop petit » et le « ni trop grand ». En effet, être en proximité avec les habitants et les forces vives présentes compte énormément pour moi. Comprendre les rouages et les dynamiques d’un territoire reste pour moi incontournable pour mener à bien une politique publique culturelle. Il faut savoir, pouvoir, vouloir rencontrer les gens, prendre le temps de les écouter, rester humble. Ici une habitante qui me demande de programmer du conte, là un autre qui me reproche de faire des choix trop élitistes ! Oui, peut être, ou non, pas vraiment…quoi qu’il en soit, l’important est de se confronter non seulement aux critiques mais également et surtout à celles et ceux qui font des propositions pour que notre commune soit la plus attractive possible. Questembert est composée de toutes ces différences et c’est cela qui me plaît.

Et là, tu vas plus loin, tu t’engages dans le groupe Questembert 2020, emmené par Boris Lemaire…

Oui, sans le moindre doute ! Préalablement à la démarche de la campagne électorale 2020, j’ai rencontré Boris Lemaire à plusieurs reprises. Son intérêt pour la vie locale, son analyse de la situation politique, économique, sociale et culturelle de notre territoire, ses amitiés politiques proches des miennes, son attachement à l’intérêt public, son investissement en tant qu’élu de l’opposition de l’équipe précédente… ont, sans l’ombre d’un doute participé à ma décision de faire partie de son équipe.

Au conseil du 29 juin, Boris Lemaire avait annoncé des animations, où en est-on aujourd’hui ?

Avant de parler animations, je préfère m’engager sur la nécessité d’affirmer une volonté politique culturelle inscrite dans la durée et dans notre territoire. La politique culturelle fait partie intégrante d’un projet politique et public qui sait reconnaître la culture comme un levier du développement territorial. Les animations qui s’y déroulent, les choix artistiques, festifs…ne sont que les moyens qui en découlent. Seul, le budget qui sera alloué pour mettre en œuvre cette politique confirmera cette ambition. Le territoire de Questembert est riche de sa ruralité, il constitue un territoire culturel à part entière de par son fort potentiel d’expérimentation, de création, d’innovation et de développement. C’est en nous appuyant sur nos relais territoriaux que sont les collectivités, les réseaux d’acteurs associatifs, économiques, sportifs, éducatifs, agricoles, les artistes…que nous co-construirons un projet de développement culturel et rural cohérent.

L’accès à la culture pour tous les habitants et pour toutes les générations du territoire doit rester dans notre cœur de projet.

Co-construire, dis-tu, mais avec quels acteurs, quelles structures ?

En plus des institutions (Etat, région et département), la coopération avec l’ensemble des collectivités qui fondent l’identité du territoire est primordiale pour mener une politique de développement culturel. En effet, l’appétence des élus pour les questions culturelles est déterminante pour prioriser les orientations et le budget à y consacrer.

Nous devons mobiliser de tous les acteurs du territoire de l’action socio culturelle, éducative, touristique, relayée par l’Asphodèle, l’Iris cinéma, le centre culturel Les Digitales à Caden, le réseau des médiathèques, l’école de musique, les diverses associations socio-culturelles, les initiatives privées , l’enseignement (élémentaires, collèges, lycées, agricole, supérieur…), les habitants, les offices du tourisme, les personnes expertes, ressources dans un champ d’action. Ainsi nous pourrons rencontrer, écouter pour prioriser et qualifier les demandes, les propositions qui émergent des volontés existantes et qui représentent le terreau favorable au développement culturel de notre territoire.

Tu décris une vision très générale, mais, pratiquement, quelle sera ta méthode ?

Aujourd’hui, et principalement en milieu rural, les pratiques et la diffusion culturelles se développent aussi dans des lieux détournés : des lieux se créent comme des cafés associatifs qui se transforment en salle de concert, en café-librairies-conférences ; des représentations de toutes types d’expressions artistiques variées (théâtrales, musiques, danse, expositions picturales, sculpturales…) se déroulent dans des exploitations agricoles, chez l’habitant, les commerçants, dans les chapelles que nous pourrions investir un jour/semaine en période estivale, en créant une programmation de spectacles/concerts ambulatoires, de chapelle en chapelle pour les habitants et les touristes…. Ces actions sont autant de démarches à créer, à accompagner car elles permettent la rencontre des habitants, des touristes avec des artistes, des œuvres, avec le patrimoine architectural et celui plus spécifique des produits du terroir, des chapelles, des paysages, et de l’ensemble du bâti vernaculaire, agricole…

Notre récolte, fruit d’un état des lieux et du recueil d’informations tant quantitatives que qualitatives, renforcera notre volonté d’élaborer un projet culturel de territoire : prioriser des améliorations pour répondre aux enjeux et besoins identifiés et, établir notre feuille de route des actions à mettre en oeuvre pour les 6 années à venir et plus… La commission culture élargie aux citoyens qui s’y sont inscrits sera ce lieu de réflexion.

Enfin, organiser un événement culturel populaire comme un festival de musiques celtiques, pourrait nous permettre à court terme, d’apprendre à travailler ensemble, de mesurer nos capacités à mobiliser des acteurs pour réussir un événement festif et attractif en direction des habitants de notre territoire et au delà de ses frontières…

Pérenniser l’Inopiné Festival, dont la première édition a été un succès, proposer aux enseignants de l’école élémentaire et du secondaire des choix artistiques en lien avec les projets d’écoles ou les programmes scolaires…, sont autant de lignes directrices qui composeront la toile de fond de la volonté politique culturelle de notre commune affirmée par le niveau du budget qui y sera consacré.

La richesse des communes

Ma contribution sera plus modeste que celle d’Adam Smith sur La Richesse des Nations, mais il m’a semblé intéressant au moment où une nouvelle municipalité vient de prendre en main les affaires de notre commune de partager avec vous quelques réflexions sur les différents aspects de notre patrimoine. Le bulletin/magazine municipal n°13 de janvier-février 2020 y a consacré un dossier : Un héritage bien vivant ; et, de mon côté, j’avais invité mes lecteurs à ne pas confondre l’histoire du patrimoine avec le bureau des légendes.

Patrimoine naturel, patrimoine immatériel

Mais il n’y a pas que les Halles, les chapelles, les fontaines – qui méritent notre attention ; il faut aussi s’intéresser au patrimoine naturel, la biodiversité aussi bien que les paysages au croisement du pur naturel et de l’action humaine (le bocage, par exemple). Et ne pas oublier le patrimoine immatériel : pratiques de la vie quotidienne, parler gallo. Sans mélanger non plus l’amour du patrimoine et le folklore de carnaval.

Une coiffe gallèse
Une coiffe gallèse

Il n’est de richesse que d’hommes

J’ai bien souvent cité cette phrase de Jean Bodin, (1529-1596), un humaniste de la Renaissance. Sans doute faut-il la compléter pour la rendre plus claire :

« Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens : vu qu’il n’y a richesse, ni force que d’hommes : et qui plus est la multitude des citoyens (plus ils sont) empêche toujours les séditions et factions : d’autant qu’il y en a plusieurs qui sont moyens entre les pauvres et les riches, les bons et les méchants, les sages et les fous : et il n’y a rien de plus dangereux que les sujets soient divisés en deux parties sans moyens : ce qui advient ès Républiques ordinairement où il y a peu de citoyens. »

Retenons quand même que la vraie richesse ne réside pas que dans les biens matériels et que la force d’un pays vient de sa population. A ce titre, j’espère que nous aurons bientôt des données tirées du recensement de la population réalisé au début de l’année 2019. Nous n’avons eu aucune information sur le sujet. Faudrait-il en conclure que les résultats sont moins bons qu’espérés ?

Le capital fixe d’Adam Smith ou les « immobilisations corporelles et incorporelles »

S’il y a un recensement qui permet de faire le compte des richesses humaines, il y a aussi un inventaire des biens physiques, des  immobilisations corporelles et incorporelles ». Elles sont retracées dans la comptabilité communale, mais on y voit surtout les mouvements : nouvelles immobilisations, sorties d’inventaire. C’est pourquoi on devrait sans doute y insister plus précisément.

Pour préparer le débat sur les orientations budgétaires, les services de Questembert Communauté dressent chaque année des tableaux du foncier bâti, du patrimoine immobilier non bâti, et des autres immobilisations.

Tableau du patrimoine bâti de QC
Le tableau du patrimoine bâti de QC
QC Autres immobilisations et patrimoine foncieer
QC : les autres immobilisations et le patrimoine foncier



Un simple calcul montre que la valeur du patrimoine de Questembert Communauté est aux alentours de 34 M€. Évidemment, pour la Communauté, l’histoire est toute récente et il est facile de tenir l’inventaire des biens. C’est beaucoup plus compliqué pour la commune ! Et pour certains biens, il va être difficile d’en écrire la valeur : ainsi de l’église ou des chapelles, et même de l’ancienne école publique, rue Jean Grimaud.

Les services du Trésor ont permis un toilettage de l’inventaire, en proposant d’en supprimer des lignes obsolètes ; pourtant il serait intéressant que les conseillers, mais aussi les citoyens puissent avoir accès à ce document. Ce serait d’ailleurs un outil d’évaluation du travail de la municipalité : une sorte de point zéro au début du mandat (l’état de l’existant) et chaque année, l’accroissement – ou la réduction – du patrimoine. Par exemple, dans le mandat 2014-2020, le patrimoine communal s’est accru d’une école neuve (4,7 M€ HT), mais sur le même site, on a perdu un plateau sportif (peut-être sans valeur, mais il faut le noter quand même) ; la commune a agrandi son cimetière (acquisition et travaux pour un total de 200 K€ environ) et dans le même temps elle a rayé d’un trait les dépenses qui avaient été consenties pour le projet du Grand Célac 110 K€. Autre exemple : en 2018, la commune a revendu pour 45 K€ la maison Guillement acquise en 2007 pour 203 K€.

Mais aussi des espaces naturels propriétés communales

A côté des bâtiments ou d’équipements, il ne faut pas oublier des propriétés foncières sans utilisation directe. On ne parlera pas ici des terrains du Galinio dont les usages sont facilement perceptibles (terrains de sports, verger conservatoire), mais on attirera l’attention sur les propriétés communales autour de Célac. Ou bien encore sur les taillis de zones humides du côté de Tréfévan qui pourraient être valorisés en gestion durable pour la fourniture de bois énergie…

Autour de Célac, des propriétés communales
En plus du comping et de l’étang, plusieurs propriétés communales
Des taillis communaux du côté de Tréfévan
Plusieurs hectares de bois du côté de Tréfévan

Ces quelques exemples montrent l’intérêt d’affiner l’inventaire des biens communaux, surtout à un moment clé de l’installation d’une nouvelle municipalité. Quelle plus-value ou moins-value va-t-elle apporter à notre patrimoine commun ?

Histoire du patrimoine, bureau des légendes, ne pas confondre

Le patrimoine avait droit à plusieurs pages de Questembert-Le Mag n°13 janvier-février. Des pages intéressantes et bien illustrées. Et les auteurs soulignent qu’à côté des vieilles pierres, des chapelles et maisons anciennes notre patrimoine est aussi « naturel » et même « immatériel ». Mais sans approfondir le sujet. Manque de place.

Notre héritage, notre bien commun

Tout cela constitue notre héritage, notre richesse commune, et nous devons collectivement entretenir, maintenir, réparer ces traces du passé. Logique donc que la municipalité s’y engage, mais aussi les comités de chapelle et autres associations, avec le soutien technique et financier du département, de la région, de l’Etat, sans oublier de solliciter quand c’est possible les fonds européens.

En d’autres temps, j’avais rappelé quelques principes sur la conservation du patrimoine. A tenir loin des fantasmes du folklore, et je me réjouis que le bulletin municipal aborde le sujet avec sérieux. Je me permets de formuler quelques regrets : quelles actions la municipalité a-t-elle réalisées au cours des 6 dernières années pour la conservation ou la restauration du patrimoine ? Qui se préoccupe du retable de bois de la chapelle du Bodan qui s’empoussière dans les réserves communales ? Qui parle encore de l’escalier intérieur de la Tour Belmont dont la restauration avait été liée à la réhabilitation de l’hostellerie Le Guennego et qui peut s’y intéresser maintenant que le rez-de-chaussée de ce bâtiment a été privatisé ?

Quoi que dise M. Diego Mens qui travaille au conseil départemental (direction de la culture), nous n’avons pas à proprement parler de rues médiévales à Questembert (il parle de maisons du 15ème au 18ème siècles), mais nous avons des constructions plus récentes qui mériteraient qu’on s’y intéresse. Tout cela pourrait justifier un inventaire du patrimoine qui pourrait d’ailleurs se faire au niveau de la communauté.

Pour le patrimoine naturel, la communauté pourrait s’engager dans un « atlas de la biodiversité intercommunale » comme d’autres collectivités s’y sont engagées. Et localement, nous avons déjà l’expérience de la zone Natura 2000 de la vallée de l’Arz.

Sans oublier les travaux conduits pour le projet Coulée verte autour de Célac, un projet qui a été abandonné.

Les traces du parler gallo, les pratiques anciennes autour des sonneries de bassin (à la St-Jean), mais peut-être aussi les cantiques parodiques chantées aux Rogations, pourraient être recensés dans notre « patrimoine immatériel ».

Il y a à faire, mais…pas le bureau des légendes.

Ces quelques observations donnent des pistes à suivre. Mais ne prenons pas non plus de fausses routes, ne confondons pas l’histoire de notre patrimoine avec le « bureau des légendes ».

Une plaque commémorative pour un événement qui n’a peut-être pas eu lieu

Inutile donc de s’acharner à marquer la trace de la victoire d’Alain le Grand sur les Vikings dans une bataille qui n’a peut-être jamais eu lieu, ou peut-être ailleurs. Pourquoi marquer d’une plaque qui coûte 185 Euros un événement hypothétique ? Et que dire du « chapitret » de la rue St-Martin ? oui, c’est un curieux bâtiment, on peut même l’appeler « chapitret », si vous en trouvez une définition un peu solide, mais il ne faut pas raconter que c’était une sorte de tour de guet où vivait au 14ème ou 15ème un gardien. L’histoire est belle… mais le bâtiment n’était pas construit en 1825 quand a été établi le premier cadastre « napoléonien. »

Le cadastre de 1825

On peut raconter de belles histoires… mais ça ne fait pas l’Histoire.