L’audace de l’espérance : bonne année 2021

Pour l’année qui va commencer, sans doute comme celle qui s’achève, les vœux de bonne santé s’imposent ; mais il faudra sans doute quelque temps avant que les effets de la vaccination nous rassurent et viennent nous libérer du confinement et des angoisses. Cependant, j’ai voulu vous proposer avec cette citation de Barak Obama d’oser l’espérance pour nous-mêmes, pour notre petite patrie questembertoise, pour la France, l’Europe et le monde. J’y ai ajouté l’image d’un chêne séculaire, enraciné dans le passé et solide pour l’avenir.

Carpe diem ? Profitons de la vie ?

Évidemment, dans ces moments difficiles, nous attendons tous de pouvoir nous sourire sans masque, nous retrouver au café, dans les restaurants, au cinéma, n’importe où d’ailleurs, puisque ce qui nous manque le plus, ce sont… les autres, nos proches, nos amis, aussi bien que les gens qu’on croise dans la rue, au magasin, avec qui on parle du temps qu’il fait, de tout et de rien. Nous attendons de prendre à nouveau du « bon temps », de cueillir le jour, carpe diem comme le suggérait le poète latin. (voir les pages roses du Petit Larousse). De profiter de la vie. Sans souci !

Soit, profitons-en vraiment. Sans oublier cependant que nous n’y parviendrons pas tout seuls, dans notre coin, en mode confiné, en quelque sorte. Sans oublier que la victoire sur le COVID-19 ne sera pas possible sans l’union des forces : le respect des gestes barrières, et, surtout, le vaccin quand il sera accessible à tous.

Sans compter sur des forces magiques, ni les craindre…

N’attendons pas notre bonheur de la Providence, d’une conjonction favorable des astres, ni, plus concrètement, du soutien de l’Etat-Providence. Ne craignons pas non plus les élucubrations des prophètes de malheur qui nous parlent du nouvel ordre mondial, du grand reset. En temps de crise, apparaissent tous les faux prophètes, aussi bien ceux qui promettent le salut miraculeux par le grand soir de l’avenir radieux que ceux qui nous annoncent la terrible chevauchée des cavaliers de l’apocalypse. Magie blanche qui nous rassure, magie noire qui nous menace de la colère des dieux ou de la nature. Les uns nous rassurent et nous bercent de douces illusions, les autres nous glacent de terreur. Tous nous livrent à un destin, à une fatalité, sur lesquels nous n’aurions aucune prise.

Par Viktor Vasnetsov — http://lj.rossia.org/users/john_petrov/166993.html, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2649874

L’avenir sera ce que nous en ferons

Non, nous ne sommes pas soumis à une destinée inéluctable. Nous pouvons faire des choix, décider de notre avenir qui sera ce que nous en ferons, pour nous-même et pour notre pays. Ainsi, 2021 sera vraiment une bonne et heureuse année.

Wendelin Jacober, https://pxhere.com/fr/photo/126865

Des responsables peu responsables, des citoyens sans civisme

La crise sanitaire que nous vivons a été une vraie révélation pour moi. Je savais déjà qu’en matière de football, nous avions chez nous presque autant d’entraîneurs/sélectionneurs que d’habitants, en tout cas autant que de téléspectateurs sur leur canapé, la bière dans la main gauche et le paquet de chips dans la main droite. J’ai découvert avec la pandémie du COVID-19 que nous avons aussi 50 millions de spécialistes en virologie, infectiologie, en santé publique, et bien sûr en futurologie. Je savais qu’il y en avait beaucoup au comptoir des bistrots – au temps où ils étaient ouverts ; j’ignorais qu’ils étaient aussi nombreux parmi les responsables politiques et chez les philosophes ou politistes patentés, parfois encouragés par d’authentiques savants.

Couvre-feu

Une grippette saisonnière ? Mais y a plus de saisons

Rappelez-vous, c’était seulement une « grippette » saisonnière qui allait nous laisser en repos dès que viendraient les beaux jours. Rien de tel qu’un peu d’hydroxychloroquine avec une pincée d’azithromycine – c’est bon pour tout – pour dissiper la fièvre. Et encore chez nous, on a échappé à la purge proposée par le président Trump, le commander in chief, lui aussi promu infectiologue/virologue : il suggérait de se faire des inhalations à l’hypochlorite de potassium (solution à 4 % NaCI + H2O + NaCIO). Si Richard Anthony était encore de ce monde (oui, on va me dire OK boomer!), il nous proposerait certainement son Sirop Typhon, dont on ne savait si c’était du mir-vaisselle panaché ou l’universelle panacée….

Les mêmes grands spécialistes nous ont dit que non, non, il n’y aurait pas de deuxième vague. Puisque c‘était une grippe saisonnière. Mais, comme vous le savez, y a plus de saisons… Quand la deuxième vague est arrivée, ils ont reproché aux autres de ne pas l’avoir prévue, ni anticipée.

A leur décharge, il faut dire que du côté du gouvernement, on n’a pas été bien malin : les masques étaient inutiles… puisqu’on n’en avait pas. Sur ce sujet, comme sur bien d’autres, la vérité d’un jour était une erreur le lendemain, avant de revenir le jour d’après.

Enfin chacun avait la bonne idée, la seule bonne solution, les autres avaient tout faux. Et l’on a entendu plusieurs de ces porte-parole autoproclamés des chefs de cliniques. Avec des changements de costume à vue : face, vous aviez une prestigieux chef des urgences d’un grand hôpital parisien, et pile, le même devenait un poids lourd du parti Les Républicains, complètement objectif sur le sujet, sans doute.

La COVID à pépère ? Gouverner par la peur ?

A côté des criailleries politico-scientifiques, nous avons eu droit aussi aux hypothèses les plus délirantes du grand complot. Passons sur ceux qui ont raconté que ce virus e était une invention maléfique des Chinois, de l’Institut Pasteur, du lobby du nouvel ordre mondial à la botte de Bill Gates et de Big Pharma. Moins ésotérique, mais aussi insidieuse était l’affirmation que cette maladie, somme toute bénigne (en tout cas tant qu’on ne l’a pas eue, n’est-ce pas M. Onfray?) était le moyen pour instiller la peur chez les pauvres gens afin de les manipuler et de les soumettre à une dictature douce. « Allons, ne soyez pas des moutons dociles, le pouvoir profite de la pandémie pour vous priver de vos libertés .»

D’ailleurs, la preuve : la maladie touche principalement les vieux, c’est le COVID à pépère, et les vieux sont et seront les électeurs les plus dociles… si on leur fait bien peur ! Etant moi-même assez avancé en âge, je dois dire que je n’ai pas trop peur pour moi ! Après tout, on verra bien. J’ai cependant pris quelques précautions au cas où : j’ai rédigé mes directives anticipées  pour éviter de finir ma vie à l’état de légume, comme Vincent Lambert.

Pour moi, c’est assez clair, mais autour de moi, il y a des gens que j’aime, plus âgés ou moins. Et j’aimerais bien les garder.

La misère des hôpitaux, les carences des EHPAD 

La crise sanitaire est un formidable révélateur de notre système de santé. Qui manque sérieusement de moyens tant en équipements qu’en personnel. Les gouvernants d’aujourd’hui ont leur part de responsabilité : le 3 avril de cette année, le directeur de l’ARS du Grand-Est estimait qu’il n’y avait pas lieu de remettre en cause la suppression sur cinq ans de 174 lits (sur 1 577 en 2018) et de 598 postes au CHRU de Nancy (sur environ 9 000) !

Pourtant, la misère des hôpitaux ne date pas d’hier, elle tire son origine principalement du mode de financement instauré en 2004, la T2A, la Tarification À l’Activité. Dans un assez large consensus des politiques de l’époque ! La T2A a conduit à la course à la rentabilité, au détriment de la prévention, par exemple.

Tout cela s’inscrivait dans un contexte de réduction des dépenses publiques (la RGPP!). Un exemple parmi d’autres : dès 2007, Eric Woerth, député LR de l’Oise, alors ministre du budget affirmait qu’il y avait trop de lits à l’hôpital et il récidivait en 2014. Voir cet article du Quotidien du Médecin.

Il y avait donc chez nos politiques, avec quelques nuances, un relatif consensus pour réduire la dépense publique. Je dis bien chez nos élus, car nous les avions choisis démocratiquement. Persuadés que nous étions, presque tous, que nous payions trop d’impôts ! Et qu’il fallait pour baisser les impôts, baisser les dépenses. Enfin pour préciser, nous étions presque tous d’accord pour qu’il y ait plus d’impôts… pour les autres.

En salle de réa (vidéo AP-HP)



Les vieux sont les premières victimes de l’épidémie. Et la plus forte concentration de vieux, c’est dans les EHPAD, les maisons de retraite. D’où, les risques de propagation rapide de la maladie. Le bon monsieur Ciotti a découvert tout à coup cette situation dramatique. « On a laissé mourir les vieux », s’indignait-il au mois d’avril. Et au terme de la mission parlementaire d’enquête qu’il a conduite, il étrille la gestion de la crise par le gouvernement et fait des préconisations de bon sens : les EHPAD sont insuffisamment médicalisés (pas assez de médecins, d’infirmiers, de soignants). Il ne dit pas où il trouvera l’argent pour ça, mais après tout, il n’est que député d’opposition. Irresponsables responsables.

Confiner… les autres

Tout le monde a à peu près compris que moins on a de contacts, moins on risque la contamination. Le confinement, plus ou moins strict, a montré son efficacité : il ralentit la dispersion du virus, sans l’arrêter, car le virus est toujours là, et, quoi qu’on fasse, il faudra qu’il n’y ait plus assez de cibles pour sa propagation, c’est-à-dire quand une majeure partie de la population sera immunisée (plus de 60%) , soit pour avoir été touchée par le virus, soit par la vaccination. A ce jour, selon l’Institut Pasteur cité par BFMTV, à peine plus de 10 % des Français ont été touchés (sans forcément avoir été malades), avec des variations régionales : 3,6 % en Bretagne et 21,3 % en Ile-de-France.

Il faudrait donc maintenir le confinement, mais j’ai l’impression que le confinement, comme les impôts, c’est bien… pour les autres. Chacun a de bonnes raisons pour justifier que son activité n’est pas plus dangereuse que telle autre, que le service qu’il rend est au moins aussi essentiel que tous ceux qui sont ouverts. Et chaque intérêt particulier va trouver un interprète officiel qui va nous montrer qu’il s’agit de l’intérêt général, et que les arbitrages rendus ne sont pas les bons.

Moi aussi d’ailleurs, je trouve que ce serait bien d’aller au cinéma, de retrouver les copains au bistrot, de faire un bon dîner dans un restaurant sympathique… J’attendrai !

Joue-la comme Zidane, euh comme Merkel

Nos nombreux experts en santé publique sont prompts à nous trouver des exemples de bonnes solutions. Assez peu cependant se sont risqués à nous proposer de suivre la conduite de Trump ou de Bolsonaro, mais on a entendu la petite musique nous invitant à attendre l’immunité de groupe (la herd immunity, l’immunité du troupeau, selon la délicate expression de Boris Johnson). Plus généralement, on a cité le bon exemple de la Suède, et voilà que ça marche moins bien. L’Allemagne aussi s’en sortait mieux, mais aux dernières nouvelles, la situation s’est dégradée dramatiquement.

Alors soyons prudents, pour nous et pour les autres, sans céder à la panique, ni croire aux balivernes des gourous et faux prophètes (malgré leur barbe fleurie) et méfions-nous des yaka-faukon : la situation est bien trop complexe pour les réponses simplistes.

Voirie et Bâtiments, des travaux toujours recommencés

Rues de la ville, routes de nos campagnes, fossés à curer, trottoirs à niveler, pelouses à semer, bâtiments à repeindre, toitures à étancher… la vie de l’adjoint aux travaux et bâtiments n’est pas de tout repos. Jean-Pierre Le Métayer prend son rôle à cœur, sans perdre son flegme et sans s’énerver. Il nous parle de ses principaux dossiers.

On ne parlera pas beaucoup de la rénovation de l’école élémentaire de Beausoleil, et pourtant c’est un très gros dossier.

Oui, ce sera un très gros investissement de ce mandat. Et ça mérite un article particulier. Et le dossier est suivi au plus près par notre collègue Patrick Pons. Mais bâtiments, voirie, espaces verts, etc, c’est déjà tout un programme.

Commençons par les bâtiments alors : le patrimoine de la commune, c’est énorme, n’est-ce pas ?

Oui, la liste est longue, et j’ai beau connaître la commune, puisque j’y vis depuis 25 ans, je serais bien en peine de faire la liste, sans en oublier ! On a parlé de l’école, il y a aussi tout ce qui va avec! Les restaurants scolaires, la garderie, la maison de l’enfance, les aires de jeux.

On pourrait parler des chapelles et surtout de l’église, dont la structure comporte des faiblesses. Quant aux chapelles, elles ont toutes besoin d’entretien courant, mais aussi de travaux de restauration.

Il y a aussi la médiathèque, la salle Alan Meur, tous les équipements sportifs, les logements de la résidence Louis Thomas, de l’ancienne mairie, la maison du cimetière, et bien sûr la résidence du Parc (foyer logement, résidence autonomie).

Avec dans certains cas, des questions difficiles : que fait-on des bâtiments du Marchix (ancienne école publique) que nous avons dû fermer pour des raisons de sécurité ? Quel avenir pour les préfabriqués qui ont abrité le CCAS à côté de la mairie ? Même question pour la perception, boulevard St-Pierre : la DDFIP (le trésor public) ne l’occupera plus à la fin 2021.

Bâtiment communal, la Perception ne sera bientôt plus utilisée par les services fiscaux

La voirie c’est un gros sujet aussi, et beaucoup d’argent à mettre chaque année pour l’entretien.
Oui, on a 240 Km de routes de campagne, et donc 480 km de fossés à curer. C’est énorme, mais il ne faut pas se décourager : mettre assez d’argent chaque année pour maintenir notre patrimoine de voirie en bon état, et si possible l’améliorer. Ce qui implique une surveillance régulière, avec des interventions rapides dès qu’on repère un défaut et une programmation annuelle pour les plus gros travaux.

Des kilomètres de fossés à curer
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Justement, comment se fait la programmation des travaux plus importants ?

Pour les travaux de moyenne importance, on a ce qui s’appelle un marché à bons de commande ; on organise une consultation d’entreprises pour avoir une offre de prix sur une liste prédéfinie : le mètre de bordure, la tonne d’enrobé, etc. L’entreprise retenue est appelée pour réaliser les travaux sur les préconisations de notre bureau d’études. Pour les travaux plus conséquents, la mise en concurrence porte sur un chantier global : par exemple, les travaux d’isolation de la caserne des pongistes, réfection du toit de la salle de judo. Les réponses sont analysées par la commission des marchés et le conseil est informé des résultats.

Bureau d’études, entreprises, alors à quoi servent les comités consultatifs ? Comment ça marche ? Des visites sur le terrain ?

Les membres des comités consultatifs devront se faire l’écho de ce qui se passe sur le terrain, donc faire remonter les besoins. Et participer à définir les priorités, à choisir entre différentes options. Avec le groupe, nous irons sur le terrain pour évaluer les besoins et les classer en fonction de l’urgence. Nous voulons faire participer les riverains pour la mise en sécurité sur certains axes de circulation (Chez-Boissel, route de Serguin, Bocaran, Kerpage). Dans tous les travaux de voirie, on aura une réflexion pour la sécurité des piétons et cyclistes et, si possible, pour créer des liaisons douces entre les villages et le centre.

D’autre part, les habitants peuvent aussi directement signaler les problèmes, soit par téléphone, par mail à l’accueil ; ou encore en utilisant le formulaire du site internet de la commune. Voir ci-dessous.

Ton domaine, c’est aussi les espaces verts, où en est-on du zéro phyto ? De la « gestion différenciée » ?

Les espaces verts, ça se compte en hectares ! Même si les terrains de sports sont traités par les équipes de Questembert Communauté, il reste de grandes aires naturelles comme dans l’ancien camping, des pelouses plus petites et bien sûr les parterres fleuris dans la ville. La commune a sauté le pas du zéro phyto en 2013 et obtenu le prix régional. Il y a eu quelques flottements, mais désormais, c’est acquis. Mais nous devons tous nous habituer à voir des « herbes folles » sur les trottoirs. Et peu à peu faire passer le message de la gestion différenciée : on ne traite pas les grands espaces des aires naturelles comme le gazon des greens du golf.

Dans le bulletin municipal de février 2014

Il y a une carence qui a été fortement soulignée dans la campagne : les circulations douces, les pistes cyclables, les voies piétonnes, les espaces partagés.

C’est clair, c’est un manque flagrant et un sujet auquel il va falloir s’atteler : beaucoup de nos routes communales sont trop étroites pour définir des voies séparées pour piétons, vélos, voitures. Les cheminements doux tracés dans le PLUi sont plutôt des itinéraires de promenade ou de randonnée : j’ai été dans les responsables de la section randonnée de la BO et j’en sais quelque chose. Mais nous devons penser maintenant des trajets utilitaires. Un gros sujet.

Nos routes de campagne sont souvent trop étroites

Et le personnel dédié ?

Il y a 3 équipes, avec beaucoup de polyvalence : la voirie (4 agents), les bâtiments (5 agents) et les espaces verts (6 agents) sous la responsabilité du chef d’atelier au centre technique de Kervault. Je n’oublie pas les 3 agents qui nettoient la ville au quotidien ni les 2 meneurs de chevaux. Nous avons aussi 2 apprentis (un gars, une fille) aux espaces verts et une pour le cheval. Sous l’autorité du directeur des services techniques, assisté d’un technicien Voirie au bureau d’études. Au total, 26 personnes. Et il faut à la fois de l’autorité et du doigté pour piloter les équipes.

En tant qu’adjoint Bâtiments et Travaux, tu es en première ligne quand il y a de grosses intempéries.

Heureusement, ça n’arrive pas tous les jours ! Mais c’est vrai la tempête Alex nous a bien secoués au début octobre. La préfecture nous avait prévenus et tout le monde était mobilisé. Les services techniques ont été à la hauteur, mais aussi les pompiers, les services du Département, les agents d’ENEDIS et les agriculteurs ont eux aussi pris leur part. Il y aura d’autres événements de ce genre, comme il y a plus de vingt ans la chute d’une partie du clocher, l’énorme tempête de neige de 2004 qui avait privé Questembert d’électricité pendant près de 3 jours. En fait, ce que je crains le plus, c’est une grosse période de gel sévère : au dégel, les routes seraient complètement déstabilisées, le sous-sol serait transformé en boue… Et comment imposer des barrières de dégel limitant la circulation ? Il faudrait continuer à transporter les écoliers, à collecter le lait dans les fermes, à approvisionner les élevages en aliment… Il faut remonter, je crois, à 1986 pour une période comparable. Ça peut arriver, ce serait terrible.

Un pognon de dingue, vraiment?

Tout le monde se rappelle la citation, souvent sous sa forme incomplète, presque toujours hors contexte. Le président Macron s’est mis en scène préparant un discours sur la protection sociale. Ceux qui le souhaitent pourront se faire une idée par eux-mêmes avec la vidéo ci-dessous. On pourra aussi sans difficulté mettre en perspective le pognon de dingue dépensé pour les minima sociaux et les « miettes » accordées aux pauvres assujettis à l’impôt sur la fortune. Mais, ici, je veux réagir et partager une réflexion provoquée par ce que je vois sur les réseaux sociaux sur les « avantages exorbitants » dont bénéficient les plus pauvres de nos concitoyens. En m’appuyant sur un petit livre publié par ATD Quart-Monde: En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté.

Un titre optimiste : En finir avec les idées fausses sur les pauvres

Oui c’est un titre bien optimiste, parce que la première édition de cet ouvrage remonte à 2015! Et c’était l’aboutissement d’une campagne contre les idées reçues sur les pauvres lancée en 2012 au moment de la présidentielle. Le titre de 2015 annonçait déjà l’objectif de tordre le cou aux préjugés sur les pauvres et la pauvreté. En finir… Et chaque année, une nouvelle édition nous invite à En finir! Une édition enrichie… mais les pauvres et les préjugés sur le sujet sont toujours là : vous pouvez donc vous procurer l’édition 2020 pour la modique somme de 6 €. Pour 6 €, vous avez en 270 pages des arguments simples et vérifiés pour démonter 131 idées reçues, 131 idées fausses sur les pauvres et la pauvreté. Alors pourquoi vous en priver? Ça vous sera utile à vous puisqu’ainsi vous ne « partagerez » pas sur Facebook les idées fausses par exemple sur les bénéficiaires du RSA. Et vous ferez une oeuvre sociale utile. En prime, vous avez là une idée de cadeau de Noël.

Un petit livre pour 6 €

Affronter le réel… pour le changer

Idées fausses, préjugés nous maintiennent dans une sorte de confort : le monde va comme il va, les pauvres sont pauvres, on n’y peut rien changer, et les pauvres eux-mêmes semblent avoir renoncé! La pauvreté est une fatalité, et d’ailleurs, elle est héréditaire. Dès les premières pages, le petit livre s’attache à montrer les différents aspects de la pauvreté. D’abord la pauvreté monétaire pour laquelle on dispose – si on veut bien s’informer – d’indicateurs fiables : on est pauvre si on dispose d’un revenu inférieur à 60% du revenu médian. Le revenu médian partage la population en 2 moitiés : la première moitié touche moins et l’autre touche plus. En 2016, on était au seuil de pauvreté si on avait un revenu inférieur 1026 € mensuel pour une personne seule et 2155 € pour un couple avec 2 enfants. Et cela représentait 14% de la population. Et si l’on regarde la grande pauvreté (50% du revenu médian), on en était à 8% de la population, soit près de 5 millions de personnes!

La crise liée à la pandémie de COVID-19 a eu des conséquences plus graves pour les plus précaires, et, probablement, il y aura un million de pauvres supplémentaires à la fin de cette année. Les organisations caritatives ont tiré le signal d’alarme : plus de demandes d’aide aux Restos du coeur, par exemple. Voir cet article de France 24 Covid-19 : conséquence de la crise sanitaire, la pauvreté gagne du terrain en France.

Au-delà de la pauvreté monétaire, les statisticiens de l’INSEE observent aussi la pauvreté en conditions de vie et comptabilisent les personnes qui cumulent les difficultés dans 4 domaines : consommation, manque de ressources, retards de paiements, accès au logement. L’Observatoire des inégalités – un site essentiel pour ces questions – donne une bonne synthèse du sujet dans cet article Comment mesure-t-on la pauvreté en France ?

Mais ATD Quart Monde ne s’est pas contenté de ces informations statistiques nécessaires, mais non suffisantes pour comprendre le fond de ce qui fait l’exclusion sociale qui frappe les plus pauvres. Avec l’appui de l’Université d’Oxford, ATD Quart Monde a mené une étude internationale pour explorer les multiples dimensions de la pauvreté. La vidéo ci-dessous en trace les grandes lignes.

RSA, SMIC, travail, l’assistanat, etc

Parmi les idées fausses qui ont la vie dure, regardons d’un peu plus près celles qui sont liées au RSA : on « gagne » plus à ne rien faire qu’à travailler. C’est d’ailleurs l’annonce d’une aide spéciale de 150 €, liée aux conséquences de la crise sanitaire, qui a relancé la machine à bêtises sur les réseaux sociaux… ce qui m’a amené à réagir. Plus de détails sur cette aide dans cet article de Dossier familial Prime Covid de la CAF : qui y a droit ?

Mais la hargne contre cette nouvelle « prime à la paresse » (!?) n’est que le prolongement des idées qui traînent et perdurent sur l’avantage qu’il y aurait à préférer l’assistanat à l’activité. Eh bien, non, c’est faux, il vaut mieux travailler au SMIC que de s’attendre au RSA. Le tableau ci-dessous en fait la démonstration imparable.

Tordre le cou à 131 idées fausses

Ce n’est là qu’un échantillon de l’édition 2020 qui recense 131 idées fausses, regroupées en 2 grandes parties :

  • « Les pauvres sont coupables, » idées fausses sur les pauvres
  • « C’est bien beau, mais on peut pas faire autrement, » idées fausses sur les solutions.
    Tout est bien documenté, vérifiable et facile à lire : chaque rubrique compte en moyenne 2 pages dans ce petit livre. Pour 6€.

Une solution parmi d’autres : Territoires zéro chômeur de longue durée

Parmi les idées fausses démontées par l’ouvrage, il y a celle-ci : « On n’a pas besoin d’un travail rémunéré pour exister ». Eh bien si! L’expérience des Territoires zéro chômeur de longue durée montre bien que des personnes privées d’emploi depuis plusieurs années et qui avaient totalement décroché ont retrouvé confiance en elles-mêmes : la dignité de se sentir utile, de subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille. Près de chez nous, Pipriac et Saint-Ganton en Ille-et-Vilaine, ont lancé l’expérience en janvier 2017 et les résultats sont là! Comme on le voit dans cette vidéo proposée par Bruded, un réseau de partages d’expériences à laquelle notre commune vient de reprendre son adhésion (la municipalité précédente s’en était retirée).

Pour ma part, j’avais tenté de faire avancer cette idée au conseil de Questembert Communauté, comme je le raconte dans cet article de 2017 « Un territoire zéro chômeur de longue durée ». Sans succès, mais le parlement vient de décider tout récemment – le 30 novembre – de relancer et d’élargir l’expérience à 60 territoires au lieu de 10 auparavant. Il est temps de s’y préparer, car l’habilitation des candidatures se fera au 2ème semestre 2021. Mais on sait déjà que la municipalité de Boris Lemaire a déjà lancé la réflexion : Et si Questembert devenait un « Territoire Zéro Chômeur de longue durée?

Une commission agricole, pour quoi faire ?

Alain Louis

Le sujet a été débattu pendant un bon quart d’heure au conseil du 19 octobre (voir dans la vidéo des Infos du Pays Gallo entre 1:57 et 2:14) : le conseil a décidé de créer une commission agricole dont Alain Louis, adjoint en charge de la ruralité, sera l’animateur et le pilote. Il nous en présente les objectifs et trace les premières pistes de réflexion pour cette instance de démocratie collaborative.

D’où vient cette idée de commission agricole ?

Au cours de la campagne au printemps dernier, nous avons souvent discuté entre nous mais aussi avec les habitants rencontrés des relations entre les agriculteurs et les autres citoyens. D’un côté une partie des agriculteurs exprimaient la crainte que notre groupe perçu comme « écolo » se comporte avec agressivité. D’un autre côté, les « urbains » ont parfois des a priori négatifs sur notre agriculture. Agriculteur moi-même, je connais bien les problématiques de mon métier, mais je suis aussi conscient des attentes sociétales qui s’expriment aujourd’hui. Si j’ai accepté de m’engager dans l’action municipale, c’est avec la volonté de faire le trait d’union entre des univers qui se côtoient sans toujours se comprendre.

Et pour se comprendre, il faut se connaître : d’où notre choix de mettre en place cette commission agricole qui permettra de dissiper les ignorances, les préjugés et posera les bases de relations nouvelles, plus saines.

Des vaches nantaises

Qui sera invité à participer à cette commission ?

D’une part, il y aura des élus. Selon le modèle des autres comités, nous serons 6, quatre de la majorité, et un pour chacun des deux groupes minoritaires. Ensuite, nos premiers interlocuteurs seront les agriculteurs et nous aurons aussi des représentants des autres ruraux non agriculteurs.

Mais nous voulons d’abord aller au contact ! Nous proposerons des réunions par quartier dans les chapelles : elles sont bien réparties sur le territoire et ce sont des lieux « neutres » pour éviter de privilégier un type de production par rapport à un autre.

Et vous attendez quoi de cette commission agricole ?

D’abord une interconnaissance : les gens se côtoient sans se connaître. Ce n’est par hasard si dans notre premier magazine municipal après notre installation, nous avons consacré 6 pages à l’agriculture. L’agriculture, ce sont des hommes et des femmes : en 2017, l’INSEE, dans son dossier complet de Questembert, recensait 63 ménages d’exploitants agricoles, et au total 125 personnes relevant de ce statut. Ce sont aussi des entreprises personnelles ou en association avec des emplois directs et bien sûr des emplois indirects. Le poids économique direct de l’agriculture c’est, à l’échelle de Questembert Communauté, près de 100 M€.

Mais l’activité agricole utilise occupe plus de la moitié de la surface du territoire communautaire (56%), et un peu moins de 50 % pour la commune de Questembert.

Le blé qui lève (phot S.Durdux)

A côté de ceux qui vivent de leur métier lié à l’agriculture, il y a tous les habitants qui ont d’autres professions. Certains ont des liens familiaux ou historiques avec l’agriculture, d’autres sont des urbains qui habitent à la campagne, par choix, par opportunité, ou pour toute autre raison. Ces néoruraux ou rurbains ont d’autres attentes : par exemple être tranquilles le soir ou le week-end, sentir l’air de la campagne plutôt que les odeurs des épandages de fumier. Du coup, je me permets déjà de rappeler que le fumier, le lisier sont des engrais naturels : conformément aux principes de l’économie circulaire, le déchet d’une activité (par exemple la production de lait) est une ressource pour une autre activité.

Et puis nous devons aussi réfléchir collectivement aux espaces de déprise agricole : les landes ont été abandonnées, les fonds de vallée ne sont plus fauchés ; souvent ces terres sont en voie de fermeture, et donc souvent en perte de biodiversité.

Fond de vallée, zone humide en voie de fermeture

Je n’oublie pas non plus d’autres usagers de l’espace rural : chasseurs, pêcheurs, randonneurs ou simples promeneurs. Notre groupe de réflexion devra entendre aussi leur point de vue.

Pourquoi cette commission est-elle restreinte au territoire communal ?

Pas tout à fait, le volet économique ne peut être travaillé qu’au niveau intercommunal, la communauté a d’ailleurs créé un comité de liaison élus/agriculture pour le PLUi. Mais les questions que j’ai évoquées plus haut comme les relations entre agriculteurs et ruraux, espaces de déprise, autres usages gagneraient sans doute à être travaillées au niveau intercommunal. Mais chaque chose en son temps.

D’ailleurs, il y a une instance d’échanges entre les agriculteurs et les élus de Questembert Communauté, le « groupe agricole du territoire » ; une rencontre doit être prochainement organisée avec les nouveaux élus. D’autre part, SEM ‘AGRI, un groupe d’échanges professionnels entre agriculteurs, prépare une plaquette à destination des habitants de la Communauté.

Mais si on reste dans le cadre de la commune, comment vois-tu le résultat final ?

Ce pourrait être une charte de l’usage du territoire. Mais déjà, ma première réussite serait que chacun se parle ! Que tous comprennent que, pour bien vivre ensemble, nous devons être capables de nous mettre à la place de l’autre, pour voir notre paysage communal sous tous ses angles.

DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES

Transport scolaire : à 2km de l’arrêt de car…

Quelque chose comme une étude de cas

L’information a été publiée dans le Ploërmelais, hebdomadaire d’information locale : « Damien est censé marcher près de deux kilomètres pour prendre le car ». La maman prenait le monde à témoin de l’injustice qui était faite à son enfant. Et, relayée sur les réseaux sociaux, l’injustice a provoqué l’indignation. Sans beaucoup de commentaires car il n’y avait sans doute pas de mots assez forts pour crier cette indignation, seulement avec des émoticônes rageurs. 😡😡😡

Nous apprenons aujourd’hui que sa maman a eu gain de cause. Nous voilà soulagés.

De bonnes raisons de revendiquer

On en conviendra, la maman avait de bonnes raisons de protester et de réclamer : elle défendait le confort et la sécurité de son enfant et pouvait somme toute à juste titre souligner la rupture d’égalité, pour ne pas l’injustice dont elle était victime. Elle a défendu son point de vue et elle a obtenu gain de cause.

Que cela ne nous empêche pas d’élargir la réflexion

Et, comme souvent, de demander à ceux qui s’indignent un peu vite de le faire à bon escient. Partager sur Facebook, oui, mais il faut s’informer et réfléchir avant. Donc on est bien d’accord, les parents doivent assurer la sécurité et le confort des enfants. Et se déplacer à pied dans le noir des matins ou des soirs d’hiver peut être dangereux. Mais faut-il pour cela évoquer  une route sans lumière ni trottoir ? Cela revient à dire qu’il faudrait jusque dans nos campagnes installer de l’éclairage public, dont on connaît le coût… et l’impact nocif sur la biodiversité ? Qu’il faudrait des trottoirs aux routes de nos villages... des trottoirs dont la largeur minimale réglementaire est de 1,40 m, et tant qu’à faire, mettons un trottoir de chaque côté de la voie.

Nous sommes tous devenus trop sédentaires

Les enfants, comme leurs parents, comme nous tous aujourd’hui, n’ont plus assez d’activités physiques. Nous devrions tous faire 10 000 pas par jour, paraît-il. Le trajet vers l’école à pied ou à vélo pourrait y contribuer. Mais tous les maires vous diront que la circulation et le stationnement des voitures autour des écoles est un énorme casse-tête, tous les matins, tous les midis et tous les soirs ! Et ceux qui ont mis en place des pedibus et autres carapattes, savent qu’il faut régulièrement relancer le processus.

En tout cas, se déplacer à pied sur un peu plus de 3 km par jour n’a rien de surhumain ; mais c’est vrai qu’il faut prendre quelques précautions, et le minimum est la chasuble réfléchissante, le gilet jaune, quoi.

Pédigus, image Maif
Pédibus, sécurité avant tout

Des questions d’habitat, d’urbanisme

Pour de multiples raisons, on peut choisir d’habiter la campagne : c’est agréable, souvent, c’est aussi moins cher et quelquefois c’est une maison de famille. Avec ces héritages familiaux, nous héritons aussi collectivement de l’urbanisme breton, si le mot urbanisme convient pour la manière d’habiter en Bretagne : de multiples hameaux dispersés dans la campagne, avec deux ou trois fermes, quelquefois une seule. Tout cela relié par un réseau de chemins à charrette remplacés dans les années 60/70 par des routes goudronnées certes, mais à peine plus larges que les chemins d’autrefois.

Nous continuons à habiter ces villages où les maisons ont été rénovées, où l’on a transformé l’étable en coquette longère. Et c’est sans doute mieux que de voir ces bâtiments anciens s’effondrer en ruines. Mais pour y vivre confortablement, il faut se déplacer pour les services qui ne sont même plus au bourg, mais à la petite ville chef-lieu.

Et l’on réclame la desserte du car scolaire, la 4G (la 5G bientôt), la fibre optique D’ailleurs, Faut-il raccorder le moulin d’Alphonse Daudet?

Tout cela représente un coût pour la collectivité qui doit amener ces services. Sans parler des dépenses qu’on s’impose parce qu’on a fait ce choix d’habitat : les deux voitures pour aller travailler, le temps passé à conduire les enfants aux activités du mercredi et du samedi. Sans parler non plus des effets cumulés qu’on a évoqués dans le PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial) en cours de discussion à Questembert communauté, comme dans plusieurs autres territoires.

11 novembre, moment de mémoire

Nous ne serons pas ensemble ce matin au pied du monument aux morts de notre commune pour marquer le souvenir de la Grande Guerre. En notre nom à tous, le maire déposera une gerbe en l’honneur de tous les combattants tombés au champ d’honneur. Mais chacun de nous peut, doit même, prendre un moment pour se remémorer le sacrifice de nos soldats.

Dans son recueil Le Roman inachevé, le poète Louis Aragon évoque l’effacement du souvenir des poilus (La Guerre et ce qui s’en suivit)

Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri

Léo Ferré a mis en musique plusieurs strophes de ce poème

Ce 11 novembre 2020, Maurice Genevoix, l’auteur de Ceux de 14, entre au Panthéon. Témoin de la Grande Guerre, il a combattu jusqu’à ce jour de 1915 où il est touché de trois balles; grièvement blessé, il est réformé, et à la demande d’un de ses amis de l’Ecole Normale Supérieure, il commence à retranscrire ses souvenirs qui seront rassemblés dans le livre.

Couverture de Ceux de 14

Avec lui, célébrons ce 11 novembre, date consacrée comme fête nationale depuis 1922, une sorte de culte républicain, une cérémonie civique destinée, non pas à valoriser la guerre, mais à manifester l’hommage de la Patrie aux citoyens, comme nous le faisons aujourd’hui.

Je dis bien la patrie, car la notion de patrie peut nous rassembler dans la fraternité, alors que l’idée de nationalisme porte le germe du refus de l’autre, du refus de l’étranger, le venin de la haine. Et je voudrais citer quelques mots du grand ethnologue Claude Lévi-Strauss prononcés sous la coupole de l’Académie Française, le 13 mai 2005 : « J’ai connu, disait-il, une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent. Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains, qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble. L’humanité, poursuivait-il, est devenue sa propre victime. »

Écoutons bien la leçon de Lévi-Strauss, ne nous laissons pas abuser par les chants funèbres des nationalistes comme Maurras, Déroulède ou Barrès qu’on a surnommé le rossignol des carnages; ou bien, fredonnons Gottingen la chanson plus légère, mais plus humaine, de Barbara:

Et tant pis pour ceux qui s'étonnent
Et que les autres me pardonnent
Mais les enfants ce sont les mêmes,
A Paris ou à Göttingen
O faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j'aime,
A Göttingen, à Göttingen

Par Le Grand Condé — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29115923

La taxe foncière, un marronnier au mois d’octobre

Dans la presse, on appelle marronnier un article qui tombe à peu près toujours à la même période, le modèle de base étant le marronnier en fleurs. Chaque année, quand tombent les marrons, tombent aussi nos taxes foncières, et la presse nous ressert le même marronnier : la taxe foncière a bondi de 30 % en dix ans. La presse reprend ainsi la communication de l’UNPI (Union Nationale de la Propriété Immobilière)… sans y porter un regard critique.

Le marronnier en fleurs (Par Alina Zienowicz Ala z — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2171768)

« La taxe foncière a flambé en 10 ans »

C’est le titre de l’article d’Ouest France le jeudi 22 octobre dernier. Le Point, de son côté, parle de la hausse COLOSSALE de la taxe foncière en 10 ans en se référant à une information « dévoilée au Parisien ». Ah! la force persuasive du secret dévoilé! Presque tous les organes de presse reprennent les  éléments de langage fournis par l’UNPI dans 4 documents très bien faits.

  1. Les résultats de l’Observatoire des Taxes Foncières pour la période 2009-2020
  2. Le dossier de presse Observatoire des Taxes foncières 14ème édition
  3. Taxes foncières : augmentation de 34,7 % en dix ans (communiqué de presse)
  4. Diaporama présenté à la presse.

Désinformation ? Fake-news ? Non, tout est vrai : l’UNPI souligne même que l’augmentation des taxes est en partie liée à la revalorisation des bases locatives par le parlement : chaque année, le Parlement vote un taux de revalorisation des bases locatives qui est à peu près celui de l’inflation. Car si l’on calculait l’augmentation en déduisant l’inflation, on en serait à un peu plus de l’accroissement constaté, et ce serait moins colossal ! Si on se rapporte au calculateur d’inflation, entre 2009 et 2019, l’augmentation des prix est proche de 12 %.

Et pendant ce temps-là, les loyers ?

D’une région à l’autre, et même plus précisément d’une ville à l’autre, l’évolution peut varier, mais pour avoir une idée globale, on peut se référer à l’IRL (indice de révision des loyers) : de 2009 à 2019, l’IRL est passé de 117,41 à 130,26. Pas de grande surprise, cela ressemble à l’inflation.

La flambée de l’immobilier

La valeur locative, base de l’imposition foncière, est désormais largement fictive : malgré la revalorisation annuelle votée au parlement, le point de départ de ces valeurs locatives remonte à la fin des années 70, les constructions nouvelles sont évaluées par rapport à des locaux de référence. Une réforme globale des bases serait appliquée en 2023, elle tiendra compte des loyers réels pratiqués. On aura ainsi un lien avec la valeur de la propriété.

Mais qu’est-ce qui fait la valeur d’une maison ou d’un appartement ? D’abord, la surface, le confort. Mais aussi sa situation : une maison en presqu’île de Rhuys est plus attrayante qu’une maison à … Questembert, par exemple. Et puis également, les aménités offertes par la ville : les commerces, les services publics ou les services marchands. Et les politiques municipales peuvent avoir un effet massif sur l’attractivité d’une ville. Pour prendre l’exemple de Nantes – où les taxes foncières ont augmenté fortement – est-il besoin de rappeler tout ce qui a été fait pour améliorer la vie des habitants ? Le tramway, mais aussi la Folle Journée ou le Voyage à Nantes. En ce moment, on voit, à Rennes, l’effet de la construction de la nouvelle ligne de métro : les prix des appartements situés sur le parcours augmentent considérablement. N’est-il pas cohérent que les propriétaires paient un peu plus de taxes foncière, eux dont les biens prennent de la valeur grâce aux investissements financés par les impôts? Ci-dessous, une infographie du Figaro : au moins 20% de plus-value sur 5 ans à Rennes.

Prix de l’immobilier à Rennes Le Figaro

Des éléments de langage qui devraient être nuancés

Notre quotidien régional, qui se revendique de la tradition démocrate chrétienne (Justice et liberté), s’honorerait de ne pas se contenter de reprendre les éléments de langage fournis par un lobby puissant, l’UNPI. Sous un autre éclairage, le citoyen pourrait se faire un jugement plus nuancé.

Justice et liberté

Le PCAET notre affaire à tous

Le PCAET, Plan Climat Air Énergie de Territoire, arrive dans sa phase de « consultation numérique » : tous les habitants de notre communauté sont invités à donner leur avis, à faire leurs propositions jusqu’au 19 novembre. Dans le contexte d’urgence climatique et dégradation de l’environnement que nous connaissons, il est essentiel que les citoyens s’emparent de ces questions. Le PCAET est notre affaire à tous. Boris Lemaire, premier vice-président de Questembert Communauté, en charge du développement durable et de la transition énergétique, nous parle des enjeux de ce PCAET.

Boris Lemaire en avait déjà parlé dans son message diffusé le 27 octobre. Il approfondit ses réponses dans cette interview.

https://www.youtube.com/watch?v=tyqoC1fPv6U&feature=youtu.be
Le message de Boris Lemaire

Les questions d’environnement étaient au cœur du programme que tu as porté pour les élections municipales, ta position au conseil communautaire va te permettre d’agir à l’échelle de tout le territoire.

Oui, clairement, les conseillers communautaires ont pris conscience de l’urgence d’agir. Il peut y avoir des nuances mais il y a un quasi-consensus. Et je pense que la plupart d’entre eux se retrouvent dans les thèmes que nous avons développés.

En quelques mots, peux-tu rappeler ce qu’est le PCAET ?

Le PCAET a été initié par la loi Grenelle 2 et formalisé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Toutes les communautés de plus de 20000 habitants sont tenues d’élaborer leur PCAET qui doit être en conformité avec le SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) (Voir le SRADDET de Bretagne ici)

Ça peut paraître du jargon de technocrate – ça l’est un peu aussi – mais nous devons nous en tant qu’élus de terrain nous approprier ces enjeux et les faire partager avec tous les citoyens.

Mais le PCAET  de Questembert Communauté a déjà été présenté ?

En effet, la communauté a lancé le processus en 2018 dans un projet partagé avec Arc Sud Bretagne, Ploërmel Communauté et OBC. Le cabinet spécialisé E6 a été choisi pour mener l’opération. Avec le groupe de pilotage des élus, le cabinet a produit un diagnostic illustré par la synthèse ci-dessous.

Synthèse du diagnostic
La synthèse du diagnostic

Après une phase de concertation, d’un côté avec les acteurs économiques et sociaux du territoire et de l’autre à travers des séances de théâtre forum ouvertes au public, les élus ont validé un plan d’actions qui porte sur tous les secteurs d’activité.

Mais plus précisément, qu’est-ce qu’il y a dans un PCAET ? C’est un PLAN, alors ?

Oui, et les actions sont organisées autour de 5 axes stratégiques
Axe 1 – Vers des collectivités exemplaires
Axe 2 – Vers un territoire d’économie locale et circulaire
Axe 3 – Vers un territoire à l’urbanisme et aux mobilités durables
Axe 4 – Vers un territoire sobre et efficace en énergie
Axe 5 – Vers un territoire adapté au climat de demain

Axes stratégiques du PCAET
Les 5 axes stratégiques

Mais c’est une liste très abstraite, des exemples plus concrets ?

Oui, ainsi le conseil communautaire du 2 novembre (à huis clos, en raison des contraintes sanitaires) a débattu de la création d’une plate-forme bois-énergie : le bois est une énergie renouvelable, mieux le valoriser est une façon de réduire notre empreinte carbone et notre dépendance énergétique. Nous avons aussi délibéré sur le projet de recyclerie, un moyen de réduire nos déchets (économie circulaire). Les questions de mobilité ont également été abordées : le transport est un des postes importants des dépenses énergétiques.
Donc on est déjà dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin et pour cela nous devons tous nous impliquer. La stratégie globale est visualisée dans l’image ci-dessous : Devenir un territoire à énergie positive en 2050.

Devenir un TEPOS en 2050
TEPOS en 2050

Devenir un TEPOS ? Un sigle de technos déjantés  ?

Non, malgré les apparences, c’est très sérieux : on est un TEPOS, un territoire à énergie positive, quand le territoire produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. En agissant dans deux directions:
– réduire notre consommation par exemple sur le transport et dans l’habitat
– augmenter la production : électricité solaire, photovoltaïque, éolienne.

Mais seulement en 2050 ? C’est l’objectif fixé !

Je crois qu’on peut faire mieux et atteindre cet objectif plus vite. Mais cela de notre mobilisation à tous. Alors je vous invite à participer à la consultation numérique sur la plate-forme participative Dites nous tout

Vous y retrouverez la présentation du projet et une invitation à participer à la réflexion collective avec

  • un questionnaire Que peut-on changer dans notre quotidien pour préserver l’environnement?
  • Et une boîte à idées. La plate-forme est ouverte jusqu’au 19 novembre et il y a déjà plein de bonnes idées en ligne : vous pouvez soutenir des idées proposées, les commenter, et apporter les vôtres.

Agir pour le climat, avec le PCAET, c’est notre affaire à tous.

Pour aller plus loin
Le magazine municipal de Questembert, distribué dans les boîtes aux lettres, consacre une page au PCAET (page 16) et à la consultation en cours jusqu’au 19 novembre.
La lettre info de Questembert Communauté, distribuée dans vos boîtes aux lettres consacre 2 pages au PCAET. Vous trouvez cette lettre info aussi sur le site de la CC. (pages 8 et 9)
et aussi
Le document de lancement du PCAET
La stratégie retenue (synthèse)
Le diagnostic initial (synthèse)
Le plan d’actions (synthèse)
Une présentation plus générale des PCAET
Une autre présentation plus abordable

Changement climatique? Ce qu’on en pense au pays de Trump:

NO global warming
– Bon, cette tempête de glace prouve bien qu’il n’y a pas de réchauffement global
– En fait, maman, le réchauffement brise les modèles climatiques, produisant ainsi des phénomènes météo extrêmes
– Tais-toi, la fille, si je veux apprendre la science, j’ouvrirai la Bible
(Los Angeles Times 2014)

Retisser des liens, redonner envie de partager, le projet culturel porté par S. Texier

Portrait Sylvaine Texier

Sylvaine Texier a été élue adjointe, sa délégation porte sur la culture, l’animation, le tourisme. Elle nous parle de la mission qui lui est confiée, des projets qu’elle veut faire avancer, du sens global qu’elle donne à son action.

Sylvaine Texier, comment es-tu arrivée à Questembert ? Pourquoi as-tu accepté de t’engager sans doute, qu’as-tu ressenti en passant l’écharpe tricolore ?

Comment je suis arrivée à Questembert ? En 1998, ma famille décide de s’installer en Bretagne pour concrétiser le projet professionnel de mon mari architecte. Notre foyer s’installe d’abord à La Vraie-Croix, commune à mi-chemin entre Elven et Questembert, un secteur où mon mari pouvait trouver une clientèle. Il a installé son agence d’architecture à Elven et notre vie sociale s’est tournée vers Questembert pour son dynamisme politique et culturel.

Pour ma part, je me suis très vite inscrite dans la vie culturelle de Questembert ; j’ai fréquenté assidûment le cinéma Iris et je me suis investie dans l’association, dont j’ai été vice-présidente entre 2004 et 2007. C’est ainsi que j’ai rencontré les acteurs de la vie culturelle et que je me suis intéressée à la vie politique locale.

Puis, le compagnonnage politique de 2004 à 2010 auprès des 17 conseillers départementaux du groupe de l’opposition de l’époque, en particulier au côté de Hervé Pellois alors Président de ce groupe, me confortera dans mon intérêt pour la chose publique, mon inscription dans le paysage politique local, jusqu’à mon installation définitive à Questembert en 2008.

Donc mon engagement pour Questembert découle bien sûr de mon attachement à la commune puisque j’ai fait le choix d’y habiter mais aussi parce qu’elle représente pour moi le « ni trop petit » et le « ni trop grand ». En effet, être en proximité avec les habitants et les forces vives présentes compte énormément pour moi. Comprendre les rouages et les dynamiques d’un territoire reste pour moi incontournable pour mener à bien une politique publique culturelle. Il faut savoir, pouvoir, vouloir rencontrer les gens, prendre le temps de les écouter, rester humble. Ici une habitante qui me demande de programmer du conte, là un autre qui me reproche de faire des choix trop élitistes ! Oui, peut être, ou non, pas vraiment…quoi qu’il en soit, l’important est de se confronter non seulement aux critiques mais également et surtout à celles et ceux qui font des propositions pour que notre commune soit la plus attractive possible. Questembert est composée de toutes ces différences et c’est cela qui me plaît.

Et là, tu vas plus loin, tu t’engages dans le groupe Questembert 2020, emmené par Boris Lemaire…

Oui, sans le moindre doute ! Préalablement à la démarche de la campagne électorale 2020, j’ai rencontré Boris Lemaire à plusieurs reprises. Son intérêt pour la vie locale, son analyse de la situation politique, économique, sociale et culturelle de notre territoire, ses amitiés politiques proches des miennes, son attachement à l’intérêt public, son investissement en tant qu’élu de l’opposition de l’équipe précédente… ont, sans l’ombre d’un doute participé à ma décision de faire partie de son équipe.

Au conseil du 29 juin, Boris Lemaire avait annoncé des animations, où en est-on aujourd’hui ?

Avant de parler animations, je préfère m’engager sur la nécessité d’affirmer une volonté politique culturelle inscrite dans la durée et dans notre territoire. La politique culturelle fait partie intégrante d’un projet politique et public qui sait reconnaître la culture comme un levier du développement territorial. Les animations qui s’y déroulent, les choix artistiques, festifs…ne sont que les moyens qui en découlent. Seul, le budget qui sera alloué pour mettre en œuvre cette politique confirmera cette ambition. Le territoire de Questembert est riche de sa ruralité, il constitue un territoire culturel à part entière de par son fort potentiel d’expérimentation, de création, d’innovation et de développement. C’est en nous appuyant sur nos relais territoriaux que sont les collectivités, les réseaux d’acteurs associatifs, économiques, sportifs, éducatifs, agricoles, les artistes…que nous co-construirons un projet de développement culturel et rural cohérent.

L’accès à la culture pour tous les habitants et pour toutes les générations du territoire doit rester dans notre cœur de projet.

Co-construire, dis-tu, mais avec quels acteurs, quelles structures ?

En plus des institutions (Etat, région et département), la coopération avec l’ensemble des collectivités qui fondent l’identité du territoire est primordiale pour mener une politique de développement culturel. En effet, l’appétence des élus pour les questions culturelles est déterminante pour prioriser les orientations et le budget à y consacrer.

Nous devons mobiliser de tous les acteurs du territoire de l’action socio culturelle, éducative, touristique, relayée par l’Asphodèle, l’Iris cinéma, le centre culturel Les Digitales à Caden, le réseau des médiathèques, l’école de musique, les diverses associations socio-culturelles, les initiatives privées , l’enseignement (élémentaires, collèges, lycées, agricole, supérieur…), les habitants, les offices du tourisme, les personnes expertes, ressources dans un champ d’action. Ainsi nous pourrons rencontrer, écouter pour prioriser et qualifier les demandes, les propositions qui émergent des volontés existantes et qui représentent le terreau favorable au développement culturel de notre territoire.

Tu décris une vision très générale, mais, pratiquement, quelle sera ta méthode ?

Aujourd’hui, et principalement en milieu rural, les pratiques et la diffusion culturelles se développent aussi dans des lieux détournés : des lieux se créent comme des cafés associatifs qui se transforment en salle de concert, en café-librairies-conférences ; des représentations de toutes types d’expressions artistiques variées (théâtrales, musiques, danse, expositions picturales, sculpturales…) se déroulent dans des exploitations agricoles, chez l’habitant, les commerçants, dans les chapelles que nous pourrions investir un jour/semaine en période estivale, en créant une programmation de spectacles/concerts ambulatoires, de chapelle en chapelle pour les habitants et les touristes…. Ces actions sont autant de démarches à créer, à accompagner car elles permettent la rencontre des habitants, des touristes avec des artistes, des œuvres, avec le patrimoine architectural et celui plus spécifique des produits du terroir, des chapelles, des paysages, et de l’ensemble du bâti vernaculaire, agricole…

Notre récolte, fruit d’un état des lieux et du recueil d’informations tant quantitatives que qualitatives, renforcera notre volonté d’élaborer un projet culturel de territoire : prioriser des améliorations pour répondre aux enjeux et besoins identifiés et, établir notre feuille de route des actions à mettre en oeuvre pour les 6 années à venir et plus… La commission culture élargie aux citoyens qui s’y sont inscrits sera ce lieu de réflexion.

Enfin, organiser un événement culturel populaire comme un festival de musiques celtiques, pourrait nous permettre à court terme, d’apprendre à travailler ensemble, de mesurer nos capacités à mobiliser des acteurs pour réussir un événement festif et attractif en direction des habitants de notre territoire et au delà de ses frontières…

Pérenniser l’Inopiné Festival, dont la première édition a été un succès, proposer aux enseignants de l’école élémentaire et du secondaire des choix artistiques en lien avec les projets d’écoles ou les programmes scolaires…, sont autant de lignes directrices qui composeront la toile de fond de la volonté politique culturelle de notre commune affirmée par le niveau du budget qui y sera consacré.